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Josh Fox contre l’Amérique du gaz de schiste

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Josh Fox contre l'Amérique du gaz de schiste
(Photo : Josh Fox (au second plan) enflammant les gaz qui s'échappent d'un robinet. Extrait du film Gasland. )
 
Son documentaire Gasland, nominé aux Oscars, a conquis le public. Et l'homme fait trembler les compagnies gazières depuis que l’Etat de New York vient d’adopter un moratoire sur la fracturation hydraulique. Rencontre avec Josh Fox.
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A la fois drôle et terrifiant, Gasland raconte comment l’Amérique ambitionne de carburer au gaz naturel dans le plus grand mépris des lois environnementales et au dépend de la santé publique. Le tout grâce aux manœuvres politiques de Dick Cheney, ancien patron d’Halliburton et vice-président de George Bush : l’homme s’est arrangé pour que la loi sur l’énergie adoptée en 2005 permette à son ex employeur d’extraire du gaz naturel par fracturation hydraulique, sans que l’Agence pour la protection de l’environnement (EPA) ne puisse pointer le bout de son nez. Metteur en scène et directeur d’une troupe de théâtre, Josh Fox s’est converti en journaliste d’investigation le jour où il a reçu une lettre lui offrant 100 000 dollars contre le droit de forer sur ses terres situées à la frontière de la Pennsylvanie et de l’Etat de New York. Jugeant l’offre suspicieuse, Josh Fosh est alors parti à la rencontre des habitants de « Gasland », le pays du gaz de schiste, caméra à la main, afin de raconter comment les géants du gaz de schiste empoisonnent l’Amérique et polluent ses eaux en toute impunité. Dans Gasland, l’eau du robinet prend feu si elle croise la flamme d’un briquet, les animaux perdent leur pelage et les habitants sont sujets à d’horribles migraines ou à des évanouissements. De l’Etat de Pennsylvanie en passant par le Wyoming ou le Texas, l’Amérique compte aujourd’hui pas moins de 450 000 puits de forage pour exploiter ces gaz non conventionnels.

Terra eco : grâce à Gasland, vous êtes devenu le héros des écolos et l’ennemi des compagnies qui exploitent le gaz de schiste… Quelles ont été les principales difficultés rencontrées au cours de votre road movie ?

Josh Fosh : J’ai trouvé particulièrement frustrant de me faire claquer la porte au nez par les représentants des compagnies gazières que je souhaitais interviewer. Je crois évidemment en la nécessité de faire preuve d’objectivité lorsqu’on revêt l’habit de journaliste. Mais lorsque j’ai reçu cette lettre me faisant miroiter 100 000 dollars, une somme significative, contre le droit potentiel de forer sur mes terres et que je me suis fixé pour mission d’examiner ce projet en profondeur, j’ai vite réalisé que les choses étaient louches à partir du moment où l’administration Bush-Cheney avait autorisé les compagnies gazières à forer en les exemptant des lois environnementales (le Clean Air Act et Clean Water Act). Lorsque je suis rentré de mon périple à travers Gasland, j’ai réalisé que les choses étaient bien pires que tout ce que j’avais pu imaginer. Dans chaque ville que je traversais, je recueillais les mêmes témoignages de gens victimes de la pollution et dont les plaintes étaient constamment ignorées. J’ai donc voulu mobiliser le pays contre le gaz de schiste. Le fait d’être nominé aux oscars a sans aucun doute aidé à faire passer le message, Gasland recevant beaucoup d’attention médiatique.

Quel impact peut avoir votre film sachant que les industriels considèrent le gaz de schiste comme la nouvelle poule aux œufs d’or et qu’elles ont pu forer en toute impunité ces dernières années ?

Il y a deux types de solutions. Dans le nord-est du pays, il est impératif d’empêcher les compagnies gazières de commencer à forer. Le fait que l’Etat de New York ait adopté en décembre dernier un moratorium sur le sujet est donc très encourageant. Chaque Etat a le pouvoir de stopper ce procédé extrêmement couteux sur le plan environnemental et sanitaire. Dans l’Ouest du pays, où le gaz de schiste est déjà largement exploité, il est essentiel de mettre en place des opérations de nettoyage afin de décontaminer les sites et d’imposer des régulations strictes. Les compagnies gazières se conduisent comme des bandits. Elles débarquent, mentent aux gens pour parvenir à leur but, détruisent leurs terres, ruinent leur santé, prennent le gaz et s’en vont, un comportement que je considère criminel. Le pouvoir des grosses compagnies industrielles est énorme et le gouvernement ne fait rien pour le contrer. C’est ce qu’a prouvé également la marée noire du Golfe du Mexique. Personne ne se soucie d’appliquer le principe de précaution et ces mêmes sociétés qui ont fait des erreurs colossales sont autorisées à régenter l’économie et détruire l’environnement. Ne sous-estimons pas l’influence de ces corporations sur le gouvernement. Elle est considérable.

Dans son discours sur l’Etat de l’Union, Barack Obama a parlé de la nécessité de diversifier le bouquet énergétique américain en incluant les énergies renouvelables mais aussi le gaz naturel (ainsi que le nucléaire). Quelle est sa position sur la question de l’exploitation du gaz de schiste ?

La position d’Obama en la matière est difficile à saisir même si l’EPA a fait preuve d’un peu plus d’agressivité et de beaucoup de suspicion en se penchant sur les conséquences environnementales de l’exploitation du gaz de schiste (en novembre dernier, l’EPA a notamment assigné Halliburton pour ne pas avoir fourni les informations demandées sur les produits chimiques utilisés lors de la fracturation hydraulique, ndlr). Mais d’un autre côté, vous avez le corps des ingénieurs de l’armée qui fait la promo de la fracturation hydraulique. Le seul moyen de suspendre le processus est donc d’imposer un moratoire à l’échelle du pays car le risque écologique et sanitaire est bien trop élevé.

Le débat est d’actualité en France, le ministère de l’Ecologie venant d’annoncer un gel des travaux d’exploitation dans l’attente des conclusions d’une étude environnementale et le gouvernement promet de ne pas répéter les erreurs commises aux Etats-Unis.

L’argument qui consiste à dire qu’on ne répétera pas les mêmes erreurs ne me parait pas convaincant. Les industriels le jurent toujours. Aux Etats-Unis, l’intérêt des compagnies gazières a eu raison de la démocratie. La bonne nouvelle, c’est que les choses sont en train de changer grâce à la mobilisation du public contre la fracturation hydraulique. Et c’est pour ça que j’ai d’ailleurs voulu injecter une dose d’humour dans mon documentaire. Il est essentiel d’être optimiste et de montrer que l’on peut changer le cours des choses.


En lice pour les Oscars

Josh Fox saura le dimanche 27 février prochain si son film remporte l’Oscar 2011 du meilleur documentaire. Le jury, peut-être marqué par la marée noire du Golfe du Mexique, a été sensible aux causes environnementales cette année. Outre Gasland, le documentaire Waste Land de Lucy Walker, partie sur les traces de Vik Muniz, célèbre artiste brésilien qui œuvre sur la plus grande décharge à ciel ouvert du monde, devrait faire sensation. Deux courts métrages « verts » ont aussi été nominés.
Sources de cet article

- Le site du film Gasland

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Correspondante de « Terra eco » en Californie, Anne Sengès est l’auteur de « Eco-Tech : moteurs de la croissance verte en Californie et en France », paru en novembre 2009 aux éditions Autrement.

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