publicité
haut
Accueil du site > Actu > Le marketing expliqué à ma mère > Candia fait un peu trop mousser son lait du cru
18-05-2012
Mots clés
Décryptage

Candia fait un peu trop mousser son lait du cru

Taille texte
{#TITRE,#URL_ARTICLE,#INTRODUCTION}
Candia fait un peu trop mousser son lait du cru
(DR)
 
Ce lait de proximité, produit et vendu localement dans quatre régions françaises, fête sa première année en rayon. Plus que son éthique, c'est sa com qui nous semble bien rodée.
Le Baromètre de cet article
ÉCOLOGIE SOCIÉTÉ ÉCONOMIE
SUR LE MÊME SUJET

Il y a un an, le « Lait de ma région », lancé par Candia, déboulait dans les étals des Pays de la Loire, des Pyrénées, des Plaines du Nord et de Rhône-Alpes. Car c’est bien là sa particularité : être produit, collecté, conditionné et distribué à l’échelle d’une même zone géographique. Sur la brique de lait, les producteurs associés à cette démarche sont mis à l’honneur, photo et carte géographique à la clé. Tout sent bon l’herbe pâturée et résonne d’un air léger. On rêvait du bonheur est dans le pré, Candia l’a fait pour nous. Vraiment ?

Sodiaal-Candia, coopérative mastodonte

Pour fêter la première bougie du Lait de ma région et avant de lever un verre (de lait) à cette initiative, Terra eco a eu envie de goûter ce nouveau produit d’un peu plus près. Car un point nous tracassait : Candia est tout de même l’une des marques de Sodiaal, la première coopérative laitière française. Coopérative, certes, ce qui signifie qu’elle appartient aux producteurs de lait adhérents. Mais elle n’a rien de la petite structure créée dans la vallée près de chez vous, par quelques dizaines d’éleveurs associés pour vendre leur production en direct au consommateur. Sodiaal est un mastodonte, 5e groupe laitier européen. Il regroupe 13 000 producteurs, réalise 4 milliards d’euros de chiffres d’affaires en collectant 4,1 milliards de litres de lait. On en boirait presque la tasse. Et on sourit, en lisant au dos de la brique les valeurs du monde coopératif que Sodiaal ne manque pas d’égrener.

En 2009, en pleine crise du lait, Sodiaal faisait bien, elle aussi, partie des « industriels » sur les pieds desquels les éleveurs à bout de souffle déversaient des litres de lait en signe de protestation. Les raisons de leur colère ? Une baisse de prix sans précédent, de près de 90 à 105 euros pour 1 000 litres de lait, soit moins 30%. Dans le même temps, les produits de grande consommation écoulés en France, qui constituent 50% du débouché du lait français, affichaient une hausse des prix de 6% à 10% ! Et les charges des éleveurs ont, elles, entre 2006 et 2009, augmenté de 25%… En d’autres termes : avec de tels prix, les éleveurs travaillent, ne gagnent pas d’argent, et en perdent même ! Les conséquences, on n’en parle pas assez : en France, chaque année, entre 400 et 800 agriculteurs mettent fin à leur jour.

La solution de la vente directe et locale

Pour sortir de cet engrenage dans lequel ils n’ont plus le pouvoir, quelques producteurs s’unissent en associations régionales, vendant leur lait en direct aux consommateurs. Un produit local, qui recrée du lien entre éleveurs et consommateurs, ça ne vous rappelle rien ? Exactement le créneau sur lequel surfe aussi le Lait de ma région de Candia. Se faire couper l’herbe sous le pied par les « grands » n’a rien de nouveau. « En 2007-2008, avec d’autres producteurs, nous avions eu l’idée de lancer un lait “made in” Pays de Fougères, la région de Bretagne où nous travaillons. Il aurait été fabriqué et consommé localement. On aurait par la suite pu décliner ça dans plusieurs régions. Quand nous avons exposé ce projet aux politiques locaux, ils n’ont rien compris », raconte Denis Jehannin, vice-président de l’Association des Producteurs de Lait Indépendants. « Mais six mois plus tard, le “Lait d’ici” sortait, lancé par la Fédération nationale des producteurs de lait et Orlait (qui fédère les entreprises du lait, dont Coralis, Sodiaal…). On s’est fait voler le concept. Il aurait fallu le déposer. Maintenant que les industriels ont pris l’idée en main, c’est trop tard ».

