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22-08-2012
Mots clés
Energies
France
Point De Vue

Pourquoi il faut dire non aux gaz de schiste en France

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Pourquoi il faut dire non aux gaz de schiste en France
(Extraction de gaz de schiste en Pennsylvanie aux Etats-Unis. Crédit photo : Ruhrfisch - flickr)
 
Le gouvernement français laisse la porte ouverte à une future exploitation des gaz de schistes à condition de forer de manière plus sécurisée. Une attitude regrettable selon Nicolas Thierry, ancien coordinateur de l'équipe de campagne d'Eva Joly.
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ÉCOLOGIE SOCIÉTÉ ÉCONOMIE
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Lourde est la responsabilité des écologistes engagés aux quatre coins du globe dans la lutte contre l’exploitation des gaz de schiste. Ce combat, ils ne peuvent pas le perdre. Sinon ? La nécessaire et vitale transition énergétique à opérer au cours des prochaines décennies se verra reportée ou – pire ! – effacée du logiciel de pensée des décideurs.

Un constat clair comme de l’eau de roche

Si le catastrophisme à outrance est inutile, les enjeux doivent être clairement énoncés et connus de tous. Il suffit pour cela de consulter le modèle de projection révélé dans le dernier rapport du Giec (Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat) : les températures du globe pourraient augmenter de 1,4 à 5,8°C selon les politiques climatiques qui seront mises en place au niveau mondial.

Il est difficile de comprendre ce que de tels chiffres impliquent… Pourtant, ils présagent de terribles effets en termes d’accès à l’eau potable, avec une montée du niveau des mers, une baisse des rendements agricoles, une disparition importante du vivant, une répétition des feux de forêts, des réfugiés climatiques par millions… Bref, un avenir que l’on ne peut souhaiter à personne, et encore moins à nos enfants.

Une prise de conscience effrayante

C’est en me rendant aux Etats-Unis cet été, et au Texas notamment, que j’ai réalisé à quel point la découverte de nouvelles ressources de gaz non conventionnel – emprisonnées depuis des dizaines de millions d’années dans du schiste profondément enfoui sous nos pieds – repousse de plusieurs dizaines d’années la date d’épuisement des énergies fossiles disponibles sur notre planète.

Or la fin programmée de ce type de ressources à plus court terme était une contrainte « positive » qui rendait inéluctable le basculement vers les énergies renouvelables et les économies d’énergie. Avec les gaz de schiste, nous sommes sur un terrain de lutte où s’affrontent encore un vieux monde prédateur en quête d’un dernier sursaut et une aspiration citoyenne à oser une nouvelle voie vers un futur viable. A mon sens, le combat qui s’engage pour les écologistes et citoyens anti-gaz de schiste est comparable, et sera tout aussi fondateur, que celui initié contre le nucléaire depuis quarante ans.

Des failles politiques ?

Le 24 juillet dernier, les ONG environnementales reçues à Matignon se montraient inquiètes sur le dossier des gaz de schiste. La ministre de l’Ecologie, Delphine Batho, se déclarait quant à elle « totalement opposée à la fracturation hydraulique » en précisant que si une nouvelle technique apparaissait, « nous aurions un vrai débat démocratique ».

Malgré les apparences, à quelques semaines de la conférence environnementale qui se tiendra le 14 et 15 septembre prochain, cette déclaration n’augure rien de bon : le recours à de nouvelles énergies fossiles n’est pas exclu, mais simplement conditionné à la qualité technique de leur extraction. Et le gaz naturel a beau être le moins polluant des énergies fossiles, il n’est pas plus renouvelable que le pétrole et engendre une quantité non négligeable de gaz à effet de serre lors de sa combustion. En outre, il suffit que le taux de fuite entre le puits d’extraction et l’utilisateur final soit de 4% pour que son impact sur le climat soit identique au charbon. N’est-il pas illusoire d’imaginer résoudre le défi climatique en choisissant une autre voie que celle des énergies renouvelables et de la sobriété énergétique ?

La reforme progressive de la politique énergétique est bien évidemment semée d’obstacles : elle nécessite, entre autres, des innovations technologiques, une fiscalité adaptée ou encore le passage à une réelle décentralisation énergétique et politique.

