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En 2011, la biodiversité va-t-elle mieux ?

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En 2011, la biodiversité va-t-elle mieux ?
(Crédit photo : Son of Groucho/Flickr)
 
2010 était l'année internationale de la biodiversité. Entre la relative démission des citoyens et les espoirs nés de la conférence de Nagoya, voici le bilan.
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Que restera t-il de 2010, année de la biodiversité ? Selon que vous serez expert ou profane, la réponse pourra grandement varier.

Pour les passionnés, militants ou spécialistes qui suivent de près l’actualité du sujet, il restera de cette année une belle moisson d’avancées, au plan national comme international. La conférence de Nagoya a été un succès. Certes, tout reste à faire, comme toujours après ces grandes conférences internationales, mais le protocole sur l’Accès et le partage des avantages a enfin franchi le cap diplomatique qui lui permettra de devenir, sans doute assez rapidement maintenant, un outil opérationnel au service de la gouvernance internationale des ressources biologiques. Un plan stratégique, doté de moyens, devrait permettre à la conservation de la biodiversité de devenir, sur l’agenda diplomatique, bien plus qu’un sujet annexe. La confirmation de la création de l’IPBES, la plate-forme intergouvernementale scientifico-politique pour la biodiversité, est une excellente nouvelle. Elle sera enfin l’outil qui manquait pour apporter une expertise scientifique de haut niveau et éclairer les décisions politiques internationales.

En France, le processus de révision de la stratégie nationale pour la biodiversité a été lancé, et bien lancé, lors de la conférence de Chamonix au mois de mai. L’absence remarquée des « poids lourds » politiques a hélas mis en évidence le manque de portage politique au plus haut niveau, mais il n’empêche que le travail avance, que des commissions thématiques, regroupant une grande diversité d’acteurs, ont été mis en place et fonctionnent plutôt bien. Rendez-vous le 22 mai 2011, jour de la fête de la nature, pour la présentation officielle de cette stratégie révisée et redynamisée.

Le Grenelle a beaucoup souffert, en particulier cette année. Mais il se trouve que la biodiversité s’en sort plutôt moins mal que d’autres sujets. La Fondation pour la recherche sur la biodiversité, plate-forme d’échange entre porteurs d’enjeux issus de la société civile et organismes de recherche, est opérationnelle. De nombreux autres engagements sont en cours d’avancement. Hélas, la « Trame verte et bleue », point-clé des mesures du Grenelle de l’environnement sur la biodiversité, est sinon bloquée, du moins affaiblie. Sa mise en œuvre nécessitera une vaste mobilisation des acteurs et des moyens qui ne sont pas là aujourd’hui. A suivre de près donc.

Les entreprises se sont mobilisées sur la biodiversité. Approche défensive, face aux regards croisés des ONG et du ministère de l’Ecologie, ou vraie remise en cause face à l’érosion du capital naturel ? A voir au cas par cas. Mais elles ont été nombreuses à être représentées à Nagoya. Certaines d’entre elles font figure de pionnières, mettent en œuvre de véritables stratégies et sensibilisent leurs salariés, leurs clients ou leurs fournisseurs. Des outils opérationnels, comme le Bilan biodiversité d’Orée, l’évaluation des services rendus par les écosystèmes du WRI, ou EBEvie, lancé par le ministère de l’Ecologie à l’intention des PME, permettent de guider leur démarche et d’aller au delà des déclarations d’intentions.

Il y aurait encore beaucoup d’autres acquis à saluer, notamment en ce qui concerne les aires protégées terrestres ou marines, la mise ne place ou la réaffirmation de nombreux travaux sur les emplois de la biodiversité ou l’application du triptyque « éviter, réduire, compenser », pourtant inclus dans la loi depuis 1976 mais si souvent bafoué. Tout ceci constitue d’authentiques avancées à encourager. Mais il y a aussi, hélas, de vraies lacunes comme le relatif échec de la CITES (Convention sur le commerce des espèces menacées), l’impossible, pour l’instant, régulation internationale de la pêche, les lourdeurs à changer de modèle agricole ou l’artificialisation des sols et la destruction des habitats qui continuent à augmenter, bien plus vite que ce que la croissance de la population ne pourrait justifier.

Mais que restera t-il de cette année pour l’immense majorité des non spécialistes ?

Force est là de constater que le compte n’y est pas. La mobilisation du grand public pour la biodiversité n’est pas encore au rendez-vous. L’année aura certes commencé avec quelques spots télévisés, au ton souvent lénifiant voire culpabilisateur, mais, si l’on a heureusement échappé à des slogans réducteurs du genre « la biodiversité est notre avenir, protégeons-la », les moyens d’une véritable éducation à la nature n’ont pas été mobilisés.

Pour la plupart d’entre nous, la biodiversité reste un concept abstrait, éloigné des préoccupations du quotidien. Au mieux (au pire ?), elle est perçue comme un problème environnemental de plus, à travers la disparition de certaines espèces emblématiques ou la dégradation d’écosystèmes exotiques comme les forêts primaires ou les récifs coralliens.

Vue à travers le prisme du petit écran, la biodiversité est loin. Sa dégradation, c’est la faute des autres, et sa sauvegarde, une affaire de spécialistes. Les associations de protection de la nature et les ONG spécialisées dans la conservation de la biodiversité ont encore, en particulier en France, un nombre très insuffisant d’adhérents, et donc de moyens pour agir. Il y a urgence à aider Monsieur et Madame Toutlemonde – et leurs enfants – à se reconnecter à la nature et à leur milieu naturel. A retrouver l’émerveillement qui peut surgir de la biodiversité du quotidien, celle du jardin partagé, du bocage ou des collines avoisinantes. A comprendre les liens qui nous unissent au reste du vivant. Chaque respiration, chaque gorgée d’eau, chaque aliment que nous consommons est un cadeau de la biodiversité. Notre santé, comme des travaux récents l’ont à nouveau démontré (1), dépend du bon état des écosystèmes. Notre économie aussi, et donc notre bien être, comme l’a rappelé le rapport de la commission TEEB (« The Economics of Ecosystems and Biodiversity »).

Le bilan de cette année de la biodiversité est donc celui d’un travail inachevé. Comment aurait-il pu en être autrement ? Il était impossible de résoudre l’ensemble des problèmes en un an. 2010 doit être vu comme un élan, comme une mobilisation des acteurs, et une invitation à poursuivre les efforts dans les années qui viennent. Et puisse 2011, année internationale de la forêt, nous inviter, spécialistes, amateurs et profanes, à nous promener dans les bois et jouir simplement du contact avec le monde vivant qui nous entoure.

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Directeur de l’institut Inspire (Initiative pour la Promotion d’une Industrie Réconciliée avec l’Ecologie et la société) et secrétaire général de la Ligue ROC

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