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5-03-2014
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Conflit
Monde

Les armes chimiques syriennes détruites en mer

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Les armes chimiques syriennes détruites en mer
(Crédit photo : Michael Branson Smith - flickr)
 
Faute de pays volontaires, le traitement de l'arsenal chimique syrien sera réalisé dans les eaux internationales de Méditerranée. Une association de protection de l'environnement s'inquiète.
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ÉCOLOGIE SOCIÉTÉ ÉCONOMIE
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C’est le syndrome de la patate chaude, version toxique. Après l’adoption par l’ONU d’une résolution contraignant Bachar al-Assad à détruire ses armes chimiques, la communauté internationale se retrouve avec 700 tonnes de substances de « priorité 1 » – les plus dangereuses – sur les bras. Depuis plusieurs mois, des containers sous haute surveillance transitent par le port syrien de Lattaquié. A l’intérieur, des ingrédients servant à fabriquer du gaz sarin ainsi que du gaz moutarde prêt à l’emploi attendent leur passage à l’hydrolyse. Cette opération, qui consiste à casser les molécules dangereuses à l’aide d’un mélange contenant des produits proches de la soude et de la javel, divisera par 10 000 leur toxicité.

« Personne n’en a voulu sur son territoire »

Sauf qu’aucun pays ne veut s’y coller. Du moins pas sur son propre territoire. Les Etats-Unis et la Russie ont beau être équipés et rodés – à eux deux, ces pays s’attèlent toujours à la destruction de 50 000 tonnes de substances chimiques de ce type – aucune des deux puissances ne s’est proposée. L’Albanie, la Belgique ou encore la Norvège ont été sollicitées. Mais craignant la réaction de leurs population, elles se sont défilées. De son côté, la France peut brandir l’excuse du manque de préparation. Le projet Sequoia, dédié aux traitement d’armes de guerre, n’en est encore qu’au stade des appels à projet. Seul le Royaume-Uni s’est porté volontaire : sur son territoire, Veolia se chargera de décontaminer 150 tonnes de substances hautement toxiques.

Mais où traiter les 550 tonnes restantes ? En pleine mer pardi ! « Parce que personne n’en a voulu sur son propre territoire, le choix d’un bateau dans les eaux internationales s’est imposé », explique Olivier Lepick, chercheur associé à la fondation pour la recherche stratégique (FRS) et spécialiste de l’armement chimique. Mi-février, le Cape Ray, un bateau normalement spécialisé dans le transport de véhicules, est arrivé des Etats-Unis et attend dans un port espagnol son départ pour les eaux internationales. Christian Chartier, le porte-parole de l’OIAC, l’Organisation pour l’interdiction des armes chimiques, confirme : « Mais que cette option soit venue pallier l’absence de réponse des pays n’est plus la question, l’enjeu désormais, c’est de se débarrasser de ces produits. » Un empressement qui ne rassure pas Jacky Bonnemains, président de l’ONG Robin des bois. Celui-ci dénonce un « choix par défaut, pris dans l’urgence et guidé par des considérations politiques ».

« No man’s land législatif » ?

Car cette solution faute de mieux présenterait finalement des avantages. Selon le président de Robin des bois, l’absence d’une terre d’accueil permettrait aux meneurs de l’opération, les Etats-Unis, de profiter d’un « No man’s land législatif ». Le 2 janvier dernier, Frank Kendall, sous-secrétaire américain à la Défense, confiait en effet à l’agence Associated press que cette localisation permettrait d’« éviter d’avoir à transférer ces substances sur un territoire national où vous avez à gérer toutes les conditions politiques et environnementales qu’impliquent les lois locales ». De là à dire que les eaux internationales sont une zone de non-droit ? L’OIAC proteste. « Il n’y a aucune raison pour que les textes internationaux, notamment la Convention de Bâle relative au transport de déchets toxiques, ne s’appliquent pas », souligne Christian Chartier.

Une promesse qui laisse le président de Robin des bois pantois. Pour justifier son opposition au projet, l’ONG attaque sur tous les fronts : l’âge du bateau (36 ans), le manque de recul sur l’hydrolyse mobile (encore à l’essai l’été dernier), la proximité entre les produits traités et les produits stockés, un calendrier trop ambitieux (traiter l’ensemble des produits entre cinquante et quatre-vingt-dix jours) ou encore l’absence de double coque sur l’embarcation.

« Industrialisation des océans »

A l’OIAC, Christian Chartier se veut rassurant. Si en mer, l’opération est une première, sur terre elle fait ses preuves sans incidents depuis des décennies. « Quant à la version mobile de l’hydrolyse, elle est désormais utilisée par l’armée américaine », souligne-t-il. Reste la houle. « Elle est mesurée sur une échelle de 0 à 4 et, dès qu’elle atteint le niveau 2, toutes les opérations seront stoppées », poursuit le porte-parole. Le Cape Ray est-il insubmersible pour autant ? « Ça reste un procédé à haut risque », reconnaît Olivier Lepick. Mais le chercheur dédramatise : « Si d’aventure il y avait un problème, il n’y a pas de population à proximité et l’impact serait limité par la très forte dilution des produits. » Pour relativiser le risque d’accident, le chercheur rappelle que jusqu’aux années 1970, des quantités d’armes chimiques ont été rejetées en mer. « Par rapport à ce qui repose déjà au fond des océans, un naufrage du Cape Ray et de son chargement ne pèserait pas lourd. » Reste une dernière critique plus compliquée à contrer. Pour Jacky Bonnemains, au delà des risques d’accident, « cette opération consacre l’industrialisation des océans ».
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