Chez Candia, on est effectivement convaincu que le « régionalisme laitier » a du bon. « Cette gamme a été lancée pour répondre à un besoin des consommateurs de savoir d’où viennent leurs produits, de savoir que le lait qu’ils achètent très régulièrement a été produit, collecté et transformé à côté de chez eux. L’idée était aussi de proposer un lait régional qui a la caution d’une marque nationale, Candia. C’est important en terme de notoriété, car quand un nouveau produit arrive en rayons, le consommateur ne sait pas d’où il vient, qui le produit, donc il repère aussi le produit en rayons parce qu’il porte le logo », explique Charlotte de Bayser, chef du projet Lait de ma région.

Porteur, le concept l’est donc plus que tout en terme de marketing. Quid des « producteurs de ma région », qui affichent leur trombine sur la brique de lait ? Là, on s’emmêle un peu les pinceaux. « On a mis en place des animations en magasins où les producteurs concernés par le produit viennent répondre aux questions des consommateurs », poursuit la chef de projet Candia. Mais dans le même temps, impossible de dire combien de producteurs sont associés à la démarche… « On s’assure que ce lait vient du département, mais vous dire qu’il vient de tel ou tel producteur, c’est difficile », explique-t-elle. Le lait, identifié comme produit dans les départements concernés, est en effet collecté globalement par Candia. Une petite partie seulement est dédié au Lait de ma région », le reste à d’autres produits. Où l’on en revient à l’idée de « coopérative », version Candia : pour la proximité chantée entre producteurs et consommateurs, on repassera.

La brique Lait de ma région » est en moyenne vendue 0,79 euro le litre. Un peu moins que celle de « Grand Lait », le classique de Candia (0,85), gain de coût de transport oblige. Quid du prix reversé à ces producteurs locaux ? Impossible de le connaître, « pour raisons commerciales ». Ce qui est sûr, c’est qu’être éleveur pour le Lait de ma région ou pour le plus classique des laits Candia ne change rien à la rémunération. « Il n’y a pas de contrepartie individuelle [à un engagement dans cette démarche] car le principe de la coopérative, c’est l’équité des paiements des producteurs et la solidarité. Tout ce qui permet d’améliorer la valorisation de la coopérative bénéficie à l’ensemble des producteurs, et pas davantage à certains et pas à d’autres », explique Gwenaëlle Garnier, membre de la Direction du développement coopératif de Sodiaal Union.

Le prix moyen du litre de lait payé aux producteurs en France au deuxième trimestre 2012 est de 32,6 centimes, d’après l’observatoire des marchés de Web Agri. Ce qui donne une idée du prix auquel le lait est acheté par Candia. Depuis la crise de 2009, les producteurs continuent pourtant de réclamer un minimum à 40 cts. « C’est celui qui nous permet de vivre de notre travail. Les prix ont un peu augmenté après la grève, mais nos charges sont toujours plus importantes », confirme Denis Jehannin, de l’Association des producteurs de lait indépendants (Apli).

Candia n’est cependant pas indifférent au sort des producteurs laitiers. « Nous essayons de développer de nouvelles offres, de valoriser nos produits, pour que le consommateur comprenne que le lait a un coût et ce qu’est un juste prix », répond Charlotte de Bayser. Et en dehors de l’équation « j’augmente les volumes écoulés = je compresse mes charges et je peux éventuellement mieux payer les producteurs », la grande coopérative solidaire soutient-elle aussi humainement ses adhérents dans une passe difficile ? Le mot « soutien psychologique » les fait sourire. « Ce n’est pas notre rôle ni notre vocation », rétorque-t-on.

Alors, la première bougie du Lait de ma région », on la souffle ? Pas vraiment. Mais celle de la communication qui sait noyer le poisson dans le lait, on peut par contre y aller à pleins poumons. Cette brique-là, en restant locale, fait au moins du bien à l’environnement. Mais le Lait de ma région » n’est au final rien d’autre que du lait Candia… sur lequel on a collé une photo de producteur.


