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Japon : les interventions extrêmes des employés du nucléaire

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Japon : les interventions extrêmes des employés du nucléaire
(Crédit photo : NHK)
 
Depuis plus d'une semaine, le personnel mobilisé à Fukushima s'expose à une forte radioactivité. La catastrophe japonaise renvoie à la question des conditions de travail des employés du nucléaire.
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Depuis mardi 15 mars les risques radioactifs sur le site de la centrale de Fukushima sont devenus extrêmement préoccupants. La population a été évacuée, les 800 employés de la centrale également. Restent une cinquantaine d’intervenants soumis à de très fortes radiations. Car le travail de refroidissement ne peut aujourd’hui être fait que pas l’intervention humaine « car même si des robots existent pour certaines opérations nucléaires, celles qui doivent actuellement être réalisées dans la centrale de Fukushima n’en font pas partie », a précisé Bernard Bigot, administrateur général du Commissariat à l’énergie atomique, lors d’une audition mercredi 16 mars à l’Assemblée.

L’Autorité de Sûreté nucléaire a indiqué que « la radioprotection des travailleurs sur le site est très préoccupante notamment en ce qui concerne le niveau de rayonnement en salles de commande ». La centrale a dû être évacuée complètement mercredi matin, même après que « le gouvernement a relevé le seuil de dose maximale des travailleurs », normalement de l’ordre de 20 millisieverts par an pour un employé du nucléaire. « Au Japon, le ministre de la Santé a décidé de porter de 100 à 250 msv la dose » indiquait l’ASN. A partir d’une dose de 100 mSv reçue par le corps humain, les observations médicales font état d’une augmentation du nombre des cancers.

4 millions de fois plus que les niveaux de radiation naturelle

« Il y a des retombées radioactives extrêmement fortes dans l’enceinte des installations qui font que les opérateurs qui interviennent sont exposées à des conditions extrêmes », a indiqué le président de l’Autorité de sûreté nucléaire française (ASN) André-Claude Lacoste. Dans un communiqué, la CRIIRAD explique en effet que « les quelques 50 travailleurs encore présents sur le site sont exposés à des doses potentiellement mortelles et ont dû être provisoirement évacués avant de revenir sur le site, mettent leur santé et leur vie en péril pour essayer de limiter les conséquences de l’aggravation continue de la situation ». Les niveaux de radiation ont atteint 400 millisieverts par heure près du réacteur numéro 3, soit 4 millions de fois plus que les niveaux de radiation naturelle. La CRIIRAD précise qu’avec des valeurs aussi élevées (1 million de fois et plus le bruit de fond naturel), « on n’est plus dans le domaine des faibles ou très faibles doses de rayonnements, avec des pathologies ne se manifestant qu’après un temps de latence (plusieurs années à plusieurs décennies pour les cancers par exemple) mais dans le domaine des fortes doses d’irradiation ». Les fortes doses de rayonnements provoquent une destruction massive des cellules (cellules de la moelle osseuse, de la muqueuse intestinale, cellules basales de la peau), destruction qui peut altérer le fonctionnement de certains organes.

Un choix volontaire ?

On ignore s’il s’agit d’un choix volontaire de la part de ceux qu’on appelle aujourd’hui les « kamikazes ». En France, les procédures prévues dans un tel cas garantissent la liberté de choix des personnels des centrales. Pour chacun des 19 sites nucléaires français, des volontaires s’inscrivent pour être appelés en cas d’accident, qu’il s’agisse des pompiers formés pour les risques radiologiques, des salariés des exploitants des centrales nucléaires (comme EDF), des agents du Commissariat à l’énergie atomique (CEA), de l’IRSN ou d’Areva. L’ASN indique que ces personnels font l’objet d’un « suivi médical spécifique avec un examen complet chaque année ». Mais au-delà des volontaires, les centrales ont recours à une sous-traitance massive : ils sont 30 000 en France à être employés par des prestataires qui assurent 80% des activités de maintenance des centrales, contre 50% au début des années 90. Ces employés extérieurs supportent plus de 80% de la dose collective annuelle d’irradiation reçue dans le parc nucléaire français.

Annie Thebaud-Mony , chercheuse à l’Institut national de la santé et de la recherche médicale – Inserm , explique dans une étude sur le sujet que la garantie de sûreté « passe par la réalisation d’opérations de maintenance dans le cœur même des installations nucléaires, là où la radioactivité constitue un risque permanent pour toute intervention humaine. Pour prévenir le risque d’accident pouvant entraîner des irradiations massives, il faut donc - et c’est la contradiction - exposer aux rayonnements ionisants des travailleurs chargés de ces opérations de maintenance ».

« Intermittents du nucléaire »

Là réside une des contradictions majeures auxquelles ont à faire face les dirigeants de l’industrie nucléaire, poursuit-elle : « la sûreté nucléaire dépend de la qualité des opérations de maintenance dans lesquelles l’intervention humaine est irremplaçable. Mais en même temps, plus les centrales vieillissent, plus les risques d’irradiation et de contamination augmentent, ce qui accroît l’exposition potentielle des personnes chargées de ces interventions ».

Annie Thebaud-Mony relate également « l’intense précarisation des emplois et donc du suivi médical » de ces personnels, qui restent « invisibles » aux yeux des donneurs d’ordre. « Les situations fréquentes de cumul de risques chez les intermittents du nucléaire, rendent particulièrement aléatoire la mise en évidence de pathologie spécifiques liées aux faibles doses de rayonnements ». En revanche, « cette invisibilité socialement construite permet aux autorités sanitaires françaises, comme dans le cas de l’amiante, de ne pas considérer les conséquences de cette situation comme étant préoccupantes du point de vue de la santé publique », conclut-elle.

Cet article de Véronique Smée a initialement été publié le 17/03/11 sur le site de Novethic, le média expert du développement durable.

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