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31-01-2008
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Charbon superstar : la bombe écologique

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Le titre d’« or noir » est remis en jeu. Challenger du pétrole ? Le bon vieux charbon. Les mines de la planète tournent à plein régime et la consommation bat record sur record. Le charbon reste pourtant le pire ennemi du climat.
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Mine à ciel ouvert dans l’Alberta (crédit : Ron Levine/getty images)

On croyait le temps des gueules noires révolu. Et voilà que certains remettent la houille sur le devant de la scène. Une nouvelle mine de charbon en France ? Le projet patiente, dans la Nièvre, à une trentaine de kilomètres au sud de Nevers. Quelque 250 millions de tonnes d’or gris, enfouies sous les communes de Lucenay, Cossaye et Toury-Lurcy attisent depuis 2006 la convoitise d’opérateurs privés. Pour le citoyen non averti, l’affaire pourrait sembler incongrue. Paradoxale même. Près de quatre ans après la fermeture de la dernière mine nationale de La Houve, à Creutzwald (Moselle), la dissolution le 31 décembre 2007 de Charbonnages de France, après plus de soixante ans d’activité, semblait en effet marquer la fin d’une époque. Nourris au nucléaire, qui fournit près de 80 % de leur électricité, les Français auraient pu croire la page du charbon tournée. A tort.

Le projet bourguignon met en lumière une réalité planétaire. Le charbon constitue la deuxième source d’approvisionnement en énergie dans le monde (26 % de la consommation), derrière le pétrole (34 %) mais devant le gaz naturel (21 %). D’ailleurs, même éclipsée par le roi pétrole, la consommation de houille ne cesse de croître depuis une trentaine d’années. Aujourd’hui, le phénomène s’accélère, attisé par la flambée des prix des hydrocarbures – dont les réserves s’amenuisent – et l’augmentation galopante de la demande énergétique, notamment chinoise. « La houille devrait, d’ici à 2050, représenter 30 % à 31 % de notre consommation énergétique, devant le pétrole (27 % à 28 %) et le gaz (moins de 25 %) », prévient Jean-Marie Martin- Amouroux, ancien directeur de recherches au Centre national de la recherche scientifique (CNRS). Pour comprendre ce phénomène, Terra Economica répond à sept questions clés.

1/ Pourquoi le charbon redevient-il une source d’énergie leader dans le monde ?

« Sans lui, la planète ne pourra pas s’en sortir », alerte Bruno Lapillonne, directeur général d’Enerdata, un cabinet d’études sur l’énergie basé à Grenoble. « Mais à quel prix ? » Car le charbon souffre d’un défaut majeur : il pollue. Sa combustion rime encore souvent avec émissions d’oxyde d’azote (NOx), de dioxyde de soufre (SO2) et rejets massifs de dioxyde de carbone (CO2). De quoi faire frémir les riverains du gisement de Lucenay-Cossaye. Les ingénieurs de la Seren – la principale compagnie en lice pour l’obtention des droits de concession – ont beau promettre aux habitants que la centrale qui brûlera le charbon sera une centrale « propre », les opposants au projet ne désarment pas. « Car au plan technologique, si l’on sait résoudre la question du NOx et du SO2, toutes les centrales du monde émettent aujourd’hui du gaz carbonique », tonne Wilfrid Séjeau, militant écologiste. Se fera ? Se fera pas ? Pour l’heure, le dossier patiente dans les cartons des décideurs publics. « Quelques mois à peine après le Grenelle de l’environnement, l’Etat ne doit pas être pressé de prendre une telle décision ! », relève le pourfendeur du projet.

2/ La demande mondiale peut-elle se tasser ?

Le charbon peut bien échauffer les esprits bourguignons, à l’échelon mondial, sa consommation ne cesse de croître. Le succès du combustible n’est en rien surprenant. D’abord, il est relativement bon marché. Ses prix ont beau être orientés à la hausse, cette dernière demeure très modeste comparée à l’envolée des cours du brut qui ont touché récemment la barre symbolique des 100 dollars le baril. Autre atout, le charbon constitue l’énergie fossile la plus abondante au monde. Ses réserves sont quatre à cinq fois supérieures à celles de pétrole. De quoi voir venir pour cinquante à cent cinquante ans. Qui plus est, alors que les champs pétroliers et gaziers sont concentrés dans des régions instables, comme le Moyen- Orient, ou difficiles d’accès, comme les grands fonds marins, le charbon est lui relativement bien distribué à la surface du globe.

Cette localisation rassurante permet aux grands pays producteurs de consommer « sur place » leurs propres réserves. Illustration avec les deux géants en la matière : les Etats-Unis, qui possèdent les plus grandes réserves planétaires et pointent à la seconde place en termes de consommation, et la Chine, à la tête des deuxièmes ressources mondiales. In fine, les exportations de charbon ne représentent que 18 % de la production mondiale, quand le pétrole s’exporte à 60 %. Les trois quarts du combustible servent à produire de l’électricité, le reste est utilisé pour fabriquer de l’acier et pour des usages thermiques de type cimenteries. « Il faut bien comprendre, insiste Jean- Marie Martin-Amouroux, du CNRS, que si la flambée du prix du baril de brut joue un rôle non négligeable dans l’attrait qu’exerce le charbon dans nos pays, elle joue peu pour des pays comme la Chine et l’Inde. L’Asie utilise massivement le charbon car c’est l’énergie dont elle dispose et dont elle a besoin. » Et, au vu de son rythme de croissance économique et démographique, c’est bien sur ce continent – et tout spécialement en Chine – que se joue l’avenir du charbon et du climat.

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Les aciéries de Datong, dans la province chinoise du Shanxi, en 2000. (Crédit : Bertrand Meunier / Tendance Floue)

3/ Comment la Chine est-elle devenue la reine du secteur ? Le pays tire 70 % de son énergie de la houille et consomme aujourd’hui plus du tiers de la production mondiale du combustible. « Le pays construit l’équivalent de trois centrales par semaine…et, au rythme actuel, sa demande devrait doubler d’ici à 2030 », note Cédric Philibert, expert à l’Agence internationale de l’énergie (AIE). Résultat  : la Chine pollue en conséquence. Elle est ainsi en passe de devenir le principal émetteur de gaz à effet de serre de la planète, devant les Etats-Unis. Le charbon en est le premier responsable, représentant à lui seul les trois-quarts des émissions de CO2 du pays.

L’image industrielle de la Chine évoque Germinal puissance mille. Des villes noyées sous des nuages de poussière noirâtre qui, insidieusement, ronge et tue. Des mineurs happés par les éboulements et le traître grisou. Mais peut-on se permettre pour autant de jeter la pierre à l’empire du Milieu ? L’Europe conquérante de la révolution industrielle n’a pas fait autre chose en son temps, exploitant la houille à tour de bras pour asseoir son développement.

Surtout, le charbon représente aujourd’hui 40 % de la production d’électricité mondiale : Etats-Unis, Europe ou encore Russie ne sont donc pas en reste en matière de consommation de charbon. Au sein de l’Union, si la France se chauffe au nucléaire, 92 % de l’électricité polonaise est issue de la houille, 50 % en Allemagne (lire aussi pages 24 à 26). Et les Etats-Unis, qui avaient misé sur le gaz naturel durant les années 1990, reviennent aussi au charbon vapeur.

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