La lettre de Bridget Kyoto : Loi sur le renseignement, le choc liberticide

Cher Terra eco, il suffit de deux tarés en kalachnikov, et hop, la société française avale une couleuvre liberticide. L’après-11-septembre américain a eu son Patriot act (1) ? L’après-7-janvier français a obtenu sa loi Urvoas (2). Une surveillance élargie, si ce n’est généralisée, de la population. Ce qui me gêne aux entournures, ce n’est pas que le gouvernement propose un tel projet – il est aux abois – mais c’est qu’il passe comme une grelinette dans un potager bio. Voilà un bel exemple de la stratégie du choc dont parlait Naomi Klein dans son ouvrage éponyme (3). Elle y analysait comment les sociétés soi-disant libres acceptaient sans rechigner les pires insanités néolibérales après un « choc », qu’il fût économique, environnemental ou géopolitique. Certes, son livre parlait d’économie, mais la similitude est flagrante avec ce que les Etats dits démocratiques infligent aux libertés individuelles. Un choc, une émotion intense, quatre millions de personnes dans la rue, et les députés votent en masse le flicage de nos conversations, l’emploi de méthodes de renseignement dans les prisons. Un truc inefficace, soit dit en passant, selon les spécialistes en la matière. La peur a toujours été piètre conseillère, sauf au néolithique… —


 (1) Loi antiterroriste votée par les Etats-Unis en 2001
 (2) Projet de loi relatif au renseignement
 (3) La Stratégie du choc (Actes Sud, 2008)