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24-06-2004
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Politique
Géopolitique
Amériques

Etats-Unis : John Kerry, le "K" social (suite)

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Cette ambition, que ne dénigrerait pas notre Bernard Thibault national, semble avoir séduit une majorité d’Américains. 43 millions d’entre eux n’ont, il est vrai, pas d’assurance-santé. Et les autres croulent sous le fardeau de cotisations d’assurance onéreuses. "Kerry annonce, en outre, qu’il va soulager les ménages qui paient des assurances privées, en leur accordant des crédits d’impôts équivalent à 25, voire 75% des sommes payées, selon les revenus, naturellement", ajoute le vice-président du parti démocrate. De leur côté, les partisans de Bush rappellent que leur favori a réussi à réformer, ces derniers mois, l’assurance santé pour les personnes âgées.

Une grande première : le service civil

En matière d’éducation, le sénateur du Massachusetts attaque violemment Bush, accusé d’avoir sacrifié ce secteur. Endossant les habits de Jules Ferry, John Kerry promet un chèque de 20 milliards de dollars supplémentaires pour doper le budget de l’enseignement et stopper le "dégraissage du mammouth" opéré depuis plus de trois ans par l’équipe Bush. Cette manne serait ventilée dans les budgets des Etats. A charge pour eux de recruter des enseignants et d’équiper écoles et universités.

Kerry a même fait sensation en annonçant qu’une fois élu, "il créerait un service civil." Ce dernier aurait pour but, selon Ray Riemer, de "renforcer la cohésion sociale et culturelle de la jeunesse de la Nation tout en permettant aux jeunes de financer leurs études." Ce service fonctionnerait sur la base du volontariat. Tout jeune candidat serait affecté dans un service public ou travaillerait pour la collectivité, dans l’environnement notamment. En contrepartie, le gouvernement lui financerait quatre années d’inscription dans une université d’Etat.

John Kerry est vert

Last, but not least, Kerry se proclame farouche défenseur de l’environnement et annonce des initiatives ambitieuses - y compris un retour au protocole de Kyoto - pour le plus grand plaisir de Greenpeace. Outre les centaines de milliers d’emplois qu’il veut créer dans ce secteur pour travailler sur la mise au point d’énergies alternatives à l’or noir, il promet des crédits d’impôts aux entreprises et particuliers qui s’engageront sur la voie des économies d’énergie. Il ne fait pas mystère de son souhait de réduire la dépendance pétrolière des Etats-Unis, et de parvenir à faire produire 20% de l’électricité américaine grâce aux énergies renouvelables d’ici à 2020.

Sur ce point, l’équipe de campagne de Bush n’a pas résisté à la tentation de sortir un cadavre du placard sénatorial de Kerry : "Il vante notamment le carburant à l’éthanol. Mais il a voté en 1993 contre des allégements fiscaux qui auraient permis de rendre l’éthanol plus attractif pour les consommateurs, rappellent-ils. Plus récemment, en 2002 et 2003, il a voté deux textes pour que la taxation de l’éthanol soit au même niveau que celle de l’essence."

Révolution ou retour aux sources ?

Vert, rose, rouge... Le programme de John Forbes Kerry marque une rupture nette avec la politique - y compris celle de Clinton - des vingt dernières années. "Il renoue avec les valeurs de l’Etat providence et avec une philosophie proche du New Deal de Franklin Roosevelt, veut croire son ami Ray Riemer. Mais pour moi, il ne s’agit pas d’une révolution. Finalement, il remonte à la source de la politique historique des démocrates." Certes. Mais que valent ces promesses ? Pour financer sa croisade contre les délocalisations, en faveur de l’emploi et de l’ensemble de ses réformes, le candidat démocrate parie sur une croissance dynamique. Surtout, il veut revenir sur les avantages fiscaux alloués par les républicains aux classes aisées et au Big Business, le monde de la finance et les multinationales. Kerry annonce ainsi une taxation plus élevée des multinationales qui réalisent une bonne part de leurs bénéfices à l’étranger.

Le syndrome Clinton

Un rapport du Trésor américain montre en effet qu’en 2003, ces compagnies n’ont versée que 12 milliards de dollars au Trésor américain au titre de l’impôt sur les bénéfices. Kerry-Robin-des-Bois se dit également prêt à surtaxer les entreprises de la haute finance et à en découdre avec elles pour moraliser le système au profit des petits investisseurs. Il prône un contrôle beaucoup plus rigoureux des fonds communs de placement (mutual funds) et des grandes entreprises financières de Wall Street, pour "empêcher qu’elles s’enrichissent au détriment du petit investisseur particulier."

Cela suffira-t-il ? En fait, s’il est élu, Kerry ne pourra guère compter que sur une croissance très vigoureuse pour que son Real Deal soit couronné de succès. Il lui faudra faire monter très rapidement le thermomètre de la création d’emplois pour engranger les ressources financières nécessaires à ses réformes. Enfin, il ne pourra se passer de la majorité au Congrès, sous peine d’être condamné, comme Clinton avant lui, à guerroyer en permanence pour imposer ses vues.

Kerry, trop versatile ?

"Il est certain que sa marge de manœuvre sera faible, analyse François de Chantal. La dette des Etats-Unis est telle qu’il aura les mains liées. C’est d’ailleurs le fruit d’une politique volontaire de Bush pour s’assurer que l’Etat fédéral ne puisse pas être sollicité de manière importante pour ses réformes. Reagan avait mené la même politique, avec le résultat que l’on a connu : Clinton avait été bloqué dans ses initiatives les plus audacieuses." Inspiré de Roosevelt, aussi social que Lula, pas moins intransigeant qu’Amnesty International et à peine moins vert que Greenpeace, Kerry devra en outre se montrer plus fort que Clinton, plus rusé que Bush et surtout moins versatile que lui-même. S’il est élu le 2 novembre et s’il relève le défi, il marquera peut-être les Etats-Unis et le monde d’une empreinte aussi indélébile que celle de son illustre homonyme JFK. Mais pour le moment, ses promesses n’engagent que ceux qui y croient.

Loïck Coriou, avec David Unger

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