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29-07-2004

Sida : quand le business s’en mêle (suite)

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...Sur le terrain, il faut aussi pallier l’insuffisance des dispositifs nationaux : certains gouvernements des pays du Sud ont pris tardivement conscience de l’enjeu pour leur pays. Dans les régions les plus touchées, Afrique, Chine et Inde, la GBC promet donc de créer des comités de pilotage avec les experts locaux afin de renforcer les programmes de lutte contre le sida. Ailleurs, les associations patronales locales participent aux instances nationales de suivi de l’épidémie ou de coordination du Fonds Mondial [1]. Mais l’engagement peut aller plus loin par la mise à disposition de cliniques et de personnel médical par les entreprises elles-mêmes. "Le privé avance là où le public est inerte", résume Arie de Groot. "Les entreprises, elles, ne laissent pas forcément de côté la communauté car si on ne soigne pas la famille du salarié toute action peut être simplement inutile." C’est ainsi une façon de toucher les femmes, qui ont souvent du mal à accéder aux soins, alors qu’elles représentent 60% de la population touchée par le virus en Afrique subsaharienne (le plus souvent de 15 à 24 ans).

L’entreprise ne peut (doit) pas tout faire

Il ne s’agit pas pour autant de demander aux entreprises de se substituer aux pouvoirs publics. "L’important c’est d’établir les limites de leur action", estime François Jung-Rozenfarb, responsable du développement de l’ONG Care France. "Il ne faut pas non plus qu’elles créent une dépendance qui peut faire plus de mal que de bien. C’est pourquoi nous nous employons à constituer des partenariats à trois avec les entreprises et les autorités locales, garant de solutions durable." Et puis, observe Vincent Bastien, à propos du programme mis en place par Kasabati avec Total, "en [le] confiant à une association, les responsables acceptent de jouer le jeu de la transparence puisqu’ils savent que le moindre écart (licenciement, dépistage à l’insu des salariés etc.) pourrait être dénoncé publiquement par Kasabati. Par ailleurs, les deux parties ont convenu de s’en remettre au tribunal de Ouagadougou [capitale du Burkina Faso, ndlr] en cas de litige."

Volontairement limité, le "modèle" de l’entreprise en lutte contre le sida ne suffira de toute façon pas à combler l’insuffisance et la volatilité des fonds internationaux. "200 millions de dollars du Fonds Mondial sont bloqués sur un compte au Congo alors qu’ils sont destinés à la lutte contre le sida. Il en est de même, en Ethiopie, avec une enveloppe de 55 millions de dollars", déplore Gilles Raguin, Directeur des Opérations Internationales de Médecins du Monde. Pour sa part, Vincent Bastien rappelle la responsabilité des pays du G8 : "le Fonds mondial nécessite 10 milliards de dollars par an. Or, les Etats-Unis ont versé 800 millions en deux ans, suivie par la France avec 150 millions d’euros, puis par le Japon avec 50 millions de dollars."

Et les pays du G8 dans tout ça ?

A l’aune des besoins, immenses, l’argent des organismes internationaux semble être versé au compte-gouttes, compromettant les chances d’accès aux antirétroviraux (voir encadré). Lorsque le traitement n’est pas accessible, les ONG ne peuvent que se consacrer à la prévention et, parfois, renoncent volontairement à pousser au dépistage. "En Asie et en Afrique, nous intervenons surtout auprès des travailleurs migrants et des chauffeurs de camion à qui nous distribuons des brochures sous forme de BD et des cassettes contenant des saynètes", explique François Jung-Rozenfarb. "Notre action se concentre aux alentours des bassins d’emploi (cimenteries ou mines, le plus souvent) ainsi que sur les principaux axes routiers. Au sein de l’entreprise nous formons des “pairs” éducateurs, salariés volontaires, chargés de sensibiliser leurs collègues."

Dans ce contexte de manque de moyens, et en dépit de effets d’annonce et calculs stratégiques, la contribution du business à la lutte contre le sida a donc au moins le mérite d’exister. D’autant qu’elle permet d’ouvrir d’autres chantiers. En Afrique anglophone, où le système mutualiste n’existe pas, les entreprises optent pour l’“auto-assurance”, "sans surcoûts pour les salariés", assure-t-on à la GBC. "Le sida est souvent une porte d’entrée pour la lutte contre d’autres discriminations", indique Thérèse Léthu, directrice du bureau européen de la coalition. "Les actions entreprises dans ce cadre ont permis, à la fois, d’aborder le problème du statut social de la femme et de développer le dialogue social avec un engagement fort des syndicats, notamment en Afrique du Sud."

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Voir également le site de la Global Business Coalition

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[1] Fonds Mondial contre le Sida, le paludisme et la malaria

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