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17-01-2011
Mots clés
Social
Consommation
France
Portrait

Sophie, surendettée : « Je ne faisais pas du tout attention »

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Sophie, surendettée : « Je ne faisais pas du tout attention »
(Crédit photo : Andres Rueda/Flickr)
 
Entrée en vigueur le 1er novembre, la loi Lagarde vise à soulager les surendettés. Qui sont-ils ? Comment en sont-ils arrivés là ? Rencontre avec une mère de famille parisienne qui doit rembourser 630 euros par mois.
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Sophie (1) a 42 ans, le ton léger et la confidence facile. En octobre 2010, elle a déposé un dossier de surendettement à la Banque de France. Trop de crédits. Pour un revenu trop faible. L’équation est sans appel. Sophie et son mari gagnent peu. 1 000 euros pour elle, salariée à mi-temps dans une association. 1 200 euros pour lui, conducteur de machine dans une imprimerie. Deux filles, de 22 et 9 ans. Et le loyer du trois-pièces dans le nord de Paris à régler chaque mois. Serrés par les cordons de leur bourse, ils risquent, il y a sept ans, un premier doigt dans l’engrenage. C’était pour acheter une voiture. Les rouages ont avalé une main, puis l’autre et les cartes se sont mises à pulluler dans le portefeuille de Sophie.

Des cartes pour payer courses, vêtements ou jouets de la cadette. « Quand vous le faites une fois, vous y prenez goût. On était toujours à découvert. On prenait de nouveaux crédits pour le combler », confie simplement Sophie. Dans sa poche, un grand porte-monnaie virtuel prend alors ses aises. Elle y puise sans compter. « On reçoit tellement de publicités, de coups de fil. Même si vous avez déjà un crédit, ils s’en fichent. Moi je faisais ça par téléphone. Je disais : “J’ai besoin de telle somme. Pouvez-vous le virer sur mon compte ?” On me ne me demandait rien. On me donnait juste le montant des mensualités à rembourser. Et sincèrement, je ne regardais pas vraiment les taux d’intérêt. »

Serrer une ceinture inconnue jusque-là

La machine si bien huilée se grippe. Sophie peine à rembourser et tente une première fois de rebondir. « J’ai trouvé une entreprise qui rachète les crédits sur Internet. Je me retrouvais avec une seule mensualité de 600 euros. C’était moins que la somme de tous mes remboursements mais je devais rembourser sur douze ans. J’ai vu qu’on y arriverait pas. » Sur le conseil de sa patronne, elle se tourne vers la Banque de France. Le couperet tombe. Elle devra rembourser 630 euros chaque mois mais sur quatre ans seulement. « Ça m’a paru raisonnable ».

Sophie va désormais devoir apprendre à serrer une ceinture dont elle ignorait la présence. « Je ne faisais pas du tout attention », avoue-t-elle. La cure s’annonce ardue. « J’ai fait les comptes. Quand on aura payé nos mensualités, l’assurance de la voiture, EDF, les factures du téléphone fixe et des portables et la cantine de la petite, il va nous rester 700 euros par mois. On n’a pas le choix, on se privera pendant quatre ans. » Pour les vacances, pas de problème. Sophie n’en a pas le goût. Pour la nourriture, elle va à l’épicerie sociale. Reste les petits plaisirs… Sophie promet qu’elle va arrêter de s’acheter trop de vêtements – « Je suis dépensière de ce côté-là » – ou de craquer pour « des bêtises ». Déjà à Noël, sa cadette n’a trouvé qu’un seul cadeau au pied du sapin contre 7 ou 8 les années passées. Mais pour son petit-fils né il y a un mois, elle a craqué.

« Vous demandez, on vous donne »

Dans cinq ans, Sophie ne sera plus fichée à la Banque de France. Replongera-t-elle alors ? « Sincèrement, non , je ne crois pas. Je ne voudrais pas me remettre dans la même situation. En même temps, j’avais déjà dit ça la première fois, quand j’avais fait le rachat de crédit. Et je suis retombée dedans… », ironise-t-elle. « C’est de l’argent facile. Vous demandez. On vous donne. Quand vous aimez l’argent, vous ne pensez pas au reste. Il faut être honnête », dit-elle. « Si mes crédits n’avaient pas été acceptés à chaque fois, j’en serais pas là. Je ne dis pas que je n’ai pas de responsabilités. Je dis que la faute est partagée. »

(1) A sa demande, le prénom a été changé.


Le foyer de Sophie, mariée, deux enfants

- Revenus : 2 200 euros net/mois
- Loyer HLM : 430 euros
- Remboursement des crédits : 630 euros/mois pendant quatre ans
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  • la loi c’est très bien mais il ne faut pas oublier que nous sommes tous responsables et adultes : ce n’est pas la banque qui nous oblige à signer un prêt mais bien chacun d’entre nous. A chacun de faire attention avant de signer !

    13.03 à 15h43 - Répondre - Alerter
  • Bonjour,

    Votre article est intéressant, mais il manque un aspect important. La nouvelle loi améliore la situation des "malades" du surendettement, mais elle ne fait pas grand chose pour le prévenir. Voici ce qu’en disait Jean-Louis Khiel, président du réseau des associations Cresus qui aident les personnes surendettées, dans un entretien à Libération du 2/11/2010 :

    "Il faudrait créer le fichier positif qui recense les personnes ayant déjà un ou des crédits, et interdire les messages internet des sociétés de crédits qui surchargent les messageries, de manière agressive : plusieurs messages par jour ... Qu’en pensez-vous ?

    Je suis entièrement d’accord avec vous pour la création du fichier positif qui responsabiliserait les établissements financiers et les consommateurs. C’est une monstruosité française que de refuser la transparence lors de l’octroi d’un crédit. La France est, à cet égard, l’un des derniers pays européens à n’avoir pas introduit de fichier positif. L’Allemagne dispose de cet instrument depuis 1928. Seuls, l’Afghanistan, l’Ouzbékistan, et l’Afrique noire n’ont pas de fichier positif, ce qui témoigne de la puissance des lobbies bancaires !"

    Or cela n’a pas été intégré car l’industrie bancaire tire d’énormes profits du surendettement !

    Bien à vous.

    19.01 à 15h01 - Répondre - Alerter
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