publicité
haut
Accueil du site > Blogs > Les blogs > innovation politique > Comment favoriser l’utilisation d’isolants écologiques en relançant l’économie (...)

innovation politique

Par Rodrigue Coutouly
12-10-2012

Comment favoriser l’utilisation d’isolants écologiques en relançant l’économie française ?

Comment favoriser l'utilisation d'isolants écologiques en relançant l'économie française ?
La conférence environnementale a permis d'annoncer une accélération des rénovations thermiques de l'habitat ancien. C'est une bonne nouvelle pour la transition énergétique même si des doutes subsistent sur le financement de cette mesure. Mais le développement de cette filière utilise des matériaux qui ne sont pas toujours propres. Comment éviter que ces rénovations se fassent avec des matériaux polluants fabriqués dans des pays à bas salaire ? Comment développer l'usage d'isolants écologiques ?

Le marché de l’isolation thermique est très important en France et a fortement augmenté depuis 20 ans car 70% du parc immobilier existant ont été construit avant 1975 hors toute réglementation thermique et acoustique. Ce marché est dominé par la laine de verre et -dans une moindre mesure- par la laine de roche.

Or, le bilan environnemental de ces deux matériaux n’est pas bon. L’énergie grise (la quantité d’énergie nécessaire au cycle de vie du matériau : fabrication, transport, recyclage en fin de vie) est importante. Le bilan carbone n’est pas bon non plus, la confection de ces matériaux émettant du carbone de manière considérable.

De plus, ces matériaux sont fabriqués généralement par des grands groupes industriels qui ont une fâcheuse tendance à délocaliser leurs usines là où les normes sociales et environnementales sont plus favorables à leurs activités.

Il existe, par contre, de nombreux produits fabriqués localement dont le bilan environnemental est bien meilleur : chanvre, fibre de bois, laine de lin, paille de blé, laine de mouton, isolants issus du recyclage. L’énergie grise utilisée est plus faible et souvent ces produits sont des puits de carbone qui conserve le gaz carbonique à l’intérieur d’un matériau dans lequel il va rester stocker pendant des décennies, ce qui est excellent pour la planète ! (*)

Malheureusement, l’écart de prix entre ces isolants écologiques et les isolants industriels les plus courants est très important : Ainsi, la laine de verre coûte environ 10 euros le mètre carré pour 30 à 60 euros pour la majorité des isolants écologiques (à l’exception de la botte de paille, la seule a être concurrencielle en matière de prix).

Dans ce contexte, quelle méthode faut-il utiliser pour développer l’usage de ces matériaux ?

Il est illusoire de croire que le changement de réglementation puisse jouer un rôle dans ce domaine. Les lobby industriels arriveront à retarder ou supprimer les mesures les plus contraignantes.

La fiscalité environnementale est la seule suceptible de faire évoluer le secteur. Comment s’y prendre ? La méthode choisie consiste à utiliser deux taux de TVA différents pour les deux types de matériaux. Les isolants utilisant des matériaux issus du sous-sol (laine de verre ou de roche) ou d’origine synthétique (polystyrène) sont séparés des isolants "naturels" d’origine végétale, animale ou issus du recyclage. Cette séparation a le mérite de la clarté : seul les matériaux utilisant 100% d’isolants d’origine "naturelle" aura un taux réduit.

Les premiers adoptent une TVA plus élevée, les seconds une TVA diminuée. L’écart reste au départ faible (d’un point par exemple : 18,5% et 20,5%). Puis, cet écart augmente d’année en année. L’écart de TVA n’a pas pour objectif d’égaliser les prix entre les différents matériaux, ce qui est impossible, car les isolants écologiques resteront plus coûteux.

Mais par contre, il aura deux effets :

- l’affichage des deux taux va permettre de donner de la visibilité aux isolants écologiques. Cela va devenir un argument de vente pour des consommateurs qui ne regardent pas uniquement le coût du matériau mais cherchent aussi à adopter des gestes écologiques. Cela va constituer une signature efficace pour guider le consommateur qui reconnaîtera immédiatement les isolants 100% "naturels".