Avis de l’expert : 2,5/5

Gildas Bonnel, consultant en communication responsable

« La traduction publicitaire du concept n’est pas mauvaise. Mais la stratégie marketing qu’il y a derrière pose problème : la marque tente un grand écart entre sa réalité industrielle et l’offre produit, à un moment où le consommateur est particulièrement sensible au made in France, à la notion de terroir. La promesse marketing ne répond pas à ce que le consommateur est en droit d’attendre d’un tel produit en termes d’impact sur l’emploi et la qualité de vie des éleveurs dans la région. L’utilisation de l’argument local est abusive. »

- Le site de Blog Adwiser

Faites réagir vos proches, diffusez l'info !
Vous aimez Terra eco ? Abonnez-vous à la Newsletter

Une enfance en pleine nature jurassienne, des études de biologie et de géologie, l’envie de transmettre cette passion pour le monde vivant, et le monde tout court, et un goût sans limite pour les nouvelles contrées. Alice est journaliste scientifique.

17 commentaires
TOUS LES COMMENTAIRES
COMMENTAIRES SÉLECTIONNÉS
RÉPONSES DE LA RÉDACTION
Trier par : Plus récents | Plus anciens
Affichage : Voir tout | Réduire les discussions
  • Je crois que tout a été dit. Mais je rajoute si que le système industriel a permis de pallier aux manques de l’après guerre, il a été perverti par la cupidité et a favorisé le vol et bradage officiel des terres + piège à cons que sont les gros agriculteurs qui se sont vendus à leurs banquiers et restent ainsi leurs serviteurs à jamais ! Croire que vivre à crédit peut durer éternellement, faut ne pas avoir dépassé l’évolution du cul d’1 vache !
    Au lieu de favoriser la mutualisation générale des compétences et des outils de production, vos dirigeants veulent relancer l’industrialisation du tout, sans prévoir la fin de la synthèse de ce qui se rabougrit en peau de chagrin ! N’exister que pour bouffer et multiplier ses déchets, misérable est votre pseudo môôôdernité ! Savez vous pourquoi Marinaleda reste la seule commune d’Andalousie où il n’y a ni chômage, ni police ?

    20.08 à 11h22 - Répondre - Alerter
  • Je trouve votre article intéressant, mais très à charge (connaissant un petit peu le milieu du lait comme d’autres milieux de l’agro alimentaire).... Quelques mots pour rétablir la vérité sur des points qui me semblent être des propos trés orientés...

    "la grosse coop en opposition à la petite coop locale".... Sodiaal n’est que la résultante d’un marché déboussolé qui a mis fin à un nombre inconcidérable d’arrêts de petites structures locales de collecte laitière.... et qui ont, au gré des années, été obligé, pour survivre de rejoindre d’autres structures de production. Sodiaal à fait, il y a plusieurs décénies, le pari du développement d’outils industriels pour valoriser la production de leurs sociétaires... ce qui à sans doute contribué au fait d’être toujours la en 2012 contrairement aux autres qui sont restés dans un schéma de vente de production à industriels privés... En récupérant en son sein les producteurs des petites coops, Sodiaal a grossi. Dernier "engrossement" plus que visible : Les producteurs d’entremont... et sodiaal passe de 9000 producteurs à 13 000.... no comment. Qui était à la barre d’Entremont ? Albert frères, qui vise bien plus les 10 % de résultats plutot que la préoccupation des producteurs... et qui a préféré abdiquer que de résoudre cette équation sans solution.

    Il n’en reste pas moins que Sodiaal reste présente dans plus de 60 départements français... assurant, faut-il le rappeler, la collecte sur tout le territoire métropolitain. Y compris au fin fond de départements qui ne font pas réver les optimisateurs de cout de collecte comme les hautes Alpes, l’Auvergne pour ne prendre que quelques exemples de territoires très escarpés aux volumes par producteur les plus faibles. Est-ce le point faible de la moyenne d’autres opérateurs comme Laita, Lactalis ou Bongrain ?. Comment, dans ces conditions, peut-on expliquer la moindre proximité d’une coop locale avec une telle implantation ?

