Le gouvernement espagnol fait face à des « marées » de toutes les couleurs : la « marée verte », des professeurs, étudiants et parents contre les restrictions budgétaires dans l’enseignement et les réformes de l’enseignement, la « marée noire » de juges, procureurs et avocats contre les réformes du système judiciaire et l’imposition de taxes d’accès à la justice, et la « marée blanche » du personnel sanitaire contre les réformes de la Sécurité sociale et la privatisation des hôpitaux dans quelques régions.
La gestion de la santé en Espagne dépend des communautés autonomes. Certains de ces gouvernements autonomes, en raison de la crise et des restrictions appliquées à leurs budgets, ont décidé de privatiser la gestion de leurs hôpitaux, avançant bien entendu que les entreprises privées qui prendront en charge cette gestion seront capables de fournir le même service avec un budget moindre, et obtenir de plus des bénéfices pour leurs actionnaires.
Madrid constitue une des régions où la gestion de plusieurs hôpitaux est sur le point d’être privatisée. Capitale du pays, la ville comprend les plus grands et les plus importants hôpitaux d’Espagne. Là comme dans d’autres régions, le personnel sanitaire et non sanitaire des hôpitaux s’est mobilisé et a convoqué des grèves, marches, manifestations et autres événements visant non seulement à protester contre ces mesures, mais aussi à informer les patients des hôpitaux du danger qu’encourent, à leur avis, la gratuité et l’excellence d’une Sécurité sociale à propos de laquelle l’Observatoire européen des systèmes et politiques de santé (en anglais), affirme dans son rapport de 2010 :
« Le SNS [Système national de santé] a montré une capacité considérable à générer de bons résultats viables conformément à différents paramètres de rendement. (…) Ces résultats ont été atteints avec un niveau relativement bas de dépenses (…) inférieur à la moyenne européenne. La conclusion qui pourrait être tirée de ces données est que, globalement, les citoyens espagnols bénéficient d’un système de santé d’un bon rapport qualité-coût. »
Pour contrebalancer ces mobilisations et les informations qui se diffusent dans l’opinion publique, le Parti populaire (PP) de Madrid a décidé le 12 décembre de déclencher sa propre campagne d’informations, en lancant sur Twitter le #quenotelienconlasanidad (ne vous faites pas avoir sur la santé). Entre 11h et 12h, des twitts dans lesquels le PP explique sa vision des réformes de la santé ont été publiés, comme par exemple :
Les responsables de cette initiative ne s’attendaient probablement pas à ce que des milliers d’internautes profitent de la campagne pour inonder de twitts le mot-clic du PP, qui fut en tête de tendance pour des raisons bien différentes de celles prévues par ses défenseurs.
Les utilisateurs de Twitter @Oscar g (@oscarvk), Gema C R (@Amegcr), Be-Ta-U (@Medicblasto) et @Nell McKinnon a (@Gadylen) sont parmi ceux qui ont utilisé le mot-clic pour faire connaître leurs opinions au PP :
@amegcr : Hier je ne payais pas les médicaments, aujourd’hui si. Aujourd’hui je ne paie pas l’ambulance, demain si. Demain je ne paie pas la santé, et après-demain ? #quenotelienconlasanidad |
@Gadylen : La prochaine étape sera de faire payer l’entrée dans les centres de santé et les hôpitaux et sans droit à une consommation / traitement #quenotelienconlasanidad |
Certains internautes, comme Ángel (@angelfmarin) et Yefri Bomon (@yefribomon), mentionnent Capio, une entreprise qui gère déjà plusieurs hôpitaux dans d’autres régions, et dans laquelle plusieurs hauts dirigeants du PP, et des personnes proches du pouvoir sont actionnaires, comme Rodrigo Rato, l’ancien président Aznar ou María Dolores de Cospedal et son mari.
Il se trouve que Capio commencera en janvier 2012 à « gérer » l’hôpital de Collado Villalba, qui n’ouvrira que dans un an. Pendant cette année, la région de Madrid paiera à Capio plus de 900 000 euros par mois.
Dantes et Santiago Herrera rappellent que le gouvernement vient d’annoncer que les ambulances seront payantes pour les personnes atteintes de maladies chroniques :
@KimeraDantes : En montant dans une ambulance RAPPELEZ-VOUS : Ne pas parler au conducteur Ne pas se lever du brancard AVOIR SUR VOUS le montant exact |
Simone Santini dit ce que pensent beaucoup d’Espagnols :
Et même si l’inondation de twitts contre la politique de privatisation était accablante, il semble que certains ne s’en soient pas rendus compte :
Ce à quoi Serguei Sanz répondait :
@Remensa_S : Si le PP en sait autant sur la gestion des hôpitaux que celle des réseaux sociaux nous avons de quoi nous inquiéter pour notre santé |
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