- le différentiel entre les deux taux va dégager des ressources puisque la vente d’isolants polluants sera plus importante que celle des isolants "naturels". Ces ressources financières ne seront pas intégrées au budget de l’Etat. Elles seront attribuées à un fond, régionalisé, géré par les acteurs locaux du secteur. Cet argent sera utilisé pour des investissements dans des entreprises désirant se développer dans ce secteur. Monter une petite usine fabriquant des panneaux de bois à partir des ressources locales en déchets forestiers ou de scieries, développer une activité d’utilisation de la laine de mouton ou de chanvre dans des rouleaux isolants pourra être subventionné localement. Le soutien a ces entreprises va favoriser l’emploi et l’activité économique.

Ainsi, le développement d’une activité économique écologique sera subventionné directement par la taxation écologique, développant l’emploi local et évitant le recours à des matériaux polluants, venant de pays où les normes sociales et environnementales sont catastrophiques.

La fiscalité environnementale, sous la forme de contributions incitatives, comme celle que nous venons de présenter ici, constitue à la fois une manière d’accélèrer la transition écologique mais aussi une manière de lutter contre les ravages d’une globalisation économique qui détruit l’emploi et freine la croissance.

(*) Pour des chiffres précis sur ce bilan environnemental, il faut se référer à l’ouvrage de S Courgey et JP Oliva "l’isolation écologique" (éd Terre Vivante) et à la base de données de référence Baubook.
COMMENTAIRES ( 5 )
Trier par : Plus récents | Plus anciens
Affichage : Voir tout | Réduire les discussions
  • Bio Bobo, quand tu nous tues.
    L’essentiel, comme le démontre bien Archi-Mac, c’est l’isolation.
    Et à budget comparable, la laine de verre isole considérablement mieux que tous les isolants biosourcés. Donc à terme, les émissions de CO2 seront beaucoup plus réduites avec de la laine de verre qu’avec tout autre isolant.
    Du point de vue santé, il n’est pas établi que la laine de verre soit dangereuse. Par contre, les poussières de bois sont la deuxième cause de cancers professionnels en France ! Et que dire des allergies dues aux produits d’origine animale !
    Et en allant plus loin, contrairement à la laine de verre, ces isolants biosourcés sont tous :
    Inflammables
    Sujets à des attaques d’insectes ou de bactéries donc potentiellement pas durables,
    Hautement hydrophiles et très sensibles à l’humidité.
    Bref à mes yeux, le comble de l’absurdité.

    28.07 à 21h34 - Répondre - Alerter
  • La physique a des règles intangibles. Ne pas les respecter c’est se fourvoyer à coup sûr. Votre raisonnement part d’une erreur fondamentale.

    La recherche de l’énergie grise nécessaire à l’utilisation d’un isolant pendant son cycle de vie permet de conclure que les moins bons isolants de ce point de vue, la laine de verre dont la densité est de 100kg/m3, nécessitent moins de 1500kWh/m3. L’énergie nécessaire est donc de 15kWh/m2 par cm d’épaisseur au maximum soit 150kWh/m2 pour une épaisseur de 10cm qui est une épaisseur couramment utilisée actuellement. Ces informations sont accessibles sur des sites très orientés écologie qui ne peuvent pas être taxés d’abonder dans le sens des industriels.

    Quelle est alors l’énergie de fonctionnement que permet d’économiser cette isolation dans nos constructions en prenant en compte cette épaisseur e de 10cm = 0,1m et une conductivité standard d’isolation λ de 0,04m2K/W ?

    Un mur en bloc creux de béton de 20cm enduits 2 faces, sans isolation, type années 1970, à une conductance minimale de 0,86W/m2K. Il perd 0,86Wh/m2 chaque fois que la température extérieure est inférieure de 1K (ou 1°C) à la température intérieure.

    Celle de ce même mur, isolé avec 10cm d’isolant a une conductance inférieure à 0,27W/m2K. Il perd plus que 0,27Wh/m2 dans les mêmes conditions.