    "La grosse coop qui a participé à la baisse du lait... " Vision qui si on regarde le prix du lait sur ces périodes, peut être évoquée. Mais prenons un peu de hauteur. Sodiaal s’est - il enrichi sur cette période ? Pas vraiment compte tenu du résultat médiocre du groupe sur toutes ces dernières années. Aucun résultat groupe au déla de 1 % du chiffre d’affaire sur les 10 dernières années. Pas de quoi faire rêver quelconque actionnaire ou trader de service qui se délecte des entreprises à résultats à prés de 2 chiffres. Ce résultat faible est d’ailleurs sans doute le point faible N° 1 de ce groupe pour assurer son avenir...

    Faut-il regretter les petites coops locales à forte valorisation ? On peut, bien sûr. Comme en Porcs, en Volailles, en Bovins viande...ou peut regretter aussi la construction imposée par le marché des mastodontes agro alimentaire (pour n’en citer que quelqu’un : Bigard/socopa, LDC, Cooperl... ). L’une des réponses évoque le fait de boire du lait de riz en remplacement (ça va faire plaisir à mon grand-père qui a passé 42 ans de sa vie à entretenir les pâturages de son exploitation en zone montagne et qui régale aujourd’hui les yeux des citadins qui viennent se promener sur les chemins de terre qu’il a ainsi construits et entretenus). Ce lait est-il fait par une petite coop locale ? Sans connaitre ce marché, j’en doute fort...

    Alors qu’une coop comme Sodiaal prend des initiatives pour valoriser ses points faibles (collecte + couteuse que la plus part des autres opérateurs) en créant le lait de nos régions, c’est parce qu’elle le peut : elle collecte sur tous ces bassins ! et n’oublie pas d’essayer de valoriser au mieux cette diversité : Lait bio, Lait de montagne, Lait "oui aux petits producteurs", pour ne citer que ceux qui révèlent le plus l’appartenance à la diversité des producteurs Sodiaal.

    "Il nous empêche de"... je trouve cela rigolo.... je connais 2 producteurs (et il y a sans doute d’autres cas bien sûr !) qui ont pris l’initiative de mettre à disposition leur lait dans des distributeurs de lait frais en centre-ville, proche du consommateur... tous deux adhérant à Sodiaal ! Pourquoi n’ont-ils pas été "empêchés " eux aussi ?

    Voici une réponse à la proximité évoquée par le prescripteur de lait de riz : les distributeurs permettent de raccourcir le circuit. Reste plus qu’à aller le chercher à pied ou en vélo : il serait dommage de rejeter du carbone, puisé au plus profond de notre terre, pour le mettre dans le réservoir de notre belle voiture (coréenne ?) et le forcer à rejoindre l’atmosphère chaque jour un peu plus chargée.

    Bonne transition, Monsieur le prescripteur de lait de riz : les vaches françaises consomment-elles du carbone qui n’a pas été photosynthétisé par des plantes ? Réfléchissez à cela à chaque fois que vous tournez la clé de votre voiture.... "D’ou vient le carbone que ma vie m’impose d’utiliser ?"... vous verrez peut être votre bouteille de lait de vache sous un angle un peu différent.

    19.05 à 11h10 - Répondre - Alerter
    • Demat petit fils de producteur de lait votre analyse est très pertinente sauf que le nouveau contrat proposer au producteurs ne leur permet pas de vendre en directe ,nous essayons étant ancien entremont d’avoir la possibilité à l’expérimentation et au lieu de se contractueliser sur 5ans de le faire juste pour 1 an pour mettre notre projet en route qui consiste à faire du lait de notre région sans OGM bleu blanc coeur enrichi en omega 3 et des pot de crème fraiche idem.
      Mais nous avons une non réponse de sodial et on nous permet pas de leurs exposés notre projet et nous devons signé fin juin
      pour info 70% du lait collecté est transformé et revendu en France , le prix du marché spot va tomber a 250 € /1000l à cause de la baisse du marché mondial et les PV en rayon ne baisserons pas
      pour info nous travaillons actuellement à 3€/h
      A Galon
      Bien à vous

