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21-01-2011
Mots clés
Social
Consommation
France
Portrait

Leila, surendettée : « On ne voit pas de solution car on est seuls »

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Leila, surendettée : « On ne voit pas de solution car on est seuls »
(Crédit photo : avlxyz/Flickr)
 
Entrée en vigueur le 1er novembre, la loi Lagarde vise à soulager les surendettés. Qui sont-ils ? Comment en sont-ils arrivés là ? Rencontre avec une Marseillaise pour qui l'accession à la propriété est devenue un cauchemar.
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En déroulant son histoire, Leila (1) semble encore se demander pourquoi elle a fait construire cette maison, à Marseille. Elle l’occupe toujours, avec son mari et ses trois enfants, pour un temps. Dans quelques mois, si tout va bien, elle sera vendue et les 230 000 euros de dettes seront presque intégralement remboursés. Cela permettra à la famille de « repartir à zéro ».

Avant ce crédit immobilier, « on était bien. On était gardiens, on vivait en location pour pas grand-chose, il y avait le médecin en face, l’école à côté », raconte-t-elle. Mais en 2005, son mari estime qu’il est temps de devenir propriétaire. « Ce n’était pas très cher, situé près de l’hôpital Nord et de l’autoroute, ce qui était pratique pour lui qui est chauffeur de poids lourd. On s’est dit : “il y en a plein qui y arrivent, pourquoi pas nous ?” »

Sauf que les mensualités s’élèvent à 985 euros et qu’elles s’ajoutent aux 665 euros pour l’achèvement des travaux, la voiture et le regroupement de plusieurs crédits à la consommation. Rapidement, l’addition s’alourdit à nouveau : ils ont souscrit leur emprunt à taux variable et décident de le convertir en prêt à taux fixe. Dans un premier temps, ils mettent donc en location la maison, ce qui leur permet de conserver leurs revenus de gardiens. Ils parviennent à faire face.

Une maison infestée de cafards, sale, dégradée

Leila a encore en mémoire le jour où tout a basculé : c’était le 14 novembre 2008. Les locataires déménagent sans préavis et Leila et son mari découvrent une boîte aux lettres pleine d’avis d’huissier et une maison infestée de cafards, sale, dégradée. Face à une famille insolvable et à la perspective des frais d’huissier à engager, ils se résignent à y emménager. « On ne pouvait pas louer en l’état », glisse-t-elle, montrant les photos prises à l’époque.

Alors qu’elle est enceinte et qu’ils ne peuvent plus compter que sur le salaire de son mari, la précarité de leur situation éclate. « C’était de pire en pire, mon compte était vidé tous les mois. Je ne pouvais même pas retirer 20 euros. Les enfants manquaient de tout : lorsqu’ils étaient invités à des anniversaires, je devais refuser car il aurait fallu acheter un cadeau. J’ai mis mes bijoux au clou, j’allais au marché aux puces. Une fois, j’ai même récupéré des choses à la poubelle, ce que je n’aurais jamais imaginé faire. »

L’étau ne se desserre pas

Un de ses enfants dans les bras, elle sait aujourd’hui que le plus dur est derrière elle mais à l’époque, elle se levait « avec un nœud à l’estomac », raconte-t-elle. « J’avais peur de sortir, de rencontrer des gens, même d’aller à la boîte aux lettres. Quand on est surendetté, on est plongé dedans, on ne voit pas de solution car on est seuls. » A la banque, sa conseillère joue l’apaisement, mais l’étau ne se desserre pas : le dossier de regroupement des deux crédits mettra plus d’un an à être bouclé. De son côté, son mari « travaille de plus en plus, fait des erreurs au boulot ». Par crainte de perdre la face, il refuse « l’assistanat. Il fait l’autruche ». Les amies, elles, conseillent de frauder la CAF, de « faire comme tout le monde », se souvient-elle encore. « J’étais un zombie, je ne dormais plus, j’était sous anxiolytiques. »

La première bouée de sauvetage viendra de la rencontre avec Tahar Eddam, président d’Immocœur, une association de lutte contre le surendettement. Après avoir examiné le dossier, il indique à Leila la seule voie possible : vendre la maison. L’idée passe mal auprès de son mari. Mais elle finit par déposer un dossier à la commission de surendettement.

« Mon mari est encore angoissé car il pense qu’on ne pourra jamais racheter, confie-t-elle. Moi, je suis plutôt optimiste, je pense qu’il faut vivre avec ses moyens ». Le plus important, assure-t-elle encore, c’est que ses enfants – qui ont souffert des moqueries de leurs camarades – puissent partir en vacances, avoir des activités extérieures… « Finalement, c’est un mal pour un bien. On est super économes, on fait attention. » Leila se dit même convaincue que « cela a beaucoup apporté » à ses deux filles d’une dizaine d’années, devenues, malgré elles, particulièrement au fait du problème du surendettement.

(1) A sa demande, le prénom a été changé

Le foyer de Leila, en couple, trois enfants
- Revenus : 3000 euros net/mois
- Niveau d’endettement : 232 000 euros
- Remboursement après intervention de la commission de surendettement : 1052 euros/mois

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Journaliste, collaborateur régulier pour Terra eco.

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