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4-06-2010
Mots clés
Technologie
Emploi
Electricité
Reportage

Voyage au pays de l’éolien offshore : la mécanique industrielle (3/3)

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Voyage au pays de l'éolien offshore : la mécanique industrielle (3/3)
(Crédits photos : MEDVIND/Bent Medvind Sørensen / Julien Vinzent / Paul Neau)
 
Les ingrédients pour un parc d'éoliennes offshore ? Au Danemark, c'est un port, des grues, des usines, des perceuses et pas mal d'emplois verts. Un argument massue pour le projet de parc français de la Compagnie du Vent, filiale de GDF-Suez.
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La photo aérienne date de 2005. On y voit le port d’Esbjerg, la cheminée d’une centrale à charbon perchée à 250 mètres – plus haut monument du Danemark – mais surtout la mer, immense. Aujourd’hui, sur ces 200 000 m2 de zone portuaire, elle cohabite avec d’autres colosses : des pales de 50 mètres de long, des mats, des nacelles de 193 tonnes… Au point qu’on y perd toute notion d’échelle. « Une fois assemblées, elles partiront par bateau en Angleterre, où nous construisons le plus grand parc au monde », indique John Kierkegaard, responsable du site chez Siemens. « Nous avons la même zone à Liverpool, et on pourrait en avoir une en France », plaisante-t-il.

Pierre Lagandré, directeur général adjoint de la Compagnie du Vent (LCV), en serait ravi. Avec cette visite au cœur de la mécanique éolienne, cette filiale de GDF-SUEZ sait qu’elle peut marquer des points dans le débat public sur son projet de parc au large des côtes normandes. « L’offshore est plus gros, plus puissant, créé plus d’emplois. Les pouvoirs publics sont plus attentifs car il est lié à la question de la diversification industrielle et portuaire », explique-t-il. Si son voyage au Danemark ne lui a pas fait changer d’avis sur l’éolien terrestre, le député UMP Patrick Ollier en est revenu convaincu que « la France doit se positionner sur la filière offshore, il faut mettre de l’argent sur la recherche et développement ».

Casque vissé sur la tête et carrure de Viking

La diversification, Soeren Clemmensen, directeur commercial du port, connaît : « le port a 140 ans. Au début, il servait à l’exportation agricole, puis la pêche est arrivée. Depuis quarante ans, l’industrie offshore – pétrole et gaz – a pris une place importante. » Il y a une quinzaine d’années, sentant le vent tourner, le port a investi 80 millions d’euros pour l’industrie éolienne. « Nous avons toujours su nous adapter. Nous n’avons pas perdu d’emplois, nous faisons juste autre chose maintenant », commente-t-il, casque vissé sur la tête et carrure de Viking. Aujourd’hui, l’éolien représente 30% de l’activité du port d’Esbjerg.

A la mairie, le temps de l’opposition farouche au parc Horns Rev 1 est loin : « c’est un enjeu national, les décisions sont donc prises à ce niveau-là. Ce que nous pouvons faire, c’est s’assurer que tout soit prêt pour ceux qui veulent investir », affirme le maire-adjoint Jakob Lose, qui tient à ses 2 000 emplois locaux dans les énergies renouvelables. Dans les quinze prochaines années, la ville compte investir 100 millions d’euros dans l’extension du port et de ses infrastructures. Pour enrayer le départ des jeunes vers les universités de Copenhague, des formations spécifiques sur les énergies renouvelables sont également mises sur pied actuellement, en partenariat avec Siemens.

Dans la région, le groupe allemand marche sur les platebandes du fleuron national Vestas. Si ce dernier avait fourni les éoliennes d’Horns Rev 1, son petit frère, Horns Rev 2 carbure avec celles de Siemens. Depuis 2004, son siège national est d’ailleurs installé à Brande, à 80 kilomètres d’Esbjerg. Dans une des salles feutrées du bâtiment, Michael Hannibal, responsable commercial, est serein : à lui seul, le récent appel d’offres britannique prévoit 32 gigawatts pour l’éolien offshore, soit plus que les objectifs français du Grenelle, toutes énergies renouvelables confondues.

Cylindre bleu gonflé de mécanique

Les ouvriers de la chaîne de production de nacelles voisine ne sont donc pas prêts de manquer de commandes. En mars, une nouvelle ligne de production a même été ouverte. On y soude, perce, repeint sous l’œil d’un tableau d’affichage qui égrène le temps restant jusqu’au prochain changement d’équipe, mais aussi l’éventuel retard pris, les unités produites, etc. Lorsqu’un engin lève la génératrice, cylindre bleu gonflé de mécanique qui transforme la rotation des pales en courant, l’expression « éolien industriel » prend tout son sens. Cette semaine, 26 nacelles viendront grossir les rangées du port.

Le technicien tient à faire visiter son joujou : le centre de test de la résistance des pales aux conditions extrêmes. La nervosité de la ruche Siemens grimpe en flèche. Les appareils photos des journalistes sont priés de rester muets. Secret industriel. Au bout d’un chemin forestier cahoteux, perdue dans l’arrière pays d’Esbjerg, se trouve l’étape finale de ce parcours à rebours : une éolienne solitaire, prototype d’une nouvelle génération annoncée il y a quelques mois. Sans boite de vitesse, elle compte moitié moins de composants. Pierre Lagandré frétille. A quelques centaines de mètres, tourne un modèle près de dix fois moins puissant construit il y a 20 ans par Siemens. Et à 200 kilomètres au nord, le gouvernement danois prévoit déjà le coup d’après : un centre d’essai national – très controversé – pour des éoliennes de 250 mètres de haut.


FRANCE-DANEMARK : COMPARAISON EST-ELLE RAISON ?

Avec un tissu de sous-traitants déjà tournés vers l’industrie offshore conventionnelle, Esbjerg partait avec un avantage. Mais, selon la chambre de commerce et d’industrie (CCI) du littoral normand-picard, 84 entreprises des régions voisines sont susceptibles de travailler pour la filière. Comme les pièces sont difficilement transportables, les ports locaux sont privilégiés : Le Havre et Dieppe pourraient servir de plateforme pour la construction et le Tréport, plus proche du parc, serait la base de maintenance. Au total, la Compagnie du Vent estime que le parc des Deux Côtes pourrait créer entre 690 et 900 emplois directs pendant trois ans et 150 pendant les trente ans d’exploitation. Notamment en mer ou sur les chantiers navals, car l’éolien offshore nécessite des navires spécifiques. Quid des emplois dans la pêche et le tourisme ? « Bien sûr il ne faut pas déshabiller l’un pour habiller l’autre, ni signer un chèque en blanc. Mais on ne peut pas dire "on n’en veut pas, ne changeons rien, on est très bien comme ça". Tout ne va pas forcément bien sur le territoire en terme d’emploi », rappelle Eric Masson, qui anime la pépinière Energies Renouvelables créée par la CCI.

- Retrouvez le premier épisode du voyage de Terra eco au pays de l’éolien offshore ici

- Retrouvez le deuxième épisode ici

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Journaliste, collaborateur régulier pour Terra eco.

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