publicité
haut
Accueil du site > Actu > Société > Le palmarès des plus petites fortunes de France
Article Abonné
22-12-2005
Mots clés
Social
Société
France

Le palmarès des plus petites fortunes de France

Taille texte
{#TITRE,#URL_ARTICLE,#INTRODUCTION}
 
En famille ou célibataire, à Paris ou ailleurs, Français ou étrangers, avec ou sans emploi. Ils ont mille visages et un point commun : ils sont pauvres. Terra Economica vous plonge dans un monde peu glamour mais bien réel. Enquête.
SUR LE MÊME SUJET

Les rangs des miséreux se dépeupleraient : 6% des Français vivaient sous le seuil de pauvreté en 2002, selon les dernières statistiques de l’Insee disponibles, contre 6,1% en 2001. Mais attention : cet indice est très discutable. En outre, "On observe une concentration de la pauvreté sur certaines catégories de la population", insiste Jacques Freyssinet, économiste et membre de l’Observatoire de la pauvreté. Ceux-là sont jeunes, membres de familles nombreuses ou monoparentales, travailleurs précaires. Voire tout cela à la fois. Et la pauvreté n’est pas qu’affaire d’individus, loin s’en faut : elle se vit en ménage. Ou s’y évapore, c’est selon.

Ainsi, une femme employée à mi-temps ne sera pas inscrite sur la liste noire de la pauvreté si son mari gonfle chaque mois le porte-monnaie familial d’un salaire décent. Même sentence pour un jeune Tanguy au chômage : il échappera au recensement tant qu’il restera, faute de moyens, bien au chaud sous la couette familiale. "Or, avec la multiplication des difficultés, les jeunes restent de plus en plus tard chez leurs parents. La décohabitation n’est possible qu’avec des ressources suffisantes", décrypte Stéfan Lollivier, directeur des statistiques démographiques et sociales à l’Insee.

Les chiffres baissent, le moral aussi

Une affaire de famille mais aussi de géographie : la pauvreté dépend des aides attribuées par les communautés territoriales. "Etre pauvre à Marseille ce n’est pas comme être pauvre à Lille. Dans les Dom, où les systèmes d’aide diffèrent de ceux de la métropole, c’est encore autre chose. De plus, le contexte y est différent : il y a une plus forte solidarité familiale mais aussi une plus forte instabilité dans les couples", explique Jacques Freyssinet.

La pauvreté est aussi affaire de sentiment. Si la courbe des chiffres pique du nez, la sensation de pauvreté, elle, résiste encore et toujours à l’envahisseur statistique. "Allez dire aux gens que les inégalités se réduisent. Ils douteront de votre crédibilité", argumente Stéfan Lollivier. Alors, pourquoi un tel écart entre les chiffres et la perception ? Plusieurs hypothèses se disputent la vedette. Parmi elle, la visibilité. Les retraités en difficulté des années 70 ont laissé la place à des jeunes actifs souvent urbains, plus médiagéniques.

Joggeurs du kilomètre 1

Autre raison : l’absence de certaines aides pour les petits salaires. Le portefeuille d’une femme au Smic à mi-temps est à peine plus épais que celui d’un bénéficiaire du RMI. Mais pour elle, pas d’entrée gratuite au musée du Louvre ni de tarif réduit au ciné. Enfin : la variabilité des revenus. Un intérimaire qui voit son compte crédité de 2000 euros en janvier, puis de 1000 en février, ne partage pas la sérénité d’un salarié qui touche, mois après mois, ses 1500 euros. Autant de situations que les courbes trop lisses des statistiques ne prennent pas en compte.

Alors plutôt que de parler de figures en difficulté, Gérard Bureau, membre permanent d’ATD-Quart Monde, préfère discerner des "crans de pauvreté", comme des bornes le long d’un parcours en pente descendante. Au premier kilomètre sont les nouveaux pauvres, privés d’un ou de quelques droits fondamentaux (éducation, logement, travail...). Un coup de pouce initié dans le cadre d’un plan Borloo ou d’un Plan de retour à l’emploi suffit à leur faire rebrousser chemin. Au kilomètre 50 cheminent ceux pour qui l’exclusion perdure. Ils sont déjà pauvres depuis dix, quinze, vingt ans. "Le père ne travaille plus depuis longtemps, les enfants ont déjà bu la tasse, ils échouent à l’école", traduit Gérard Bureau. Enfin, au kilomètre 500 traînent les miséreux. "Ce sont souvent des enfants de la Ddass, des héritiers de la misère. Ils sont d’un autre monde, le logement HLM et ses obligations ne leur correspondent pas..."

