Une école, de nouvelles chances

De la rue, rien ne distingue des habitations voisines, le 17 de la rue Edgar Quinet, à La Courneuve (Seine Saint-Denis). Un pavillon en meulière comme il en existe tant en région parisienne. Ici, des jeunes sortis du système scolaire se reprennent en main. Ils sont jeunes, comme Sonia, 21 ans, qui a quitté l’école en quatrième et vient d’être embauchée au poste de secrétaire en contrat de qualification, dans une PME, après plusieurs stages.

Objectif, intégration

Ici, c’est l’Ecole de la deuxième chance (e2c). Créée en 2002 à l’initiative des collectivités locales et territoriales, en partenariat avec les entreprises du département de Seine-Saint-Denis, l’e2c est une association qui dispose de trois sites (La Courneuve, Saint-Denis et Rosny), accueillant en moyenne 125 personnes à cette étape. Elle s’adresse à des jeunes âgés de 16 à 26 ans, ou plus, dotés d’un niveau scolaire faible et d’une expérience insuffisante pour espérer un emploi stable. L’objectif est simple : l’intégration professionnelle.

Elève, ici, peu importe ton passé !

Pour y entrer, nul besoin de dossier. Un seul critère est pris en compte : la motivation. "Le niveau scolaire peut-être bas, le passé chaotique, ce n’est pas un problème", insiste Olivier Jospin, délégué général de l’e2c Seine-Saint-Denis. Tout jeune, même éjecté de l’école, possède des compétences personnelles qui peuvent le faire réussir professionnellement." Pas question, donc, de reproduire le schéma classique scolaire. A l’e2c, l’enseignement est complètement individualisé. A chacun son rythme. Certains ont besoin de six mois, d’autres de deux ans (la durée maximale). Mais quelle que soit la durée, le parcours se conclut par une validation des compétences.

Sport et philosophie

Cette mise à niveau, menée par une équipe d’enseignants, de psychologues et d’animateurs culturels, s’accompagne de matières telles que la philosophie, le théâtre ou le sport, destinées à encourager le développement des compétences personnelles et sociales. "Pour que les jeunes apprennent à s’adapter à des situations nouvelles."

Choisis ton métier

Tout ce système de réinsertion repose sur la construction d’un projet à la fois personnel et professionnel. Pour ce faire, le rythme de l’alternance école/entreprise favorise l’intégration des jeunes en même temps qu’il leur permet de découvrir différents milieux. Mais à la différence de structures d’insertion classiques, l’e2c recherche le "métier choisi", un emploi durable qui implique une reconnaissance professionnelle. "Nous essayons d’orienter les jeunes vers des métiers porteurs (restauration, BTP, transports), qui demandent des compétences et peu de qualification au départ mais où il existe de réelles possibilité d’évolution", poursuit Olivier Jospin.

Troisième chance

Bien sûr, l’école a ses contraintes et ses obligations. Il faut respecter les règles de vie collective, être ponctuel, assidu, accepter l’autorité... Au final, les résultats sont à la hauteur des espérances : 70% de réussite. "Le plus souvent, les jeunes rebondissent et se fixent de nouveaux objectifs, enchaînant avec des formations supplémentaires en Greta ou en CFA", souligne le délégué général. Certes, comme partout, demeure un pourcentage d’échec. Mais même pour cela, l’école essaye de laisser une lueur d’espoir, de "les orienter vers d’autres structures".

Essaimage européen

L’e2c de Seine-Saint-Denis n’est pas une exception. C’est en 1998 qu’est née la première association de ce type, à Marseille. D’autres ont suivi, en France et en Europe (dans onze Etats membres), où elles sont organisées de manière autonome avec le soutien des acteurs économiques locaux et du Fond social européen. Car ces cours un peu particuliers, dispensés gratuitement, ont bien un coût : près de 8000 euros par élève pour une année scolaire.

Allez voir le site de l’Ecole de la deuxième chance en Seine-Saint-Denis : http://www.e2c93.asso.fr/