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24-08-2012
Mots clés
Energies
Afrique

Areva a mauvaise mine, selon des ONG

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Areva a mauvaise mine, selon des ONG
(Capture d'écran d'une vidéo sur la mine d'uranium d'Arlit, au Niger - Areva)
 
Areva va bientôt débuter l'exploitation d'une nouvelle mine d'uranium au Niger. Une activité sans risque pour les hommes ni pour l'environnement, assure l'entreprise. Ce que contestent vivement les ONG, qui s'inquiètent.
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Le nucléaire français a encore de l’avenir. Areva, leader mondial de l’énergie nucléaire, doit en effet débuter fin 2014 l’exploitation d’une troisième mine d’uranium au Niger, sur le site d’Imouraren, dans le nord du pays.

Le gisement, de 8 km de long sur 2,5 km de large, contient une grande quantité de cet élément radioactif naturel. Areva va en extraire 5 000 tonnes par an sur au moins 35 ans, pour alimenter les centrales françaises notamment. Mais le gisement étant situé entre 110 et 170 mètres de profondeur, il va falloir extraire 3,8 milliards de tonnes de roches (!) pour atteindre le précieux élément. Le paysage désertique va vite voir pousser sur 200 km 2 – l’étendue du site industriel – des collines de roches...

Une mine qui donne soif aux bêtes

Une fois le précieux élément extrait, il va encore falloir utiliser beaucoup d’eau et de produits chimiques afin de le séparer de la roche. On ne devrait en effet trouver en moyenne que 800 grammes d’uranium par tonne de roche extraite.

Dans ces conditions, la Commission de recherche et d’information indépendantes sur la radioactivité (Criirad), et l’association nigérienne, Aghir in man, s’inquiètent. Lors d’un point presse tenu à Valence mercredi, elles ont dénoncé « l’assèchement et la contamination des ressources en eau » et « la disparition des espaces pastoraux sur des centaines de kilomètres carrés » qui vont découler de l’exploitation de la mine.

Le secrétaire général de l’ONG nigérienne, Ghamar Ilatoufegh, s’est rendu il y a deux mois sur le site de la mine, où les travaux ont commencé depuis 2009. « La mine a commencé à être creusée », a-t-il expliqué lors du point presse, repris par l’AFP. Il craint une disparition des espaces pastoraux « sur des centaines de kilomètres carrés ». Et ce d’autant plus qu’un « périmètre sanitaire couvrira quelque 450 km », inaccessible aux populations nomades et leurs animaux, et « sans compensation ». « Ces populations sont en train d’être expropriées de leur surface de vie par Areva », s’est-il plaint.

« La surface de la mine occupe moins de 0,03% de la surface de la région du Nord du Niger. Les nomades ne sont pas privés de leurs lieux de passage », réplique Marie-Laure Lefébure, directrice adjointe de la communication d’Areva Mines. Elle ajoute que l’entreprise va construire des puits à pompe solaire pour permettre de poursuivre les activités agropastorales.

Mais l’eau, dans la région, est une ressource rare. Le fait qu’Areva pompe le liquide « dans une nappe fossile, qui se renouvelle à un rythme millénaire, va provoquer son assèchement rapide et être catastrophique pour l’agropastoralisme, qui pèse dans le PIB nigérien deux fois plus que l’exploitation de l’uranium », avance de son côté Raphaël Granvaud, membre de l’ONG Survie qui a publié en février 2012 « Areva en Afrique. Une face cachée du nucléaire français » (éditions Agone).

Des collines de résidus radioactifs à l’air libre...

Autre inquiétude : les collines de roches qui vont progressivement s’élever en raison de l’extraction des milliards de tonnes de roches, qu’elles soient dites « stériles », car de faible teneur en uranium, ou traitées pour en extraire l’élément radioactif, vont être source de pollution de l’air et des sols. C’est du moins ce qu’estime la Criirad, en se basant sur des études réalisées en 2010 avec Greenpeace International sur les sites des mines de Somaïr et Cominak, également exploitées par Areva dans la région d’Arlit, à 80 km d’Imouraren.

En réponse à ce rapport jugé « à charge et caricatural sur les activités d’Areva au Niger », l’entreprise a publié en février 2011 le document Areva et le Niger, un partenariat durable « réfutant point par point les accusations », explique Marie-Laure Lefébure.

Elle nous confirme par ailleurs que, comme pour ces deux autres sites, les roches stériles d’Imouraren seront stockées à l’air libre. Idem pour les millions de tonnes de « résidus issus du traitement du minerai ». Encore radioactifs, ils seront entassés de manière compacte sous forme de verses (sortes de petites montagnes étendues, ndlr), comme c’est le cas à Cominak et Somaïr.

... mais 100% sûrs, selon l’entreprise

Mais la responsable d’Areva se veut rassurante : « La verse de Cominak repose sur des argiles et celle de Somair sur un revêtement étanche. Elles sont ceinturées de digues. Une couche épaisse et très indurée se forme en surface de ces résidus lors de leur séchage, évitant l’envol de poussières. » Donc circulez, il n’y a rien à voir.

Les alertes à la pollution des sols et de l’eau et à la contamination des travailleurs des mines comme de la population lancées depuis des années par différentes ONG (Sherpa, Médecins du Monde et bien sûr la Criirad) ne seraient donc, d’après Areva, pas justifiées.

« Areva est une entreprise responsable, dont les sites d’extraction d’uranium répondent à la norme ISO 14001 et sont soumis à de fréquents contrôles. Nous avons mis en place en 2000 un réseau de surveillance de l’air, de l’eau, des sols et de la chaîne alimentaire. Tous nos résultats montrent que notre politique environnementale est conforme aux normes internationales. » Et Marie-Laure Lefébure de préciser, encore, que l’Observatoire de la santé mis en place au premier semestre 2012, en partenariat avec l’association Sherpa, a procédé à l’examen médical de 710 anciens travailleurs miniers. « Aucune maladie professionnelle due aux rayonnements ionisants n’a été détectée. »

Des roches dites « stériles » qui polluent quand même les villes

Pourtant, la Criirad a relevé la présence de matériaux radioactifs dans les rues et certains lieux publics, jusque devant un hôpital. En 2007, elle a informé le Centre National de Radioprotection de Niamey ainsi qu’Anne Lauvergeon, alors présidente d’Areva, de la découverte de niveaux de radiation anormalement élevés dans les rues d’Akokan, à quelques kilomètres de la mine d’uranium Cominak. « Le niveau de radiation au contact du sol devant l’hôpital de la Cominak atteignait des valeurs jusqu’à 100 fois supérieures à la normale. Il s’agissait probablement de stériles miniers issus de la mine Cominak et réutilisés pour la constitution de la piste. Compte tenu du niveau de radiation mesuré ces matériaux devraient être qualifiés de « déchets radioactifs ». Ils engendrent un niveau de risque cancérigène par exposition externe », peut-on lire dans un rapport.

Et Raphaël Granvaud, de Survie, d’ajouter que le nombre de personnes atteintes d’affections pulmonaires est, dans la zone des mines d’uranium, « deux fois supérieur au reste du pays ». Face à cette guerre des chiffres et des arguments, l’Etat nigérien, lui, se range du côté d’Areva. L’entreprise française est en effet le premier employeur privé du pays, et son principal partenaire industriel depuis 40 ans. De plus, grâce à Imouraren, qui sera la plus importante mine d’uranium à ciel ouvert d’Afrique de l’Ouest et la deuxième au monde, le Niger se placera au deuxième rang mondial des pays producteurs d’uranium, en doublant sa production actuelle. De quoi fermer les yeux...

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