      19.05 à 13h10 - Répondre - Alerter
      • Bonjour Sica Kreiz Breizh
        J’apprécie qu’un producteur comme vous réponde sereinement à mon post... visiblement, certains lecteurs me trouvent trop tendre comme le beurre de printemps face au mastotonde....
        Il n’est pas normal que votre travail ne soit rémunéré qu’a 3 € de l’heure. Personne ne peut et doit supporter cela. Il doit forcément y avoir des pistes d’amélioration . Prix du lait et optimisation technique font parti de la boite à outils pour ce grand chantier.
        Je connais votre métier et connais la capacité extraordinaire des agriculteurs éleveurs à systématiquement vouloir s’en sortir dignement. Je suis certain que vous faites partie de cette catégorie de Français. Je vous souhaite plein de courage pour la suite de vos différents projets qui à n’en point douter passera par des négociations serrées avec vos interlocuteurs !
        Bien à vous.

        22.05 à 19h37 - Répondre - Alerter
    • Attention !
      Le carbone consommé par les ruminants est rendu, par partie, sous forme de méthane (les rots !). Le méthane à une contribution à l’effet de serre 10 fois plus important que le CO2. Ainsi, un ruminant, contrairement à une cheminée ou un poele à bois, n’a pas un bilan "effet de serre" neutre.

      21.05 à 10h18 - Répondre - Alerter
      • PetitFilsdeProducteurDeLait : Il y a carbone et carbone !

        Bonjour Cartus,
        Oui, carbone et carbone... enfin, molécule contenant et molécule contenant....
        CH4... 22 fois en équivalent carbone non ? (et non dix)
        Je ne suis pas spécialiste chimiste.... mais que devient le Ch4 dans l’air au bout de plusieurs années ? Ne revient-il pas sous forme de CO2 ? À effectif constant de bovins, et sur plusieurs décennies, tout cela ne retourne-t-il pas potentiellement dans le cycle de la nourriture de ces animaux ?
        Là où cela te donne raison, c’est que la population mondiale bovine augmente... contribuant effectivement, à l’augmentation réelle de la production de méthane lié aux vaches ... Le monde agricole s’en préoccupe : des initiatives visant à réduire les émissions de CH4 commencent à voir le jour, comme la démarche Bleu Blanc Coeur que SICA KREIZ BREIZH a citée. Deuxième élément qui va en défaveur des vaches.... le transports de la nourriture, les engrais chimiques pour faire pousser les fourrages... le bilan C n’est pas dans ce cas la, neutre. Carton jaune pour mes chères vaches et ma bouteille de lait !

        22.05 à 20h57 - Répondre - Alerter
        • Bonjour,
          sans être chimiste non plus, voici les principales figures concernant le méthane en tant que GES :
          Sa durée de vie dans l’atmosphère est de 12 ans, au termes desquelles il sera dégradé. Cette durée de vie alliée à celle de ses produits de dégradation en font un GES 72 fois plus "puissant" que le CO2 à vingt ans de terme et 25 fois à 100 ans.

          Par ailleurs, le méthane issu des ruminants (domestiques et sauvages) est bien moins préoccupant à mon sens que celui qui commence à se libérer des pergélisols (ou permafrosts), sols normalement gelés en permanence sur plusieurs dizaines de centimètres de profondeurs dans un schéma climatique non réchauffé par l’homme, mais qui commencent à perdre la permanence de cette caractéristique. Alliées à la puissance du méthane en tant que GES, les quantités colossales qui menacent d’être libérées à vitesse croissante en raison de l’effet d’emballement causent une inquiétude extrême chez les climatologues et pourraient rendre même caduque la modélisation la plus haute des experts du GIEC...

          Grosso modo, plus de méthane captif se libère, plus il s’en libèrera, plus la concentration en CO2-Eq augmentera, plus le principal puits de carbone que sont les océans va s’acidifier, jusqu’à atteindre un point de déséquilibre qui ne lui permettra plus de stocker et risque même selon les projections les plus pessimistes d’inverser ce rôle...

          Dans de telles conditions, les vaches risquent de ne plus produire de lait, mais directement du beurre... Je pense donc, comme cela a été dit dans un autre commentaire, qu’il vaudrait mieux faire le procès d’une agro-industrie pétro-junkie et mondialisée - ave toutes les hérésies que cela comporte [déforestation directe ou induite là-bas pour produire du soja à destination de l’élevage d’ici, entre mille autres] - que celui d’éleveurs dont on ne peut ni envier les conditions de travail ni l’étranglement financier par les multinationales du secteur, tout camouflées en coopérative soient-elles...

