Un nouveau monde |
Par Pierre JAPHET |
3-09-2012
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Faut-il choisir entre dette économique et dette écologique ? |
La dette. Depuis des mois on n’entend parler que d’elle. Que l’on soit de droite, de gauche ou du centre, la dette est là, comme une longue maladie. Oui, comme un cancer de notre économie, elle pompe nos ressources fiscales et nos espoirs de redressement, fermant nos horizons, engageant le pronostic vital de l’Union Européenne et de son modèle...disons, plus ou moins socio-libéral.
Notre vieille amie la Grèce est déjà sous chimio, et cela n’est pas beau à voir. L’Espagne et le Portugal ne sont plus que l’ombre d’elles-mêmes. Quant à la France, fébrile, elle consulte : Standard & Poors, Fitch...et tremble à chaque résultat d’analyse.
Oui, la France est malade de la dette, et il va falloir qu’elle se soigne, même si le remède aura un goût amer.
Mais ce n’est pas tout. Une dette peut en cacher une autre. La dette écologique. Et celle-ci est bien plus grave car contrairement à l’autre, on n’est vraiment pas sûr de pouvoir la rembourser un jour, ni encore moins de l’effacer.
Qu’est ce que la dette écologique ? Chaque année, à partir de fin août, la France vit à crédit sur le plan écologique. Qu’est ce que cela veut dire ? Eh bien tout simplement que nous consommons plus de ressources naturelles (eau, énergie, matières premières) que nous n’en disposons. Cela inclut également les ressources nécessaires à absorber nos pollutions et nos déchets (par exemple, nous n’avons pas assez de forêts pour absorber le CO2 que nous émettons). Mais, me direz vous, comment est-ce possible ? Où trouvons nous les ressources supplémentaires, qui nous permettent de tenir d’août à décembre ? La réponse est simple : pendant cette période, nous vivons à crédit, en empruntant d’une part aux pays qui sont en situation excédentaire, et d’autre part...aux générations futures ! Juste comme pour l’autre dette, vous voyez ?
Comme tous les pays développés et émergents ont besoin de ces précieuses ressources, la planète est devenue une espèce de Monopoly géant où, plutôt que de construire des hôtels rue de la Paix, on achète des terres rares, des minerais ou tout simplement des hectares de terres agricoles ! Et ce n’est pas tout : ici encore les traders ont senti le filon et spéculent à la hausse, ce qui fait évidemment monter les prix ! Autrement dit, ils achètent ces précieuses ressources naturelles pour ne rien en faire d’autre que les revendre plus cher à d’autres.
Mais c’est surtout aux générations futures que nous "empruntons" ces ressources. Les guillemets sont importants car nous serons incapables de leur rendre la plupart de ces ressources que nous les consommons trop vite pour que leur stock puisse se renouveler. "Voler" serait donc plus juste qu’emprunter. Nous volons nos enfants et nos petits-enfants, et ils n’ont vraiment aucune chance de se défendre.
Une voix pourtant s’est élevée un jour. C’était à Rio, il y a 20 ans. Servern Suzuki, du haut de ses 11 ans, interpellait l’assemblée du sommet de la Terre. Si vous ne l’avez jamais écoutée, je vous conseille de le faire. Vous trouverez facilement la vidéo en ligne. Mais c’était il y a 20 ans, et Rio+20 est passé par là, célébrant finalement un bien triste anniversaire.
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Maire adjoint (EELV) du 11e arrondissement de Paris, Chargé des Transports et des Déplacements |