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Le nucléaire à la croisée des chemins

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Le nucléaire à la croisée des chemins
(Crédit photo : Alexandre Duret-Lutz / Flickr)
 
« Il y aura pour la France un avant et un après Fukushima » estime Pierre Moscovici, député PS du Doubs, qui appelle au développement des énergies renouvelables mais met aussi en garde contre une sortie brutale du nucléaire.
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ÉCOLOGIE SOCIÉTÉ ÉCONOMIE
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Il y aura, pour la France aussi, un avant et un après Fukushima. D’abord, parce que le Japon est un pays de l’OCDE, parmi les plus développés au monde, et qu’il y a tout lieu de croire que les mesures de sécurité y sont d’autant plus draconiennes que les risques sismiques sont élevés. Le fait que les pires scénarios prévus par les ingénieurs japonais aient été dépassés n’est pas sans conséquence sur notre propre politique de sécurité. Ensuite, car il est probable que l’acceptation par la population du risque nucléaire soit sérieusement et durablement entamée. Si les développements futurs sont encore incertains à l’heure où ces lignes sont écrites, la situation actuelle rend un éclairage particulier sur notre pays, son électricité à 75% nucléaire et ses 58 réacteurs.

Si la psychose montante ne me parait pas créer les conditions idoines pour un referendum, l’éventualité d’une catastrophe doit également nous conduire – à l’opposée de l’attitude crispée du gouvernement – à exercer un « droit d’inventaire » sur les choix historiques qui nous ont conduit à un mix électrique à 75% nucléaire [1]. Cette réflexion est d’autant plus nécessaire que la discussion est toujours restée confinée à des cercles d’experts. Ce manque de transparence manifeste sur les enjeux humains, écologiques, financiers et stratégiques ne peut qu’alimenter les peurs. Il nous faut donc rendre le débat au public, mais sans tomber dans l’excès démagogique inverse et sans instrumentaliser politiquement la douleur des Japonais.

Qu’en penser, ensuite, sur le fond ? D’abord, que sortir de cette hypertrophie est indispensable, mais prendra du temps. Le nucléaire est à ce stade une énergie de compromis, qui nous permet une certaine indépendance énergétique tout en participant des objectifs de réduction des émissions de gaz à effet de serre et en assurant une certaine sécurité des prix. Ce « rééquilibrage maitrisé » est d’autant plus nécessaire que si les énergies renouvelables (EnR) représentent l’avenir, elles ne sont pas encore des technologies totalement matures. La possibilité qu’une sortie brutale du nucléaire aboutisse ainsi à la victoire du… gaz n’est pas à négliger. Ceci avec des conséquences considérables : un impact en CO2 quatre à cinq fois plus élevé et l’obligation d’importer une grande part de notre consommation depuis la Russie ou le Moyen-Orient. Les nouvelles énergies n’ont par ailleurs rien à gagner à s’aliéner l’adhésion populaire par une augmentation brutale et inconsidérée du coût de l’électricité.

Il nous faut donc investir significativement et durablement dans la technologie industrielle liée aux énergies renouvelables afin qu’elles puissent prendre la relève au plus vite – à l’opposée du stop-and-go délétère du gouvernement. Mais sortir du nucléaire passe aussi et surtout par une meilleure isolation de nos bâtiments et une modification substantielle de nos habitudes de consommation. On oublie trop souvent que l’essentiel des gains potentiels passe par la maitrise de la demande. La France doit enfin, autant que possible, aligner le niveau de sureté des centrales sur les meilleurs standards mondiaux, y compris dans son choix de technologies.

Quel que soit l’option retenue, la priorité est à ce jour à la solidarité et au soutien humanitaire et logistique. Les débats devront ensuite être menés de manière approfondie et transparente, afin de décider en conscience de ce que doit être notre politique énergétique de demain, avec les risques et les opportunités qu’elle implique.

[1] Pour mémoire, le 2e pays le plus nucléarisé, l’Ukraine, est à 48%. Le Japon pointe, lui, à 30%

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Député socialiste du Doubs.