          L’urgence absolue dans le domaine de l’agriculture française et européenne va à une mutation complète de la PAC sur les axes majeurs du renoncement aux pratiques "agricoles" de synthèse (entendez par là basées sur la pétrochimie) donc de la préservation de l’environnement et de la renaissance des sols, de la cessation du gigantisme, de l’abandon de la mondialisation des matières premières et de la restitution des revenus de la filière à ceux et celles qui suent en bleu de travail... Cols blancs et blouses immaculées n’auront qu’à s’acheter de moins grosses bagnoles...

          Ceci favoriserait sans doute l’émergence de véritables coopératives à échelle et visées humaines, garantissant un revenu décent aux agriculteurs tout en leur permettant d’échapper à la spirale infernale de l’endettement pour surproduire qui est devenu le quotidien d’un grand nombre d’entre eux. Un bon compromis d’échelle locale et humaine pourrait se rapprocher de ce que je connais dans ma région, à savoir Alsace Lait : 305 producteurs fédérés avec un cheptel moyen de 50 têtes par exploitant et plus de 200 emplois directs et stables générés.

          2.07 à 11h42 - Répondre - Alerter
    • Reste tout de même le fait que les naturopathes conseillent fortement de délaisser le lait de vaches au profit des laits végétaux... et ce pour notre santé. Leur raisonnement (enfin l’un des facteurs de leur raisonnement) s’appuie sur le fait qu’un lait dont les molécules sont destinées à nourrir à veau ne peut pas convenir à un humain. Et moi je trouve que ça se tient, même si l’humain s’en nourrit depuis des millénaires. Enfin je crois surtout que les naturopathes ont trouvé un raisonnement pour nous pousser à élever moins de vaches et donc éviter les émissions de méthane...

      21.05 à 11h48 - Répondre - Alerter
    • PetitFilsdeproducteurdelait... ?
      Il dénonce un article à charge contre Candia, coopérative avec laquelle il n’a, bien sûr, aucun lien. Par contre, de son côté quel bel avocat zélé ! Il se fend d’un magnifique texte, très bien argumenté -et informé - sur la-dite coopérative.
      Ça a dû lui prendre du temps à ce petit fils de producteur de lait. Tout cela de façon très désintéressé, et pas du tout panégyrique...

      C’est dommage qu’on ne puisse pas découvrir qui se cache derrière ce pseudo qui sent bon le terroir et l’authentique : Candia aurait pu vous recruter pour ses relations publiques. (Enfin, si ce n’est pas déjà fait.)

      Au fait, quant à parler "du lait et rien d’autre", ne pourrions nous pas reparler de ces traces de peroxyde d’hydrogène (additif) que l’on retrouve dans le lait ?

      22.05 à 08h55 - Répondre - Alerter
      • Bonjour Naturophile...
        Le principe du forum n’est-il pas de débattre de nos idées respectives ? Pourquoi devrais-je m’empêcher d’échanger quelques éléments apportant matière au débat, seulement parce qu’ils sont "pro" SODIAAL ?. Si vous relisez bien mon article, je n’ai d’ailleurs pas vraiment l’impression d’avoir mis en opposition de bon fonctionnement d’autres structures de production, parlant avec regret de la disparition des petites structures, et d’évoquer de la possibilité d’achat du lait en circuit court à des fontaines à lait...

        Si je connais bien ce monde (et pas que Sodiaal), c’est que je suis chaque jour au contact des agriculteurs éleveurs. C’est mon métier depuis plus de 22 ans, et si Dieu me prête vie jusqu’alors, je souhaite profondément finir ma carrière ainsi. J’écoute les propos très divers de mes clients et prospects : les pro, les anti, les activistes, les pacifistes, les révolutionnaires, les résignés... et j’essaie d’analyser et comprendre les mutations profondes que le sacro sain "marché" engendre. C’est la que cela devient intéressant : nous avons chacun notre vision du monde idéal... certains sans vaches, d’autres avec des vaches avec des bactéries de kangourous, d’autres avec des vaches qui ne mangent que de l’herbe, d’autres que des concentrés en "by passant" le rumen producteur de CH4... C’est aussi en créant le débat sur des sites comme celui-ci que l’on peut rêver ou bien se conforter sur les bonnes et mauvaises pistes à prendre. Le savoir et les idées sont la nourriture de tous. Voici un petit plaisir gustatif de nos vies modestes !

