L’email précise bien que la correspondante de Terra eco en Californie est conviée (au même titre que CNN et compagnie) à monter à bord du catamaran le plus écolo de la planète, une merveille de bateau fabriquée à l’aide de 12 500 bouteilles en plastique recyclées. L’idée d’être en mesure de décrire par le menu détail l’intérieur de ce bateau unique au monde, qui, malgré son look de gros jouet en plastique, est équipé de panneaux solaires, d’un mini jardin hydroponique cylindré et d’une bicyclette d’appartement qui fait office de générateur électrique, est donc plus que séduisante.
Adieu le Clean Tech forum, grand rendez-vous annuel des acteurs des éco-technologies qui se tient chaque année à San Francisco, auquel j’ai prévu de me rendre pour assister à une discussion, certainement édifiante, sur le thème de l’informatique verte. Je saute dans mon 4X4 pas vraiment écolo et traverse le Golden Gate Bridge, plus célèbre pont au monde, direction Sausalito, joli port de plaisance où m’attendent David et son catamaran ainsi qu’une centaine d’autres journalistes. Le ciel est menaçant mais je fais comme si j’avais revêtue une veste de quart au lieu d’une doudoune sans manches.
Radeau des temps modernes
Même le maire de San Francisco, le très photogénique Gavin Newsom, s’est déplacé pour souhaiter « bon voyage » (en français de surcroît) à David et son équipage composé de deux skippers et d’Olav et Josian Heyerdahl, les petits-enfants d’un célèbre anthropologue et navigateur norvégien. Thor Heyerdahl, leur grand-père, avait traversé en 1947 le Pacifique, du Pérou à la Polynésie, sur un radeau baptisé le Kon-Tiki, histoire de montrer que les peuples polynésiens auraient pu provenir d’Amérique du sud. Le Plastiki est un radeau des temps modernes (à bord duquel on peut twitter) et David de Rothschild veut sensibiliser l’opinion publique sur le bienfait du recyclage. Olav Heyerdahl nous raconte que lorsque son grand père a traversé le Pacifique il y 63 ans, il se nourrirait quotidiennement de thon. En 2010, l’équipage du Plastiki a beaucoup plus de chances de croiser des déchets sur sa route que d’appétissants poissons.Sous le feu des médias, Gavin Newsom en profite pour glisser que San Francisco a été la première ville américaine à interdire les sacs plastiques. David de Rothschild, le héros du jour, du haut de ses 31 ans, a déjà traversé l’Arctique à pied, à ski et en traîneau ainsi que l’Antarctique et le Groenland. Aujourd’hui, il veut nous parler du « Great Pacific Garbage Patch », l’île des déchets, grande comme un continent, qui souille le Pacifique. Les navigateurs l’évitent. Le Plastiki et son vaillant équipage partiront à sa rencontre. « En construisant ce bateau, j’ai voulu prouver qu’il existait des solutions pour la planète et qu’on pouvait réutiliser les déchets au lieu de les accumuler.
Mais je souhaite aussi éduquer le public sur l’état de nos océans », affirme l’aventurier britannique qui refuse de dévoiler le coût exact de son écolo de bateau. Car quand on aime la planète, on ne compte pas. David de Rothschild a un faible pour les statistiques : « les bouteilles en plastique sont 100% recyclables. Or, seules 20% d’entre-elles sont réutilisées. 38 milliards de bouteilles et 25 milliards de gobelets en mousse de polystyrène atterrissent chaque année dans les décharges de la planète et 50% de tous les déchets en plastique finissent dans les océans. Une vérité qui dérange… »
Contre mauvaise fortune bon coeur
Il est temps de monter à bord du catamaran le plus écolo au monde. Trempée jusqu’aux os, le ciel ayant décidé d’arroser copieusement les quatre journalistes qui attendent pieusement le zodiac censé les conduire à bord, j’en profite pour taper la causette avec David Thomson, le co-skipper du Plastiki. Le plus gros challenge selon lui lors de cette traversée qui prendra au minimum deux mois ? Dépasser le Golden Gate Bridge, la mer étant tumultueuse et les courants particulièrement traîtres. Je m’attendais à une réponse un brin plus exotique. Attaque de requins, overdose de plastique ou encore tsunami…Le zodiac arrive enfin pour nous annoncer, tout compte fait, qu’on ne pourra pas monter à bord, la mer étant trop houleuse. Adieu bouteilles en plastique, panneaux solaires et mini jardin hydroponique…. Je reprends le volant de mon 4X4 (moins écolo que jamais) pour me mettre au sec et me console en jurant de suivre en temps réel les aventures de David de Rothschild via tweets. Quant au Plastiki qui devait larguer les amarres le 1er mars, il reste ancré pour le moment à Sausalito au pied du Golden Gate Bridge. La faute à la météo.
Pour en savoir plus sur l’expédition Plastiki et suivre les aventures de David de Rothschild et son équipage : theplastiki.com
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