    La différence est donc d’un minimum de 0,6W/m2K

    Pour connaître l’énergie économisée, il suffit de connaître les degrés heure nécessaire pour maintenir une température confortable du côté intérieur alors que l’extérieur est soumis aux aléas du climat. Le résultat varie en fonction de la température intérieure jugée confortable et du climat extérieur. Le calcul suivant la méthode des maisons passives du Passihaus institut avec une température intérieure de 20°C et un climat Parisien donne une économie de 0,6W/m2K*66kKh/an soit environ 40kWh/m2/an.

    En 4 ans l’énergie économisée par cet isolant est donc de 40kWh/m2/an*4ans soit 160kWh/m2 ce qui peut être considéré équivalent à l’énergie grise nécessaire pour son cycle de vie.

    En 40 ans l’isolant économise 10 fois l’énergie grise qui a été nécessaire à son cycle de vie, de l’extraction des produits nécessaires à sa fabrication jusqu’à sa destruction.

    Ce raisonnement n’est pas une quelconque croyance mais un fait basé sur la seule loi qui compte, celle de la physique. La conclusion est qu’un isolant, quel qu’il soit, permet d’économier plus d’énergie qu’il n’en nécessite pour sa fabrication

    Votre raisonnement sur les isolants est donc fondé sur une erreur et n’a donc aucune validité. Il est par contre vrai avec les matériaux de structure. Ce n’est pas pour autant qu’il ne vaut pas mieux utiliser des isolants nettement moins polluants dont l’énergie grise peut être divisée par 10 par rapport à la laine de verre. Au lieu de continuer à fabriquer des isolants polluants, les industriels devraient aller dans le sens du vent, celui de la production industrielle d’isolant écologique. C’est à cette seule condition que leur prix pourra réellement baisser. Les contributions incitatives du type bonus malus ou tarifs progressifs devraient aller dans ce sens pour être règlement efficaces au moins dans le cas des isolants.

    19.10 à 22h16 - Répondre - Alerter
  • Les laines minérales font parties des produits qui ont réalisé des Analyses de Cycle de Vie (ACV) depuis longtemps et publié leurs FDES sur la base INIES (consultables sur www.inies.fr).
    Les laines minérales de verre et de roche, utilisées pour le bâtiment, permettent d’économiser plus d’énergie qu’elles n’en nécessitent pour sa fabrication, transport et élimination, ce qui a pour conséquence une réduction sensible des émissions de CO2, gaz à effet de serre des bâtiments.
    La seule base de comparaison possible pour le bilan environnemental des produits est l’analyse des FDES publiées.
    Il est en effet important de comparer des valeurs pour des produits ayant la même performance thermique et adaptés à la même application (c’est-à-dire même unité fonctionnelle).

    Pour information, il existe 7 usines de fabrication de laines minérales sur le territoire français...

    18.10 à 11h08 - Répondre - Alerter
  • Cet article fait l’impasse sur un problème des isolants écolo (sauf la paille). Ils sont le plus souvent rendus ignifuges par des sels de bore ou autre composés chimiques sujets à controverse au niveau toxicité. Et dans ce cas, ils ne sont pas 100% végétaux ou animaux...

    12.10 à 14h13 - Répondre - Alerter
    • Et encore, quand ils ne sont pas importés de l’autre bout de la planète comme c’est le cas avec la fibre de coco, certains isolants dits "écologiques" subissent des traitements particulièrement polluants. Le coton, permettant d’obtenir la laine de coton, est élevé à grand renfort de produits phytosanitaires (engrais infâmes, pesticides...). Alors comment bien isoler une maison ? Tout en respectant l’environnement ? Effectivement l’isolation à base de paille offre de réels avantages sur le plan de l’isolation et de l’écologie, surtout si elle est utilisée à proximité du lieu de production. En plus, c’est un isolant au prix particulièrement abordable et son installation peut être réalisée sans passer par une entreprise d’isolation à condition de respecter certains fondamentaux ;)

      16.04 à 14h16 - Répondre - Alerter
PUBLIER UN COMMENTAIRE

Un message, un commentaire ?

  • Se connecter
  • Créer un compte
  • NEWSLETTERS
    Cochez les cases pour vous abonner à vos newsletters
SPIP | squelette | | Plan du site | Suivre la vie du site RSS 2.0
publicité
bas