Je m’étais promis d’arrêter l’euro dix jours, mais j’ai un peu revu mes ambitions à la baisse face à la courte liste des enseignes acceptant mes Pêches. Depuis 2010, une trentaine de monnaies locales ont germé en France. A Montreuil (Seine-Saint-Denis), la Pêche doit encore faire ses preuves auprès des commerçants. Je débute par des pâtes et de la farine. J’ai bien fait d’emporter quelques euros pour faire l’appoint. Les Pêches s’encaissent comme des chèques-cadeaux réutilisables, rendant ainsi à l’argent sa fonction d’unité d’échange, loin des délires spéculatifs.
Comme des petits pains
J’ai besoin de collants, de chaises pliantes et d’une poêle. A la librairie (logique…), je dégote un livre à 9,95 euros. Je dégaine mon billet de 10 Pêches. « Oui, oui, je les prends. L’euro, c’est has-been, sourit un vendeur taquin. Mais je ne peux pas vous rendre la monnaie. » Si le libraire convertit ses Pêches en espèces sonnantes et trébuchantes, il perd 5 % de leur valeur, reversés à des associations locales. Dix Pêches lui rapporteront 9,95 euros. Opération nulle !
A la Collecterie, il y a de tout, sauf des chaises pliantes. Quant à la boutique d’électroménager, ils ont des frigos, mais pas de poêles. Faire ses courses en Pêches prend du temps... et fait économiser de l’argent ! Au diable collants, poêle et chaises, je pousse la porte d’une boulangerie où je n’ai jamais mis les pieds. Avec la monnaie locale, les commerçants attirent de nouveaux clients. La boulangère encaisse les Pêches comme des petits pains !
Lancée en 2014
Une Pêche = un euro
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