Roulez citoyens, les paysans veillent ! A l’heure où la sobriété énergétique, la pollution atmosphérique et la société sans pétrole font la une de l’actualité, les champs du monde entier sont sollicités pour alimenter nos voitures. Alors, plutôt que d’envisager de nouveaux modes d’échange et de transport, on cherche le substitut, « l’elixir magique » selon les propres termes de George W. Bush, pour remplacer le sacro-saint pétrole. Avec les carburants des champs, on croit avoir trouvé la solution. Et on peaufine les mots pour le dire. Pourquoi « biocarburant » ?
Le terme est équivoque, car le pétrole végétal n’est absolument pas bio. Il vaut mieux parler d’« agrocarburant », c’est-à-dire de combustible provenant de l’agriculture. Ce remède n’est-il finalement pas pire que le mal ? Les agrocarburants plaisent aux gouvernements car ils caracolent en tête des solutions faciles et rapides à mettre en œuvre pour réduire – à court terme – les émissions de gaz à effet de serre du secteur des transports.
Pourtant, leur bilan environnemental est loin d’être positif. Leur production nécessite des intrants… issus de l’industrie pétrolière, de l’eau, et bien sûr, beaucoup de surfaces cultivables. L’usage de terres arables pour alimenter les voitures met en péril l’alimentation humaine, surtout dans les pays les plus pauvres où les populations ne pourront suivre l’augmentation du prix des denrées alimentaires. Les automobilistes des pays riches sont-ils prêts à imposer un nouveau chantage aux populations pauvres, à savoir « pétrole végétal contre nourriture » ?
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