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28-10-2009
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Chronique

Quand le travail finit par tuer

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Sorti la veille de l’annonce d’un 25ème suicide à France Télécom, le livre de Paul Moreira et Hubert Prolongeau, Travailler à en mourir, ne pouvait tomber plus à pic. Les témoignages qu'ils ont recueillis lèvent le voile sur un système de compétition à outrance oublieux de l’humain.
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Alors que le décompte morbide des suicides au travail n’a jamais été autant relayé dans les médias, jetant une lumière crue sur un phénomène qui ne date pourtant pas d’hier, Paul Moreira et Hubert Prolongeau sortent une enquête abondamment nourrie de témoignages sur la souffrance au travail. Publié chez Flammarion, le livre approfondit un documentaire diffusé sur France 2 le 13 mars dernier, et qui avait rencontré un franc succès malgré sa heure de diffusion tardive. Il fallait donc étayer les témoignages, creuser les méandres du "système" et consigner le tout par écrit, pour "garder une trace".

En allant sonder bureaux, centres d’appel et ateliers de multinationales aussi variées que Renault, France Télécom ou Arcelor Mittal, les auteurs ont voulu décortiquer le processus qu’ils supposaient partout à l’œuvre. Ils s’en expliquent sur le site du Nouvel Observateur [1]. Pour eux, Renault et France Télécom ne sont que la "face cachée d’un système qui devient de plus en plus meurtrier". Ce système isole le salarié, bouleverse ses références, son univers de travail, le met en compétition constante. Le stress devient chronique, la fatigue, puis la peur s’installent, et le travail finit par perdre son sens.

Construit en trois parties, "la mort frôlée", "la mort choisie" et "la mort imposée", "Travailler à en mourir" reconstitue avec soin le parcours des victimes. Salariés au bout du rouleau, familles, supérieurs hiérarchiques, tous les témoignages s’accordent pour montrer comment des gens ont pu en arriver un jour à vouloir se donner la mort à cause de leur travail.

Parcours des victimes

Le chapitre sur la "mort choisie" fait pénétrer le lecteur dans les rouages du Technocentre Renault, à Guyancourt. C’est là que trois salariés se sont suicidés entre octobre 2006 et février 2007. Familles, collègues et hiérarchie, tous tentent d’expliquer pourquoi. En arrière plan, un nom revient : celui de Carlos Ghosn, le grand patron, à qui les méthodes de management ont valu le surnom de "cost killer". Raymond, 38 ans, travaillait justement chez Renault. Il était en charge du châssis de la Laguna break lorsqu’il a décidé d’en finir avec l’existence. Déjà sous pression - la Laguna devait être dans le top 3 mondial en terme de qualité - c’est une réorganisation qui déclenche sa descente en enfer. Rapidement, il se sent abandonné par son manager direct, et constamment épié par un autre, qui en réfère directement à Carlos Ghosn. Angoissé, il ne dort plus, travaille tout le temps, perd 8 kilos, et finit par se pendre à son domicile.

Les auteurs font aussi le portrait de Yann, 34 ans, développeur chez IBM. Avant son suicide, l’informaticien avait alerté sa direction, la suppliant à plusieurs reprises de le retirer de chez un client où il n’avait pas sa place, faute d’avoir été affecté à un poste adéquat. L’absence d’écoute, conjuguée à l’obligation de résultats et au sentiment d’inutilité favorisent dans bien des cas la dépression, qui elle même favorise le passage à l’acte.

"Travailler à en mourir" met le doigt sur un phénomène tabou, sur lequel les statistiques de l’INSEE n’ont pas encore prise mais qui ferait, selon certains experts, plus d’une victime par jour, comme l’affirme Gérard Filoche, inspecteur du travail et militant socialiste. Le 24 octobre dernier, encore, une salariée de Thalès et un autre de PSA mettaient fin à leurs jours. Effet d’entrainement ou pas, un employé d’H&M se taillait les veines trois jours plus tard, en pleine réunion entre la direction et les syndicats.

A voir également : La mise à mort du travail, l’excellent documentaire en trois volets de Jean-Robert Viallet, actuellement diffusé sur France 3. En particulier pour sa deuxième partie consacrée aux méthodes de management des entreprises multinationales de service - en l’occurrence Carglass, leader sur le marché des réparations et remplacements de pare-brise - dont les effets peuvent avoir des effets destructeurs sur les salariés.

A lire aussi sur Terra eco :
- Médecine du travail cherche réanimateur
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