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21-06-2012
Mots clés
Asie Et Océanie

Avec leurs chaussures en raie OGM, ils ont cru nous faire marcher

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Avec leurs chaussures en raie OGM, ils ont cru nous faire marcher
(Crédit photo : Rayfish.com)
 
Une entreprise thaïlandaise prétend pouvoir bidouiller les gènes des raies pour créer des chaussures aux couleurs et aux motifs voulus par les clients. Impossible, répondent scientifiques et autorités.
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Les fondus de mode pur jus en frétillaient déjà. Mais, prévenons-les d’emblée, ils vont avoir un sérieux coup de pompe. L’annonce, fin mai, par l’entreprise thaïlandaise Rayfish footwear, de la mise au point d’une technique de bidouillage génétique de raies afin que leur cuir, utilisé dans la confection de baskets, soit aux motifs et aux couleurs désirées par les clients, était trop belle – ou trop dingue - pour être vraie.

Le projet « Un poisson, une chaussure » est le fruit d’une décennie de recherches, « mêlant l’innovation et une longue tradition de production de biens à base de cuir de raie », expliquait dans un communiqué de presse le pédégé de Rayfish Footwear, Raymond Ong, fier de proposer, le 25 mai dernier, les premières chaussures « bio-personnalisées », pour la bagatelle de 1 800 dollars (1 420 euros) environ la paire.

Tachetées comme une coccinelle, roses comme une crevette

La nouvelle a d’abord alerté le site Marcelgreen.com, sur lequel nous avions repéré l’information. Non seulement parce que les raies sont une espèce protégée (ceci dit, les poissons OGM de Rayfish footwear sont créés et élevés en laboratoire et non prélevés en pleine mer) mais aussi parce que mélanger des gènes de serpent à sonnette, de coccinelle, de léopard ou de girafe avec ceux d’une raie pour obtenir du cuir tacheté, zébré, rouge, vert, rose, orange, ou tout ça à la fois, pour le simple plaisir de porter un modèle de godillots unique au monde, dépasse l’entendement de celles et ceux qui ont un minimum de respect pour le monde animal.

Rassurons-les : en l’état actuel de la législation et des connaissances, une telle prouesse technologique paraît impossible.

Une prouesse qui reste à démontrer

- Premier obstacle à la création de chaussures transgéniques : ni l’élevage ni l’importation de poisson génétiquement modifié ne sont autorisés en Thaïlande. C’est ce qu’ont certifié les différents services du gouvernement thaïlandais en charge des OGM, interrogés par le site Inf’OGM.

- Deuxième petit souci : d’après Gilles-Eric Séralini, chercheur en biologie moléculaire à l’université de Caen et président du Conseil scientifique du Comité de recherche et d’information indépendantes sur le génie génétique, « on ne dispose pas actuellement de connaissances suffisantes pour pouvoir créer ces animaux transgéniques complexes ». Pour Randy Lewis, biologiste à l’université de l’Utah interrogé par Innovationnewsdaily.com, « la majeure partie des couleurs qu’ils annoncent sur leur site ne peut pas s’exprimer dans la peau et la capacité de contrôler complètement les motifs des différentes peaux n’a pas été atteinte pour tous les animaux ».

- Troisième problème, soulevé cette fois par Perry Hackett, généticien de l’université du Minnesota, toujours interrogé par Innovationnewsdaily.com : les gènes n’expriment pas nécessairement leurs fonctions s’ils sont insérés dans un organisme différent. « Cela signifie, précise le scientifique, qu’une raie transgénique avec des gènes de coccinelles ou de zèbre n’exprimera pas automatiquement les motifs de la peau de la coccinelle ou du zèbre. […] La régulation des gènes est susceptible de ne pas être la même en fonction de l’organisme receveur. »

Les laborantins essuieraient donc de très nombreuses pertes avant d’obtenir le poisson dont le cuir serait exactement de la couleur et du motif exigés par le client. De son côté, l’entreprise contactée par Inf’OGM soutient que le brevet couvrant son « invention » est en cours de dépôt. Et donc qu’elle ne peut bien évidemment pas encore divulguer ses petits secrets. Les premières chaussures OGM sont censées être livrées en fin d’année.

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