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11-05-2006
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Multinationales
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Monde

La planète bleue a soif

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En 2000, le Pacte du Millénaire signé sous l'égide des Nations unies engageait l'humanité à réduire de moitié d'ici à 2015 l'extrême pauvreté sur la planète. Au cœur du dispositif : l'eau. Sa gestion, sa qualité, son partage. Six ans plus tard, le bilan tient en trois chiffres : 1,2 milliard d'êtres humains sans accès à l'eau potable ; 2,4 milliards de personnes ne disposant pas de réseau d'assainissement ; chaque jour, 22 000 décès liés à la pénurie d'eau potable. Le débat est à l'échelle planétaire et engage notre avenir. Explications.
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Luanda, Angola. Mai 2006. Ici, on meurt du sida bien sûr, mais aussi du choléra. L’une des maladies les plus faciles à

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L’eau est devenue une urgence planétaire (photo CICR)

traiter : de l’eau potable, une cure de réhydratation quand il n’est pas trop tard et le tour est joué. Mais pas en Angola, où, selon les équipes de Médecins sans frontières, 20 000 cas ont été recensés ces derniers mois et où la barre des 1 000 victimes devrait être dépassée rapidement. Car la maladie va et vient dans le pays, où près d’un habitant sur deux manque d’un accès à l’eau potable.

Les « Gringos » mis à la porte

En Bolivie, sur les hauteurs de La Paz, perchée à 4 100 mètres, 200 000 personnes attendent elles aussi de voir l’eau s’écouler du robinet. La mobilisation impressionnante des gens d’El Alto contre la tarification de la facture d’eau a contraint Suez à baisser pavillon et - dans quelques semaines - à quitter le pays. La population a en apparence remporté cette guerre de l’eau, mais en réalité, les robinets sont secs depuis plus de quatre mois. De l’autre côté de la planète, coincée entre l’Ouzbékistan et le Kazakhstan, la mer d’Aral n’attire plus aucune caméra, aucun micro. Ici, l’eau s’est depuis longtemps retirée. La faute à l’homme et à ses cultures intensives, de coton et de riz le long des deux fleuves qui autrefois irriguaient cette mer devenue fantomatique.

ENVIRONNEMENT

17 000  : le nombre de m3 disponibles en eau potable par personne et par an sur la planète en 1950. Selon les démographes qui prévoient une population mondiale de 8 milliards en 2025, ces ressources tomberont à 5 000 m3 par personne et par an à cette date.

90 %  : le niveau des catastrophes naturelles liées à l’exploitation de l’eau (détournement des fleuves, déforestation, cultures irriguées...)


On pourrait multiplier les exemples. De conflits - plus de 300 en cours ou potentiels recensés par l’ONU comme celui qui oppose la Palestine à Israël - de situations d’urgence, comme celle vécue en ce moment même par la population somalienne. Partout, l’eau pose question. Pourtant, et contrairement à une idée reçue, la planète n’est pas à sec : l’eau recouvre 70 % de la surface du globe. Mais ce réservoir n’est constitué qu’à 3 % d’eau douce, dont 0,3 % provient des lacs et des rivières, le reste étant stocké dans les calottes polaires et les glaciers. Or, l’eau est vitale. Il est possible de survivre plusieurs semaines sans manger, mais seulement deux à trois jours sans boire.

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Une vendeuse d’eau potable au Burkina Faso (Photo : M-A Leplaideur/Syfa International)

La croissance démographique, l’urbanisation de la planète, la généralisation des cultures irriguées, surtout, ont rendu la situation critique. Pourtant, on ne compte plus les symposiums, les nouvelles institutions et les grands programmes. Dernier rendez-vous : le 4e Forum de l’eau organisé à Mexico en mars dernier. Cette grand-messe réunissant plus de 10 000 personnes n’a débouché que sur un mince filet de propositions concrètes. L’urgence est admise de tous, mais les décisions courageuses ne suivent pas. Selon Gérard Payen, qui préside le Conseil mondial de l’eau (CME), basé à Marseille, 10 milliards d’euros par an suffiraient à "garantir assainissement et eau potable à ceux qui n’ont rien et il faudrait 15 à 20 milliards, pour ceux déjà approvisionnés". Sensiblement plus que les 13 milliards d’euros investis chaque année dans ce secteur.

"Sur le terrain, les choses avancent"

Eustache Ouayoro, chef des programmes d’eau pour la Banque mondiale en Afrique de l’Ouest, revient de Lagos au Nigéria. Une semaine de mission pour débloquer des négociations à n’en plus finir avec les autorités de la capitale. L’objet : la collecte des déchets, la réhabilitation du service d’eau et l’assainissement. "Ce n’est pas facile, explique le fonctionnaire, mais les choses progressent. Il faut être patient et optimiste." Lors de son voyage éclair, Eustache Ouaroyo a peut-être croisé ces centaines de personnes faisant la queue, bidons ou bouteille en main, pour acheter quelques litres d’eau. À Lagos, 8 millions d’habitants - sur les 15 que compte la métropole - n’ont pas accès à l’eau potable. Alors il faut bien s’organiser. "Notre rôle consiste à financer les travaux de réduction des fuites sur le réseau d’assainissement, explique Eustache Ouayoro. Avant de lâcher le chiffre. 80 % de l’eau disparaît". Fuites, tuyaux absents ou défaillants : la tâche est colossale. "Il faut être optimiste ! Il y a deux siècles, Paris était truffé de marécages..."

Cette année, la Banque mondiale dépensera 3,5 milliards de dollars pour son programme Eau. Accusée longtemps d’avoir ouvert la voie aux multinationales pour l’obtention de contrats, la Banque fait aujourd’hui machine arrière et n’a plus qu’un mot à la bouche : "micro-projets". Car entre secteurs public et privé, la vie est loin d’être un long fleuve tranquille.

Philippe Texier, conseiller à la Cour de cassation à Paris est membre du tribunal latino-américain de l’eau. Composé de juristes, de sociologues et de scientifiques, ce tribunal civil tient régulièrement des sessions et tente de relayer dans les médias les litiges liés au précieux liquide. "Nous sommes une caisse de résonance, explique-t-il. Nous pouvons aussi bien nous faire l’écho d’erreurs d’appréciation écologique comme dans le cas des gisements miniers à ciel ouvert du Nicaragua, dénoncer le choix du gouvernement équatorien dans la construction d’un barrage, que donner raison à la population bolivienne face à Suez". Les condamnations sont bien entendu "symboliques". Pour autant, elles ne sont pas inutiles. "Il est extrêmement difficile pour la population de comprendre les relations entre une multinationale et un gouvernement par exemple, commente le magistrat. Ces sessions ont donc le mérite d’apporter un peu de lumière". Lire la suite


INDUSTRIE

1 300  : le nombre de litres d’eau nécessaires à la fabrication d’un tee-shirt en coton.

10  : le nombre de litres pour produire 1 seul litre d’essence.

100 000  : l’incroyable quantité de litres d’eau pour la fabrication de 1 kg d’aluminium.


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