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L’océan, grand oublié de Copenhague ?

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L'océan, grand oublié de Copenhague ?
 
Meg Caldwell, directrice du Center for Ocean Solutions de l'Université de Stanford, répond à nos questions sur l'acidification des océans, souvent présentée comme un « problème jumeau » du changement climatique.
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ÉCOLOGIE SOCIÉTÉ ÉCONOMIE
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Les océans absorbent 26% des émissions globales de CO2. Un phénomène naturel mais déréglé par les rejets de gaz carbonique dans l’atmosphère dus à l’homme. En se mélangeant à l’eau, le gaz se transforme en acide carbonique et nuit particulièrement à la formation des coquillages et au développement des ptéropodes, des escargots planctoniques à la base de la chaîne alimentaire.

Terra eco : a-t-on aujourd’hui une idée du coût de l’acidification des océans sur les activités humaines ?

Meg Caldwell : « Scott Doney [1] avance le chiffre de 4 milliards de dollars par an, sur le seul secteur de la pêche aux États-Unis. Un océan trop acide devient aussi une menace sérieuse pour les coraux. L’université du Queensland a mené une étude [2] sur l’impact du changement climatique sur le Triangle des corail. Plus de 150 millions de personnes vivent dans cette région [3] et dépendent totalement des ressources de la mer. Si rien n’est fait d’ici à la fin du siècle estime cette étude, 90% de ces ressources auront disparu, entrainant des millions de réfugiés climatiques. Il est certain qu’à court terme les océans vont souffrir, et les populations qui en dépendent avec, il nous faut donc trouver des moyens d’atténuer l’acidification et de s’adapter à moyen et long terme. 

Existe-t-il des moyens artificiels de rendre les océans moins acide ?

« Il y a bien des expériences d’enrichissement des océans en fer ou en urée (une forme d’azote) menées à grande échelle [4] pour essayer de stimuler la croissance du phytoplancton et l’absorption du carbone par ce dernier, mais aucune d’entre elles ne peut être jugée sérieuse. Personne à ce jour n’a prouvé quoi que ce soit dans le domaine de la géo-ingénierie des océans. Et on ne connait pas les effets sur l’écosystème de tels enrichissements artificiels, qui peuvent se montrer toxiques ou participer à la prolifération de micro-algues avec un risque d’étouffement (hypoxie) de certaines zones, par manque d’oxygène. »

La conférence de Copenhague a-t-elle permis des avancées sur la prise en considération du phénomène , dont on dit souvent qu’il est un « problème jumeau » du climat ?

« Lundi était le jour des océans. Nous en avons parlé toute la journée, du matin au soir. Mais je n’ai pas senti une véritable prise de conscience sur ce problème, peut-être que nos interlocuteurs commençaient à fatiguer après 7 jours de conférence... Pour prendre une comparaison, il y a aujourd’hui de la part des décideurs une compréhension beaucoup plus aiguë du problème de la déforestation, dont les conséquences sont immédiatement visibles, et pourtant les négociations sont particulièrement ardue autour de REDD [5]. Alors imaginez pour les océans, où les choses sont plus difficiles à appréhender... D’une part on a l’impression que l’océan, immense, et qui absorbe déjà plus d’un quart des émissions mondiales de CO2, a une capacité d’adaptation infinie, d’autre part il est beaucoup plus complexe d’évaluer la fertilité des océans que la productivité des terres agricoles. Nous avons maintenant besoin d’organiser un grand sommet scientifique sur le sujet. Il faut que les chercheurs américains ou européens reviennent vers les responsables de leur pays pour les convaincre de renforcer les travaux sur un phénomène sur lequel on a encore beaucoup de choses à apprendre, car il n’est étudié que depuis le milieu des année 90. »

Évolution des océans : ce qui était prévu, et ce qui ne l’était pas...

Le Dr Jane Lubchenco, directrice du NOAA (National Oceanic ans Atmosphéric Administration), tenait une conférence hier matin à Copenhague pour faire la synthèse des études scientifiques menées sur les effets du changement climatique sur les océans et rappeler qu’ils sont déjà visibles aux États-Unis. Si les scientifiques américains s’attendaient à une hausse du niveau et la température moyenne des océans (+0,06 °C en 5à ans), il y a en revanche quelques surprises sur plusieurs phénomènes. D’abord près des côtes, qui représentent 1% des surfaces de la terre mais 20% des ressources de la pêche : poussés par les vents, on observe une remontée plus forte et massive du phytoplancton du fond des océans (avec une redescente plus rare).

Certaines zones sont menacées d’étouffement car elles manquent d’oxygène et la faune et la flore en pâtissent. Le phénomène est par exemple en nette accélération depuis 8 ans sur la côte de Washington. Ensuite sur l’acidification, dont l’ampleur est plus importante que prévue constate le NOAA. Selon l’EPOCA, un programme de recherche financé par l’Union européenne, « l’acidité de l’eau de mer a augmentée de 30 % depuis le début de la période industrielle, il y a 250 ans » et pourrait continuer à augmenter « de 120 % d’ici à 2060, soit un niveau supérieur à ceux qu’a connu notre planète au cours des 21 derniers millions d’années. »

A lire aussi sur terreco.net :
- Sauver l’Amazone des mers
- La mer est-elle l’avenir de la Terre ?
- Dossier Grenelle de la mer

[1] chercheur au Woods Hole Oceanographic Institution

[2] commandé par le WWF en mai 2009

[3] ce triangle, aussi appelé « Amazone des mers » s’étend de l’Indonésie (à l’Ouest) aux îles Salomon (à l’Est) en passant par les Philippines (au nord)

[4] la dernière en date est celle réalisée conjointement par l’Institut national d’océanographie d’Inde et l’Institut Alfred Wegner en Allemagne en février 2009, fortement controversée alors qu’un moratoire que la Convention internationale de Londres a appelle à un moratoire sur toute fertilisation à but commercial des océans

[5] programme pour la Réduction des Emissions provenant de la Déforestation et de la Dégradation des forêts

Sources de cet article

- Le site du Center for ocean solutions
- Comprendre le phénomène d’acidification des océans sur le site d’EPOCA
- Le rapport du WWF sur les effets du changement climatique sur le Triangle du corail
- Photo : jonrawlinson

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