        22.05 à 21h18 - Répondre - Alerter
      • Désolée de réitérer ainsi, c’est histoire d’accéler vos réactions...
        Je crois que tout a été dit. Mais je rajoute si que le système industriel a permis de pallier aux manques de l’après guerre, il a été perverti par la cupidité et a favorisé le vol et bradage officiel des terres + piège à cons que sont les gros agriculteurs qui se sont vendus à leurs banquiers et restent ainsi leurs serviteurs à jamais ! Croire que vivre à crédit peut durer éternellement, faut ne pas avoir dépassé l’évolution du cul d’1 vache !
        Au lieu de favoriser la mutualisation générale des compétences et des outils de production, vos dirigeants veulent relancer l’industrialisation du tout, sans prévoir la fin de la synthèse de ce qui se rabougrit en peau de chagrin ! N’exister que pour bouffer et multiplier ses déchets, misérable est votre pseudo môôôdernité ! Savez vous pourquoi Marinaleda reste la seule commune d’Andalousie où il n’y a ni chômage, ni police ?

        20.08 à 11h33 - Répondre - Alerter
  • NOUS ILS NOUS EMPECHE DE CREER NOTRE SYSTEME et POURTANT
    on est 30 producteurs du centre Bretagne avec :
    - Une agriculture variée, avec des exploitations de type familiale
    - Une agriculture bien implantée, représentant 30% des emplois du territoire
    - Un territoire déjà engagé avec le canton le plus bio de Bretagne
    - Un territoire éco-environnemental, avec un des plus faibles taux de production d’azote brute organique par élevage en Bretagne
    - Une population avec un faible revenu : 12 400 €/an en moyenne, soit 20% inférieur à la moyenne bretonne
    - Un territoire central, à moins de 80 km des principales villes bretonnes.
    ON VOUDRAIT
    - Maintenir dans ce territoire son histoire, sa culture, sa tradition et son paysage par son agriculture à dominance herbagère
    - Maintenir une agriculture à taille humaine tout en développant l’emploi sur le territoire
    - Contribuer au développement de pratiques agricoles plus durables afin de mieux gérer les ressources naturelles
    - Proposer des produits locaux, plus sains, plus nutritifs et plus variés aux consomm’acteurs des grandes villes situées dans un rayon de 80 km (locavorisme)

    ET le SYSTEME NOUS BLOQUE ....

    18.05 à 20h53 - Répondre - Alerter
  • J’achète du "J’aime du lait d’ici" en pensant pouvoir réduire l’impact carbone de mon achat, en réduisant le transport nécessaire à l’acheminement du lait. Le "lait d’ici" me semble donc issu d’Orlait et principalement Sodiaal, et me paraît après lecture de votre article - fort intéressant au demeurant - peu respectueux de la vraie valeur du travail des producteurs.
    Y a-t-il eu finalement des initiatives de producteurs indépendants vendant directement au consommateur en passant par de petites coopératives ou par des initiatives du type AMAP ?
    La rédaction de Terra Eco ou un certain lecteur pourrait-il proposer des alternatives plus ou autant écologiques et plus éthiques en respectant les producteurs ?
    Merci par avance.

    18.05 à 16h31 - Répondre - Alerter
PUBLIER UN COMMENTAIRE

Forum sur abonnement

Pour participer à ce forum, vous devez vous enregistrer au préalable. Merci d'indiquer ci-dessous l'identifiant personnel qui vous a été fourni. Si vous n'êtes pas enregistré, vous devez vous inscrire.

[Connexion] [s'inscrire] [mot de passe oublié ?]

  • Se connecter
  • Créer un compte

publicité
1
publicité
2
    Terra eco
    Terra eco
publicité
3
SPIP | squelette | | Plan du site | Suivre la vie du site RSS 2.0
publicité
bas