7 commentaires
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  • personnellement je suis pour sortir du nucléaire effectivement prendre le temps qu’il faudra (et encore aurons nous assez de temps la planete nous le rapelle assez souvent mais cela n’a pas l’air suffissant) pour développer des énergies renouvelables respectueuse de la planète. Il est primordiale que les politiques prennent conscience que l’humanité doit savoir si elle veut vivre ou mourir, je pense que le peuple le sait, mais les politiques je me demande car ils ne font que reculé les échéances d’une autre vie qui se profile malgré eux, si le peuple sait qu’il va falloir apprendre a vivre autrement, et qu’ils a meme commencer a le faire depuis un certains temps, est ce que les politiques sont pret a comprendre que grâce au lobbies nous devellopons une économies mortels car ils nous conduisent droit aux suicides. Mais ils faudrait qu’ils lâchent leurs pouvoirs et certains humains ne fonctionne que comme ça.
    Ils font tourner l’économie existantes de part leurs bénéfices, leurs investissements, mais ne peut on pas vivre sans eux comme on pu le faire nos ancetres.
    Moi je reste persuadés que l’économies liées au développement humains et sociales est une clef pour l’avenir de l’humanité.Je préfère personnellement donner de l’argent pour cela que pour les grands lobbies qui nous manipulent constamment, croyant en plus que nous ne voyons pas leurs stratégies de pouvoirs.

    7.04 à 22h03 - Répondre - Alerter
  • On peut gloser ad-vitam sur le nucléaire français pour lui trouver des vertus.
    Tant qu’on n’aura pas d’informations claires sur son cout réel, ses risques réels, son histoire vraie, une acceptation réelle et en connaissance de cause par les populations, le nucléaire restera une saloperie imposée par une caste autoritaire.

    Ou alors on accepte une forme de dictature.

    Les ceux-ce qui osent encore des arguments du genre :
    Est-ce que les gens accepteraient ceci ou cela (payer plus, attendre que le courant arrive ... ) ?
    Alors qu’on ne leur a jamais rien demandé jusqu’à présent - mais fait une propagande effrénée et continue pour consommer plus depuis 50 ans !
    Je pense notamment au chauffage électrique, aux normes d’isolation bidons, car non appliquées ...

    C’est se moquer du monde, des principes élémentaires de démocratie (libre arbitre et informations) et prendre les gens pour des débiles mentaux.

    Plus grave, c’est oublier que la fin ne justifie pas les moyens dans une société de gens libres,
    c’est oublier que le réel maitrisable doit être une construction partagée pour bien vivre et non la réalisation des possibles, le rentable.
    C’est oublier que les choix des uns doivent se faire avec l’acceptation des autres, ou c’est sombrer dans des conflits perpétuels et qui nous pourrissent la vie - c’est pas bien long la vie, et des gens passent leur temps à nous l’empoisonner, surveillances, contrôles, propagandes, arnaques, mensonges, ...

    Décréter que le nucléaire est indispensable est arbitraire, donc dictatorial.
    Surtout si les populations ne sont JAMAIS consultées, vu les risques encourus pour des millénaires.

    La démocratie ( système social respectant les principes démocratiques) est un processus perpétuel et difficile. Sans, on se bat contre tous en permanence (notre Système pourrissant), avec on s’accorde et on profite de la vie.

    6.04 à 20h53 - Répondre - Alerter
  • Il est toujours très facile de critiquer le choix du nucleaire, et philosopher sur le sujet... Mais concrètement :

    - Qui est pret a diviser par 2 sa conso d’energie ? Supprimer son sèche linge très "énergivore", sa plaque de cuisson a induction (faute de gaz de ville), son ballon d’eau chaude, etc... ? Quid du système de chauffage hors des villes ?
    - Qu’utiliserons nous pour "recharger" nos futurs voitures électrique destinée à remplacer le pétrole ? Bien sur il nous suffirait de ne pas avoir de voiture et de prendre le métro comme tout le monde... ah j’oubliais le metro ne va pas partout !!

    Les conseils de certains de nos amis bobo-écolo me font tout autant rire que ceux de notre Christine LAGARDE national qui propose de rouler moins vite et de gonfler ces pneus pour réduire le cout de l’augmentation du baril...

    L’écologie doit avoir une place importante, et personnellement je "n’aime pas" le nucléaire et les dangers qu’il représente... Mais arrêtons la démagogie ! Arrêtons également l’utopie qui vise à nous faire croire que nous pouvons du jour au lendemain changer notre mode de vie et les moyens de production de notre énergie ! Même a recouvrir 50% du territoire avec les éoliennes, jamais nous ne compenserons ce que nous consommons en nucléaire... Installer des panneaux solaires fabriqué en chine (et donc importé par bateau) et contenant des métaux lourds (mercure, etc...) ? Le tout pour un rendement de 10 a 15% ? La bonne affaire... Le seul intérêt aujourd’hui du panneau solaire est de... gagner de l’argent, puisque ce qui est produit n’est (surtout) pas utilisé sur place, mais revendu !

