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23-04-2015
Mots clés
Recyclage, Déchets
France
Reportage

Papillons en plastoc, singes qui parlent et aspirateurs morts : les e-déchets, ça se redesigne

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Papillons en plastoc, singes qui parlent et aspirateurs morts : les e-déchets, ça se redesigne
(Crédit photos : Claire Le Nestour)
 
Devenir designer, c'est bien. Nous pousser à remplir nos poubelles de nouveaux e-gadgets, beaucoup moins. Dans une école d'art parisienne, un artiste prêche la récup des déchets électroniques. Travaux pratiques.
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ÉCOLOGIE SOCIÉTÉ ÉCONOMIE
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« Créez. Vous avez trois heures. » Si l’après-midi avait été présentée de la sorte, les étudiants du l’antenne parisienne de l’école américaine d’arts et de design Parsons auraient sans doute fui. Sur la table, un paquet de fils, des sacs de composants électroniques et cinq jouets ultrabruyants, du genre cadeaux-empoisonnés-que-les-parents-détestent-jusqu’à-en-retirer-les-piles. Plus loin, des enceintes, des cadavres d’aspirateurs et tout un bric-à-brac forment un cimetière de déchets high-tech dont on devine qu’ils ont, un jour, eu leur quart d’heure de gloire. « Tous les objets que vous voyez ici ont été récupérés lors d’une collecte à l’école. Certains ne fonctionnent plus. D’autres marchent encore, mais ils sont obsolètes », lance Benjamin Gaulon, artiste et professeur dans cette école privée qui accueille des apprentis designers du monde entier.

Lui a découvert les e-déchets il y a une dizaine d’années, lorsqu’étudiant il n’avait pas les moyens d’acheter des matériaux neufs. Depuis, les poubelles mondiales ont atteint le poids record de 42 millions de tonnes de déchets d’équipements électriques et électroniques produits chaque année. Alors Benjamin Gaulon a placé la récup électronique au cœur de sa démarche artistique, au point d’animer des ateliers qui y sont dédiés, comme celui organisé à Parsons Paris à l’occasion de la journée de la Terre, ce mercredi 22 avril.

« Pimp » ton vieux jouet

En soulevant une télé à tube cathodique, il annonce la couleur. « Le but n’est pas forcément de créer quelque chose d’utile, mais plutôt de comprendre que des objets qui semblent sans valeur peuvent encore servir et qu’il ne sert à rien d’en créer de nouveaux. Ils veulent être designers ? OK, mais qu’ils n’inventent pas des gadgets inutiles et polluants sans regarder d’abord ce qui traîne dans nos poubelles. »



A première vue, le contenu du jour n’est pas fameux. Tout juste majeurs ou trentenaires, les étudiants ont passé l’âge de s’émerveiller face à un papillon en plastique violet qui fait du bruit quand ont lui triture les antennes ! Idem pour la valisette aux couleurs criardes qui rassemble une ribambelle d’animaux plus ou moins marins, prêts à imiter le doux bruit des vagues. « Prenez un tournevis et commencez par tout démonter pour voir ce qu’il y a dedans », lance Benjamin Gaulon en anglais pour que la dizaine d’étudiants présents, de toutes nationalités, passent à l’action. « Faites attention. Il ne faut pas casser les composants. Ensuite, vous avez carte blanche. »

Un « boing boing » ralenti

Autour de l’établi, certains connaissent les bases de l’électronique, quand d’autres restent sceptiques face aux câbles et aux circuits imprimés qui jaillissent des jouets interactifs. Il s’agit de comprendre le fonctionnement de ce labyrinthe puis de se le réapproprier, en coupant un fil ici, en rajoutant une soudure là, histoire de voir ce que la machine veut bien produire. Celle d’Eden, 18 ans, la seule Française du groupe, se montre récalcitrante. « Moi, je n’y connais rien aux e-déchets, ni à l’électricité, d’ailleurs. » Dans quelques années, la jeune fille s’imagine bien graphiste et donc potentiellement productrice indirecte de déchets électroniques. « Justement, autant savoir ce qu’il y a dedans ! », se réjouit-elle. Elle patouille jusqu’à trouver le point du circuit qui émet un « boing boing » quand on le triture. Deux pinces croco, un potentiomètre et la voilà apprentie DJ. « Le potentiomètre change la vitesse du courant, c’est ce qui permet de modifier le son », explique Benjamin Gaulon.



Plus loin, un jeune Brésilien patine. Son jeu ne se laisse pas démonter, la faute à une pâte collée sur les puces électroniques. « Ça, c’est le problème des objets trop récents, bougonne le prof. Les constructeurs font exprès de rendre certains composants inaccessibles pour empêcher la bricole. » A ses côtés, Elwyn, 35 ans, arrivée de San Francisco en août dernier, cherche à relier son circuit imprimé à une enceinte. « Je suis un singe. Regarde comme je me balance ! » La voix enfantine de sa mappemonde en plastique émerge du brouhaha ambiant : Elwyn a réussi ! Quant à l’ancêtre de télévision, il ne restera pas tranquille longtemps. Asher, un Américain de 19 ans, tente de la raccorder à une partie du jouet qu’il a disséqué, « pour voir ce que ça fait ». Bon point pour lui qui veut faire carrière dans la vidéo : l’écran noir laisse sa place à un ballet de lignes blanches. « Wahou, lâche t-il. Je ne sais pas si je m’en servirai plus tard, mais c’est cool de savoir que c’est possible. Les e-déchets, c’est un peu comme les maths à l’école : peu de personnes les utilisent tous les jours, mais c’est bien de les avoir étudiés. »

Arduino, chef d’orchestre

Après deux heures de bidouille, quelques larsen et une petite décharge électrique dans le doigt pour Benjamin Gaulon, la création prend forme. Les étudiants ont court-circuité leurs joujoux et les ont reliés les uns aux autres. Les voilà face à une machine un brin effrayante qui tousse de drôles de sons et fait grésiller un écran.



Place désormais à la dernière étape : la programmation. « Si on veut que notre installation fonctionne seule, il suffit de la relier à notre Arduino. » Les élèves de première année n’ont pas encore eu l’occasion de s’y tester, mais autour de la table, tout le monde connaît ce petit ordinateur en open source, très prisé des fidèles des Fablabs. Le néophyte n’y verrait qu’un circuit imprimé comme tant d’autres. Pour Benjamin Gaulon, il s’agit en fait « d’un minicerveau qui permet plein de créations ». Quelques câbles suffisent effectivement à le relier aux travaux des étudiants. Pour la programmation, ce sera une petite dizaine de clics sur l’ordinateur portable et, une fois branché sur secteur, Arduino fera fonctionner l’installation seule, sous le regard bluffé des étudiants.

« Parfois, j’anime des ateliers e-déchets sur deux ou trois jours, ce qui laisse le temps de créer des choses plus abouties, explique Benjamin. J’ai déjà aidé des jeunes à transformer un tractopelle d’enfant en machine à écrire ou une vieille imprimante en sorte d’orgue de barbarie. Là, l’idée, c’est juste de montrer aux élèves que les e-déchets, c’est super et qu’ils peuvent continuer à creuser dans cette direction-là. » Le travail risque en effet de se poursuivre puisqu’à l’issue de l’atelier les étudiants ont demandé à repartir avec leur jeux démembrés sous le bras. Mais avant de débrancher l’installation éphémère, un geste s’impose : immortaliser le fonctionnement de leur « e-création » avec leurs smartphones ! Vous avez dit e-connectés ?


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