La nouvelle a fait tiquer les politiques et bondir les associations vertes. Le maïs génétiquement modifié MON810, du géant américain de l’alimentaire Monsanto, pourrait revenir dans nos champs... et nos supermarchés. L’EFSA (Agence européenne de sécurité alimentaire) a en effet annoncé vendredi 31 octobre dernier qu’elle jugeait "injustifié" le recours de la France à une clause de sauvegarde.
En février, le ministre de l’agriculture Michel Barnier avait fait jouer cet outil légal pour interdire la culture de cette semence en France. Depuis, aucune culture OGM ne poussait théoriquement sur le territoire. Mais les producteurs de maïs pourraient bien évidemment trouver un gros avantage à ce revirement inattendu. Luc Esprit, directeur de l’AGPM (Association générale des producteurs de maïs) répond à nos questions :
Planète Terra : Luc Esprit, cette décision de l’ESFA est-elle une bonne nouvelle pour les producteurs français ?
Luc Esprit : Oui bien sûr. C’est une avancée positive dans le sens où nous avions dénoncé la position de la France au début de l’année. Si l’ESFA a jugé injustifié ce recours à la clause, c’est parce qu’elle attendait de nouvelles preuves scientifiques de la dangerosité de cette semence. Ce que la France n’a pas pu fournir. Le dossier est creux et ce dénouement le prouve.C’est une nouvelle technologie que la clause a bloquée. Nous espérons que cela débouchera sur davantage d’ouverture. Il y a aujourd’hui une grande méconnaissance du dossier OGM en France et un déficit de pédagogie, peut-être en partie de notre fait, qu’il faut combler.
Les consommateurs et les producteurs ont-ils envie de voir ces produits autorisés ?
Pour les consommateurs je ne sais pas. Mais les produits sont de fait déjà dans les rayons des supermarchés. Avec l’augmentation des prix des produits agricoles, les producteurs avaient demandé un accroissement des importations d’OGM. C’est cette situation qui est paradoxale : notre pays refuse de produire des OGM mais en importe en grandes quantités pour nourrir son bétail ou alimenter les consommateurs !Quoi qu’il en soit, les agriculteurs sont, eux, demandeurs, c’est certain. La hausse des prix a posé de nouvelles problématiques, essentiellement financières, auxquelles les OGM peuvent répondre. Nous espérons que le MON810 n’est qu’une première étape avant l’autorisation d’autres semences et produits.
Affichage : Voir tout | Réduire les discussions