Le pari est-il gagné d’avance ? Bien sûr que non. Mais la voie actuelle, quoique plus rassurante pour beaucoup de ceux qui réfléchissent à très court terme, est une impasse assurée. Nous n’avons donc finalement pas le choix, nous devons nous réinventer.

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Conseiller en politique publique et ancien coordinateur de l’équipe de campagne d’Eva Joly à l’élection présidentielle de 2012.

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    24.09 à 12h38 - Répondre - Alerter
  • « Effacée du logiciel de pensée »… Pourquoi écrire simple quand on peut écrire compliqué ?

    25.08 à 15h43 - Répondre - Alerter
  • Les gaz ou pétrole de schistes prouvent bien que les compagnies énergétiques sont en crise ..... de manque ! Elles ont besoin de leur dose et ont de plus en plus de mal à en trouver. C’est un peu comme l’alcoolique qui après avoir fait tomber son verre sur la moquette, décide de récuperer son contenu avec une paille... Beau tableau n’est ce pas ?

    Il est grandement tant de reprendre les choses en main citoyen, les politiques gauche droite n’ont pas la force de se mesurer aux grandes multinationales, seul une dictature verte basée sur la bienveillance et l’empathie pourrait nous sortir de ce mauvais pas.

    Aujourd’hui commençons par mettre en place des opérations de transitions énergétiques à notre échelle et remontons les barreaux un par un.

    Alors tel Levy nous vaincrons notre Goliath.

    25.08 à 11h28 - Répondre - Alerter
  • Effectivement ce n’est pas qu’une question de mode d’extraction.
    Rien qu’avec les réserves conventionnelles (et notre mode de consommation), nous avons de quoi rendre trés difficile la vie de nos petits-enfants et même proche de l’impossible celle de nos arrières petits-enfants.
    Alors en plus, tenter d’accéder aux sources "non-conventionnelles" relève carrément du crime contre l’humanité. D’autant que ceux qui en souffriront le plus, seront ceux dont le mode de vie n’a pas pas besoin de toute cette énergie.

    Là encore, la position du PS est une offense au peuple, qu’il devrait servir, ainsi qu’à leur propre nom !

    24.08 à 10h47 - Répondre - Alerter
  • Le gaz de Schiste et son exploitation par fracturation hydraulique, n’est pas du tout une bonne solution, malgré le fait qu’elle soit utilisée depuis longtemps aux USA. Ces derniers ne sont pas un exemple en matière de respect de la nature. Notamment avec les OGM. A quand une enquête indépendante à long terme, sur leurs effets sur la santé des américains ? D’ une part cela augmente l’émission de CO2 et aggrave l’effet de serre et d’autre part, c’est nuisible pour les nappes phréatiques, déjà bien malmenées par ailleurs !

    L’eau est notre bien le plus précieux et va devenir de plus en plus rare. On ne peut plus prendre aucun risque avec les nappes ! On n’évitera les effets cataclysmiques de l’effet de serre, qu’en abandonnant progressivement, mais résolument les énergies fossiles. Sinon, dans quelques décennies, on n’aura plus que les montagnes pour faire vivre 11 ou 12 milliards d’individus... quel paradis !

    23.08 à 21h16 - Répondre - Alerter
  • la solution réside bien dans une réduction drastique de notre consommation en générale que se soit énergie ou autre, quand au changement climatique il est en marche tout ce que l’on peut faire sait tenter de limiter les dégats ce qui va être trés difficile par le fait que nous vivons dans une société qui prone la consommation a outrance et encourage le gaspillage de matiéres premiéres.

    22.08 à 17h02 - Répondre - Alerter
  • le mix entre :
    - énergies concentrées et encore abondantes : charbon, gaz naturel, hydraulique et nucléaire
    - énergies diluées et intermittentes(solaire et surtout éolien)
    - réduction drastique de la consommation énergétique et "confort" qui va avec.

    Pour info, la fracturation hydraulique existe depuis au moins 65 ans et est une technique utilisée ... dans la géothermie.

    Comme quoi en effet, l’argument le plus valable contre les gaz de schiste est bien le facteur climatique

    22.08 à 14h52 - Répondre - Alerter
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