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16-09-2004
Mots clés
Social
France

Garder la morale

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Ancienne diplômée d'HEC et consultante pour multinationales, Isabelle Pivert a pris la plume pour combattre un système qu'elle juge "totalitaire". C'est, selon elle, une simple question d'humanité.
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"Résister". Isabelle Pivert n’a que ce mot à la bouche. Au point que les années ne semblent avoir prise sur cette femme à la voix douce, contrastant avec des yeux fiévreux et animés. Isabelle Pivert est définitivement rentrée en résistance en 2003, en fondant les éditions du Sextant. Ses ennemis : les chantres de la pensée unique, dirigeants d’un monde où l’humain n’a pas sa place. Son arme : les livres, que cette amoureuse de la mer perçoit comme des "instruments de navigation", "pour mieux se connaître et comprendre le monde". Son but : créer un espace de liberté où la parole circule. "Ailleurs, elle n’existe pas, elle est instrumentalisée".

Démystificatrice de pédégés

Ailleurs, c’est avant tout dans l’entreprise. Au premier chef dans les multinationales, un milieu qu’elle connaît. Diplômée de HEC elle intègre en 1985 le cabinet de conseil américain Arthur D. Little. "J’ai eu la chance d’être au top tout de suite. Dans ce travail, très intéressant par ailleurs, j’ai fréquenté les PDG, que je traitais d’égal à égal puisque je les conseillais. Ca m’a permis de les démystifier. Pas comme ceux qui vivent dans une boite des années en attendant d’obtenir leurs faveurs". Deux ans plus tard, elle démissionne. "Je voyais les gens de 40 ans, ternes, et ne voulais pas devenir comme eux".

Elle travaille en free lance pour plusieurs cabinets de conseil. Puis parcourt le monde pendant quatre ans. Ses deux expériences marquantes : une traversée de l’Atlantique à la voile, d’où elle a tiré un livre [1] et une année à Médecins sans frontières en Roumanie. "J’ai découvert une société pervertie où le plus faible est écrasé. L’inverse des valeurs qui fondent notre société, et que nous devons défendre". "Valeur"... Un terme qui revient également dans ses propos. Ni idéologique, ni politique, sa posture est morale. "J’ai été élevée dans les valeurs chrétiennes de solidarité et de respect. L’humain est central. C’est cela que je défends".

Hommes objets

Et sa défense, c’est l’attaque. Un discours péremptoire - qui laisse affleurer ses lectures sur la Seconde Guerre mondiale -, jusqu’à comparer l’entreprise à un "système totalitaire". "Dans une multinationale on demande aux gens d’adhérer à un discours, pas d’être compétents. C’est le mode de la pensée unique. Il est d’ailleurs surprenant de voir à quel point certains dirigeants sont incultes, ne lisent pas, n’ont rien à dire..." Et encore : "Ce système est basé sur la peur (de perdre son travail), et sur une valorisation extrême de la technique et de la rationalité. En remplaçant le terme "personnel" par "ressources humaines", n’a-t-on pas mis l’homme au niveau de l’objet ?" De ce constat et de rencontres avec des directeurs de ressources humaines, pour certains des "meneurs" de plans sociaux, est née l’idée de Plan social, entretien avec les licencieurs. "Ce qui était vécu chez des salariés comme un fléau était présenté par eux comme une réussite professionnelle. Pour moi, La dimension humaine était niée".

"Enormités"

L’ouvrage a fait le tour de quelques anciens camarades d’HEC, qu’elle fréquente encore puisqu’elle fut présidente du groupe HEC-culture. A sa lecture, ces analystes financiers, consultants, dirigeants de banques d’affaires ou encore gestionnaires de fonds de pensions américains lui ont dit en substance : "Ces gens sont des bourreaux". Elle, juge, impitoyable : "Ils réagissent avec angoisse et lâcheté, car ce sont aussi eux qui disent aux entreprises de faire des profits et de licencier". Un des DRH cités dans l’ouvrage l’aurait accusée de travestir ses propos. "Je lui ai envoyé l’enregistrement. Il ne se rendait juste pas compte de l’énormité de ce qu’il disait", raconte-t-elle.

Aujourd’hui le doute s’installe, veut-elle croire. Il envahit les cadres supérieurs de 40-50 ans. "J’ai une amie analyste dans une société de bourse au Canada. Elle vient de se faire virer après quinze ans de boîte. Les gens de 40 ans deviennent lucides et ont la trouille. La guerre économique, qu’ils contribuent à mettre en place, se retourne contre eux. Ils ont peur du chômage. Peur aussi de passer pour des salauds. Qui sait si un jour on fait les comptes... " Le jour du jugement dernier ?

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Profession : licencieur

[1] Traversée, éditions Dufourq-Tandruc,1995.

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