Politique du bout du nez

Autant de cas particuliers qui rendent les solutions complexes. D’autant plus que certains choix se révèlent mauvais, constate Gérard Bureau. "En 1954, ce fut une mobilisation extraordinaire. On a construit des cités d’urgence en matériaux précaires pour abriter la population en souffrance. Elles étaient prévues pour durer deux, trois ans. Elles sont restées vingt-cinq ans." Pour cet attaché au centre de Noisy-le-Grand en Seine-Saint-Denis, la réponse politique face à la misère est systématiquement provisoire. Côté habitat, camps de fortune en 1955, cités HLM dans les années 1970, hôtels et centres d’accueil aujourd’hui. Côté nourriture, banques alimentaires et opérations coups de poing à l’approche de Noël.

Mais de politique longue durée, point ou presque, s’alarme-t-il. Un constat d’échec à l’heure où les hôtels insalubres brûlent et où les banlieues HLM s’embrasent. Restent quelques solutions, accueillies plus ou moins tièdement par les spécialistes. La création d’emploi ? "Elle est une condition nécessaire mais non suffisante. Elle touche avant tout ceux qui sont près du marché du travail", explique Jacques Freyssinet. Autrement dit, les joggeurs du premier kilomètre. L’augmentation du Smic ? Oui, sauf qu’elle risque d’entraîner une plus grande exigence de qualification, et donc un retour par la case chômage pour les moins diplômés.

Restent ça et là quelques bonnes solutions. En ciblant avec précision, certaines font mouche. Exemples : pour les personnes surendettées, la loi Borloo de rétablissement personnel adoptée en 2004 ou, pour les familles monoparentales, l’allocation de parent isolé. Mais quid du peloton des pauvres non concernés par ces cas particuliers ? "Pour s’engager en matière de réduction de la pauvreté, il est plus réaliste de fixer des critères absolus et non relatifs", propose Stéfan Lollivier de l’Insee. Car s’attaquer directement au seuil de pauvreté est une chimère - tout simplement parce qu’il dépend des revenus du reste de la population.

La solution ? "Un gouvernement pourrait décider qu’aucune personne résidant en France ne disposera de moins de tant d’euros par mois, ou garantir un nombre maximum de personnes par habitation, des logements plus salubres...", imagine Stefan Lollivier. De fait, jouer sur les conditions de vie est sans doute la meilleure façon d’aider des bataillons de Français à remonter la pente vers un niveau de vie acceptable.

Jean, Sara, Marie-Josée et Eliani nn’ont que cet espoir en tête. Terra Economica est allé à leur rencontre avec ce seul objectif : comprendre ce que signifie "être pauvre aujourd’hui en France."


Pire que pauvres... riens du tout

Exclus des exclus : les Sans Domicile Fixe. Les chiffres de la pauvreté ignorent leur vie de galère quotidienne. Parmi eux, les sans-abris qui dorment au pavé des rues ou dans les dortoirs des foyers d’accueil. Selon l’Insee, ils seraient 86000. Parmi eux, aussi, les occupants des centres d’accueil pour jeunes mères ou encore les prisonniers. Dernier point, la population des sans-papiers échappe elle aussi à la maille étroite du recensement de la pauvreté. Or, tous ces personnes tutoient souvent l’extrême misère.

Articles liés :
Carte postale de la pauvreté

25 bouches à nourrir avec 140 euros par mois

Seuil de pauvreté : l’indice cache-misère

Test interactif : où en êtes-vous avec la pauvreté ?

Faites réagir vos proches, diffusez l'info !
Vous aimez Terra eco ? Abonnez-vous à la Newsletter

Rédactrice en chef à « Terra eco ».

TOUS LES COMMENTAIRES
COMMENTAIRES SÉLECTIONNÉS
RÉPONSES DE LA RÉDACTION
Trier par : Plus récents | Plus anciens
Affichage : Voir tout | Réduire les discussions
Soyez le premier à réagir à cet article !
PUBLIER UN COMMENTAIRE

Un message, un commentaire ?

  • Se connecter
  • Créer un compte

publicité
1
publicité
2
    Terra eco
    Terra eco
publicité
3
SPIP | squelette | | Plan du site | Suivre la vie du site RSS 2.0
publicité
bas