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13-11-2009
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Interview

Jean-Robert Viallet : "On a voulu mettre en lumière les causes de la souffrance au travail"

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Jean-Robert Viallet : "On a voulu mettre en lumière les causes de la souffrance au travail"
 
La trilogie documentaire "La mise à mort du travail", a reçu il y a quelques jours le prix du public lors de la première édition du festival Filmer le travail de Poitiers. Le réalisateur, Jean-Robert Viallet, y décrit un univers happé par le management et la finance, avec comme point d'appui Carglass, société de services mondialisée, et Fenwick, entreprise industrielle détenue par le fonds d'investissement américain KKR.
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Terra eco : pourquoi cette trilogie ?

Jean-Robert Viallet : "On n’a pas voulu s’intéresser seulement à la souffrance au travail mais aussi mettre en lumière ses causes. C’est la logique des trois films. Le premier traite des brancardiers, qui essaient de réparer les gens cassés, de résoudre les conflits, de surveiller. Le deuxième se demande comment on arrive dans le bureau de Marie Pezé (qui dirige la consultation Souffrance et travail à Nanterre) ou aux prud’hommes. On franchit donc une marche en décortiquant les méthodes de management destructrices. Le troisième gravit encore un échelon en allant jusqu’au pouvoir des actionnaires."

Un travail de longue haleine donc...

"Le point de départ est d’essayer de travailler à la manière d’un sociologue, par l’observation. L’idée vient du producteur, Christopher Nick, qui avait déjà utilisé ce procédé de l’immersion dans les quatre films "Chroniques de la violence ordinaire", puis dans "Écoles en France". Il nous a donné carte blanche pour faire la même chose avec le travail. Nous avons donc passé plus de deux ans à tourner dans des entreprises. C’est peut-être le dernier bastion fermé aux caméras, alors que les commissariats, les hôpitaux, y compris psychiatriques, ont ouvert leurs portes. Il a fallu des mois de rendez-vous pour convaincre les chefs d’entreprises. Par obstination ou par miracle, une dizaine a accepté. Au bout de quelques mois, nous avons resserré les tournages sur des entreprises banales, sur laquelle il n’y a a priori rien à dire, rien à voir. C’est justement cela qui les rend universelles."

Qu’avez-vous observé ?

"Le patron est paradoxalement le maillon faible : c’est lui qui est soumis le premier à la pression des actionnaires et qui est obligé de décréter la mobilisation générale pour atteindre ces objectifs. Ensuite ce sont des milliers de petits détails qui véhiculent une idéologie rampante d’individualisme, d’esprit de compétition, de réussite comme processus d’héroïsation des gens. Le management fait croire que l’objectif ultime est la satisfaction du client, ce à quoi personne ne peut résister. Alors que pour un salarié, l’objectif est d’être bien, d’être reconnu dans son travail."

Mais, concrètement, quelles sont les méthodes employées ?

"Par exemple, chez Car Glass, on file la métaphore sportive, on parle d’esprit d’équipe, et pour le favoriser, les primes sont données par équipe. Mais quand un individu est moins bon, parce qu’il est malade, fatigué, qu’il a des soucis, il devient alors un handicap que les autres. On voit bien que cela ne favorise pas le "tous ensemble", mais la surveillance des salariés par chacun. C’est ce genre de contradiction majeures où les objectifs sont à l’inverse des discours que l’on observe."

Cela se fait-il pour autant de façon consciente et généralisée ?

"C’est parfaitement pensé. Ces méthodes sont professées par la dizaine d’ouvrages qui font référence et sont enseignées dans les écoles. Je ne veux pas dire qu’il n’y a pas de bonnes expériences dans certaines entreprises, qu’il n’y a pas d’autres modèles comme l’économie sociale et solidaire. Mais, même si certaines grandes écoles disent qu’elles font du management à visage humain, le paysage du travail en France, c’est celui qu’on décrit."
Sources de cet article

- Photo tirée du premier volet "La destruction"
- extraits et DVD disponibles sur le site de France 3, qui a diffusé la trilogie fin octobre
- le palmarès du festival Filmer le travail

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Journaliste, collaborateur régulier pour Terra eco.

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