publicité
haut
Accueil du site > Actu > Conso > Faut-il troquer la viande pour le poisson d’élevage ?
Article Abonné
16-06-2011
Mots clés
Alimentation
Pêche
Agriculture
Monde

Faut-il troquer la viande pour le poisson d’élevage ?

Taille texte
{#TITRE,#URL_ARTICLE,#INTRODUCTION}
Faut-il troquer la viande pour le poisson d'élevage ?
(Photo : Ferme aquacole près de Shanghai, en Chine. Crédit : IvanWalsh.com)
 
Un rapport de l'ONG Conservation International envisage l'aquaculture comme un compromis intéressant permettant de conjuguer la demande croissante en protéines animales et le respect de l'environnement. Reste que les fermes aquacoles doivent se développer « vertement ».
Le Baromètre de cet article
ÉCOLOGIE SOCIÉTÉ ÉCONOMIE
SUR LE MÊME SUJET

Tous les jours, devant votre assiette, c’est la panique. Vous avez beau être écolo dans l’âme, vous n’en êtes pas moins carnassier : vous carburez aux protéines animales. Si l’on en croit Conservation International, vos questions existentielles pourraient bien être jetées en partie aux oubliettes... à condition d’aimer le poisson ! L’ONG américaine, en partenariat avec une de ses consœurs : le World Fish Center, vient en effet de rendre un rapport affirmant que l’aquaculture serait une des solutions pour répondre à la demande mondiale - sans cesse croissante - de protéines animales, tout en dégradant moins l’environnement. « Ce serait encore mieux si plus de gens devenaient végétariens », a tempéré Sebastian Troeng, membre de l’ONG, dans le quotidien britannique The Guardian.

Un compromis alimentaire

Mais ne rêvons pas. D’après l’Organisation mondiale pour la santé animale, la demande en protéines animales pourrait augmenter de 50% d’ici à 2030. Les stocks sauvages de poissons, eux, sont dans un triste état. Selon l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), sur les 600 stocks marins de poissons suivis, seuls 23% sont sous-exploités ou modérément exploités. Pour les autres, c’est la débandade : 52% sont pleinement exploités, 17% surexploités, 7% appauvris et 1% tentent péniblement de se reconstituer. D’où la nécessité de trouver un compromis satisfaisant aussi bien pour nos estomacs que notre conscience. Grande gagnante du concours qui permettrait de sortir un peu la tête de l’eau (ou de ne pas couler tout de suite, c’est selon) : l’aquaculture.

Premier bon point : les poissons sont à l’élevage animal ce que les diesels sont aux automobiles. En clair, parce qu’ils sont petits et n’ont pas vraiment besoin de beaucoup de muscles pour vivre dans l’eau, ils carburent avec beaucoup moins d’énergie que les bestiaux terrestres. Pour obtenir un kilo de protéines de bœuf, il faut ainsi nourrir une vache avec l’équivalent de 61 kilos de grains. Un porc, lui, aura besoin de 38 kg. Et un poisson, de seulement 13 kg. Petits, mais efficaces ! Un bémol cependant : il faudra se faire aux poissons herbivores, comme les carpes, moules, huîtres, mollusques ainsi qu’aux algues, plutôt que de consommer des poissons carnivores, comme l’anguille, le saumon et les crevettes, bien plus gourmands et qui nécessitent que la température de l’eau soit contrôlée. Deuxième bon point : les élevages de poissons émettent beaucoup moins d’azote et de gaz à effet de serre que leurs homologues pour bétail.

Une expansion à surveiller

A priori l’aquaculture ne semble pas avoir attendu les résultats de cette étude pour croître. Entre 1970 et 2008, elle s’est développée à un taux moyen annuel de 8,4%, pour atteindre une production de 52,6 millions de tonnes en 2008. L’aquaculture pèse désormais près de 42% de la production totale de poissons. Et les prévisions sont optimistes : en 2030, on produira chaque année entre 79 et 110 millions de tonnes de poissons dans des fermes ! Principale région productrice : l’Asie, où la Chine pourvoie jusqu’à 61,5% de la production globale de l’aquaculture.

Mais une telle percée, forcément, ça inquiète. Et pas sans raison ! Dans le delta du Mékong, au Vietnam, les eaux sont ainsi polluées par les déchets rejetés par les fermes où frétillent des pangas. Parmi ces détritus : des restes de nourritures, dont des huiles, des fèces, des antibiotiques... Et sans initiatives originales de recyclage, ces polluants sont disséminés sans scrupule dans l’environnement naturel. Les risques de contamination sont aussi pointés du doigt : en transmettant des maladies, ou en mêlant leurs gènes lors de relâchages, accidentels ou non, les poissons d’élevage mettent en danger leurs cousins sauvages et menaçent de les faire disparaître. A l’instar de la toute puissante perche du Nil du Cauchemar de Darwin. Sans compter que le système se mord aussi parfois la queue : pour nourrir des poissons d’élevage, il faut leur fournir des farines... de poissons sauvages !

Pour que l’aquaculture ne se transforme pas en monstre aquatique, reste une solution, explique le rapport de Conservation International : suivre de près et encadrer rigoureusement les normes de production. Les innovations technologiques devraient aussi aider à pousser la barque. Depuis 2003, l’Institut de recherche pour le développement expérimente ainsi un modèle de ferme aquacole au Sénégal, à Mbour, qui fonctionne en circuit fermé. Celui-ci permet ainsi d’éviter les pollutions du milieu naturel et d’économiser l’énergie de fonctionnement du site.

Faites réagir vos proches, diffusez l'info !
Vous aimez Terra eco ? Abonnez-vous à la Newsletter

Une enfance en pleine nature jurassienne, des études de biologie et de géologie, l’envie de transmettre cette passion pour le monde vivant, et le monde tout court, et un goût sans limite pour les nouvelles contrées. Alice est journaliste scientifique.

2 commentaires
TOUS LES COMMENTAIRES
COMMENTAIRES SÉLECTIONNÉS
RÉPONSES DE LA RÉDACTION
Trier par : Plus récents | Plus anciens
Affichage : Voir tout | Réduire les discussions
PUBLIER UN COMMENTAIRE

Un message, un commentaire ?

  • Se connecter
  • Créer un compte

publicité
1
publicité
2
    Terra eco
    Terra eco
publicité
3
SPIP | squelette | | Plan du site | Suivre la vie du site RSS 2.0
publicité
bas