Quand les patrons d’Eon, de RWE, d’EnBW, de Vattenfall, de Bosch, de Siemens et du réseau électrique sont invités à dîner par Angela Merkel (mercredi 12/01/11) pour dîner à la chancellerie, on peut craindre que des décisions essentielles ne soient prises entre poire et fromage.

Au menu, on a parlé d’énergies (renouvelables), et notamment en vue du Sommet de l’Energie de Bruxelles du 4 février prochain.

Selon le porte-parole du gouvernement Steffen Seibert, il ne s’agissait que d’un dîner d’échange de réflexions. Les thèmes de ces réflexions étaient l’efficacité énergétique, le renforcement des réseaux et le marché énergétique intérieur. Les propositions du commissaire européen à l’énergie Günther Oettinger sont apparues « en général comme une base solide à une politique énergétique ambitieuse et durable ».

Le commissaire de l’UE à l’énergie Günther Oettinger veut, au nom de sa « Energiestrategie », ajuster tous les systèmes nationaux de soutien aux énergies renouvelables. Les directives européennes de soutien aux énergies renouvelables prévoiront ainsi de se partager des fonds, prévus à l’avance, au niveau européen.

Günther Oettinger et Angela Merkel en mars 2010

Mais le plafonnement des subventions serait également ainsi rendu possible, alors qu’en Allemagne on peut jusqu’à présent installer des éoliennes ou des panneaux solaires sans limite.

Oettinger s’était exprimé pour un « atterrissage en douceur » de la loi sur les énergies renouvelables „Erneuerbare-Energien-Gesetz“(EEG). « Les panneaux solaires doivent dorénavant être installés là où le soleil brille et les éoliennes là où le vent souffle », avait-il déclaré il y a quelques semaines.

La SPD et les Verts craignent que la loi EEG soit de facto vidée de sa substance, au nom d’une harmonisation avec les critères européens.

Puisque les subventions prévues par la EEG sont abondantes, estimées à 13,5 milliards rien que pour 2011, un réajustement au niveau européen signifierait un recul des installations solaires et éoliennes.

Dietmar Schütz, le directeur de l’association fédérale des énergies renouvelables, a demandé à Norbert Röttgen, ministre de l’Environnement, de réagir au dîner auquel Angela Merkel a convié la crème de l’industrie et de l’énergie mercredi 12 janvier.

« Je vous demande, au nom de l’ensemble du secteur des énergies renouvelables, de très rapidement vous exprimer résolument contre une harmonisation des systèmes de subventions au renouvelables au niveau européen », a-t-il écrit à Röttgen.

Au même moment, l’agence de presse allemande DPA publiait une analyse qui estime les « surcoûts européens à quelque 90 milliards d’euros, qui menaceraient directement les emplois et les entreprises de ce secteur d’avenir », écrit l’agence.

« Ce nouveau plan [d’harmonisation], va permettre de donner libre cours aux bénéfices des groupes énergétiques », a commenté Renate Künast, chef de groupe parlementaire des Verts.

« Après que le gouvernement a voté à la hâte la prolongation de la durée de vie des centrales nucléaires, on essaie désormais via l’Europe de démanteler la loi allemande sur les renouvelables (EEG) », s’est indignée sa collègue des Verts, Bärbel Höhn. Le progrès des renouvelables serait ainsi freiné et les marges de profit des grands groupes énergétiques vont s’envoler, a-t-elle expliqué en substance.

« Un plan de bataille contre l’énergie du vent, du soleil, de la biomasse et de l’eau », a résumé Greenpeace Allemagne.

Hier matin (13/01), Norbert Röttgen (ministre de l’Environnement) s’est également lancé dans la bataille sur l’avenir de l’énergie verte en Allemagne, et du côté des renouvelables. C’est avec des mots durs, selon le FTD, qu’il a condamné hier une harmonisation des subventions au niveau européen.

« Ce serait une véritable déclaration de guerre à la politique énergétique allemande », a-t-il dit à la WDR.