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19-12-2013
Mots clés
Recyclage, Déchets
Eau
France

Voyage au centre des égouts

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Voyage au centre des égouts
(Crédit photo : ludovic - réa)
 
Qui tire la chasse, perd la trace de ses excréments. Loin de la faïence, c’est une histoire de chimie qui se joue dans les stations d’épuration. Mais la croissance de nos villes va changer la donne.
Le Baromètre de cet article
ÉCOLOGIE SOCIÉTÉ ÉCONOMIE
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Pour nous, tout s’arrête en tirant la chasse d’eau. Pour la planète, tout commence à cet instant-là. En France, un petit coin sur cinq – ça se passe dans les zones rurales – est directement relié à une fosse septique. C’est le sol lui-même qui se charge de dégrader les excréments. Mais tous les autres, c’est-à-dire la grande majorité, sont connectés à la fantastique invention qu’est le tout-à-l’égout. Chacun y déverse quotidiennement environ 100 grammes de caca et 1,5 litre de pipi. Cette masse molle est alors transportée dans la tuyauterie. Mais elle ne représente que 25 % du volume d’eau sale traitée par les réseaux d’assainissement. Car nos excréments se mélangent, sous les trottoirs, à l’eau de vaisselle, de lessive, de douche et à celle qui ruisselle dans les rues après la pluie.

Invasion d’algues géantes

Résultat, en Ile-de-France, le Syndicat interdépartemental pour l’assainissement de l’agglomération parisienne (Siaap), qui œuvre pour 9 millions d’habitants, doit traiter chaque jour 2,5 millions de mètres cubes d’eau sale. Dans ce magma, les résidus de tensio-actifs et les traces médicamenteuses ne sont rien par rapport à la malfaisance de nos matières fécales. Celles-ci forment un cocktail chimique détonant : carbone, phosphore, azote… « Dans l’absolu, tout est biodégradable, explique Jean-Pierre Tabuchi, chargé de mission au Siaap. Le problème, c’est la quantité. »

Un humain produit chaque année – et sans le savoir – environ 4,5 kg d’azote et 500 g de phosphore qu’il lourde dans les gogues. Faites une règle de trois pour la quantité francilienne correspondante et larguez tout ça dans la Seine : grande invasion d’algues géantes et fin de la vie aquatique garanties. Heureusement, la station d’épuration est là pour sauver nos rivières. Et la station d’épuration, c’est un peu le Midas de la merde. Dans de grands bassins bien aérés, des bactéries se chargent d’attaquer tout ça. « Là, c’est la joie de vivre : elles bouffent, elles se multiplient », lance Jean-Pierre Tabuchi. Après quelques opérations, on obtient de l’eau dépolluée, du biogaz qui alimentera en partie l’usine elle-même, et de riches boues azotées et phosphorées qui constituent un excellent amendement agricole. Le Siaap en sort quelque 130 000 tonnes de ses usines chaque année. Celles de l’unité Seine aval sont épandues sur environ 66 000 hectares, répartis en 500 exploitations agricoles.

Tout irait pour le mieux dans le meilleur des mondes si les villes ne s’agrandissaient pas et si le changement climatique foutait la paix aux humains. Au Siaap, on s’inquiète particulièrement de la situation dans quelques décennies, quand l’Ile-de-France aura gagné un million d’habitants et que le débit des rivières sera sérieusement ralenti pour cause de hausse des températures. L’une des solutions viables pour tenir bon dans la dépollution consisterait à séparer l’urine des matières solides. Car si le caca constitue un menu équilibré pour les bactéries, la pisse, trop azotée, leur demande un effort surhumain. En revanche, cette dernière, filtrée par les reins, constitue à elle seule un très bon engrais liquide…

« Une révolution des chiottes »

Les Suédois se sont lancés dans l’aventure en équipant des lotissements entiers de toilettes à séparation et en organisant deux réseaux de récupération distincts. D’un côté, les urines ; de l’autre, les fèces. Les membres du Siaap ont calculé que, si les trois quarts des 70 000 logements neufs annuels construits dans les dix prochaines années pour le Grand Paris étaient équipés ainsi, les cinq stations d’épuration franciliennes tiendraient le coup. Mais voilà, les W.-C. à séparation ont une particularité non négligeable : pour pouvoir récupérer l’urine, même les hommes devront pisser assis. Jean-Pierre Tabuchi est pessimiste sur l’acceptabilité sociale du système : « A ce stade, ce serait une véritable révolution des chiottes ! » —
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