    Oui le nucléaire ca craint, oui le nucléaire est potentiellement dangereux, oui l’industrie du nucléaire est un lobbies bien trop puissant, mais après 40 ans d’utilisation et de construction de centrale, il faut vraiment être à coté de la plaque pour croire qu’en 3 clics de souris nous trouverons de nouvelles solutions... A l’heure actuelle aucune des énergies renouvelable n’est réellement adaptée, et dans ces domaines la aussi nous avons à faire à de sacré lobbies ! Celle de l’éolienne par exemple... Qui coute cher, très cher à fabriquer, qui pollue lors de sa conception et de son transport par camion depuis la Hollande...), mais qui fait croire a tout le monde que c’est l’avenir ! Le voltaïque... dont le rendement est de plus en plus contesté, et qui contient de nombreux matériaux polluants, le tout fabriqué en chine et transporté par bateau... etc, etc...

    Pour conclure, les belles idées c’est mignon, et on en a tous (moins de guerre dans le monde, moins de pauvreté, de la nourriture pour tous, une vie douce et agréable pour nos enfants, etc, etc...), mais c’est pas avec des idées qu’on trouvera des vraies solutions, techniques, concrètes et réaliste.

    16.03 à 14h41 - Répondre - Alerter
  • En 1970 la recherche française était en pointe sur le solaire, mais le lobby nucléaire déjà ultra-puissant a réussi à imposer le tout nucléaire en faisant l’impasse sur la gestion des déchets dont on ne sait toujours pas quoi faire quarante ans plus tard. Simultanément on a sucré les crédits pour les recherches sur les énergies renouvelables et aujourd’hui la France a un retard considérable dans ce domaine alors que tout un chacun peut constater qu’en Forêt noire nos voisins allemands équipent leurs toits de panneaux photovoltaïques (dans certains villages plus de 85% des toits sont équipés aussi bien ceux des habitations que les bâtiments agricoles) développés grâce au Fraunhofer Institute et fabriqués par des industriels allemands. Il en est de même du développement de l’éolien.
    En France où nous avons pourtant plus de soleil et beaucoup de vent on bloque les projets et l’EDF AREVA et Suez nous bassinent avec le problème du stockage de l’énergie et de la non permanence du soleil, au lieu de développer les solutions de partage par quartiers qui sont développées aux USA par exemple et de mettre le paquet sur les batteries (pour lesquelles depuis des décennies on bloque toute avancée technologique majeure ). Et nos gouvernants ne sont que les marionnettes de ces lobbies du nucléaire.

    16.03 à 12h03 - Répondre - Alerter
  • Le nucléaire est à ce stade une énergie de compromis, qui nous permet une certaine indépendance énergétique tout en participant des objectifs de réduction des émissions de gaz à effet de serre et en assurant une certaine sécurité des prix.
    => 74% de nucléaire ne peut être ajusté a la consommation avec seulement 12% d’hydroélectrique... il faut d’autres énergie de pointes : CO2
    => pour fournir 407TWh en 2010, il a fallu enrichir combien de kilos/tonnes d’uranium avec l’apport énergétique que ça représente et l’extraction minière qui va avec.
    =>avec une ressource limité, extraite a l’étranger par un marché qui se l’arrache, combien de temps pourrons nous croire encore que le cout de production sera stable, maitrisé et peut onéreux.

    Ce « rééquilibrage maitrisé » est d’autant plus nécessaire que si les énergies renouvelables (EnR) représentent l’avenir, elles ne sont pas encore des technologies totalement matures.
    => l’éolien est mature depuis plusieurs années
    => le Pv est assez mature pour etre massivement utilisé
    => le gouvernement n’est pas assez mature pour divorcer du dogme de l’atome
    => l’usage force la maturité, le nucléaire est loin d’être mature (preuve en est) et pourtant le gouvernement en redemande.

    16.03 à 09h53 - Répondre - Alerter
  • Un article édifiant sur le sujet : http://www.lenouveleconomiste.fr/JV...

    15.03 à 19h11 - Répondre - Alerter
  • Les choix énergétiques sont avant tout des décisions politiques. Autoriser ou pas l’exploitation d’une ressource donnée. Les technologies autres que le nucléaire existent, encore faut-il les financer :
    http://jeanpierre.becker.free.fr/Ae...
    Mais le propre des hommes politique, c’est de manquer de courage.

    15.03 à 15h41 - Répondre - Alerter
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