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1-02-2012
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Logement
France

Logement : de quoi Cantona est-il le candidat ?

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Logement : de quoi Cantona est-il le candidat ?
(Crédit photo : Theyuped - flickr)
 
La Fondation Abbé Pierre s'est servie de l'image du footballeur pour faire parler du logement pendant la campagne. Et pour cause : la crise fait rage.
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ÉCOLOGIE SOCIÉTÉ ÉCONOMIE
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Plus de 133 000 personnes vivent à la rue en France. Au moins 700 000 sont privées de domicile personnel et vivent chez des tiers ou à l’hôtel. On compte plus de 2,9 millions de mal-logés, et 6,6 millions de ménages consacrent au moins 35% de leurs revenus à leur logement. Soit 10 millions de Français frappés par la crise du logement, selon le 17ème rapport de la Fondation Abbé Pierre (FAP) sur le mal-logement en France.

Après trois ans de crise économique et quinze ans de flambée des prix dans l’immobilier, la crise du logement fait rage. Pourtant, la Fondation Abbé Pierre (FAP) a dû s’en remettre à un coup médiatique pour faire parler du logement. Sans la vraie-fausse candidature d’Eric Cantona à la présidentielle, son cheval de bataille serait probablement resté sous silence. Sans manquer de respect au King, il serait bien dommage d’en rester là.

Fabrique à inégalités

Car le 17ème rapport de la FAP est édifiant. Son portrait de la France du mal-logement, d’abord, fait froid dans le dos. Alors que les revenus des Français ont peu augmenté, le prix des logements a lui explosé. Si bien que la part des dépenses de logement dans le budget des 20% des Français les plus pauvres est passée de 30% à 38% entre 1996 et aujourd’hui. Seule une petite frange de la population, riche et propriétaire, n’est pas frappée. Le taux d’effort (part de leur budget consacrée au logement) des 20% des plus riches n’a pas bougé depuis 1996 : il s’élève à 19%.

Le reste de la population française est précarisée. Interrogés pour un sondage, plus de 3 Français sur 4 disent « avoir des difficultés à se loger ». « Comme pour l’emploi, où les gens acceptent de plus en plus de temps partiels ou de jobs éloignés de leur domicile, les Français font des concessions pour le logement », diagnostique Christophe Robert, le président de la Fondation. Or « le problème du logement entraîne tout un tas d’autres difficultés, je pense notamment aux 600 000 enfants mal-logés qui peinent à suivre une scolarité normale ».

La lutte des places

La fondation parle d’une « lutte des places » qui se déroule aujourd’hui en France. A chaque échelon du logement, chacun lutte et fait des concessions pour se loger. Tout en bas, un appel sur deux au 115 n’aboutit pas à un relogement, faute de logements d’urgence disponibles. « Les grands exclus ont le sentiment de se partager les miettes », note Christophe Robert.

« Nous avons relu nos premiers rapports, écrits il y a dix-sept ans. On s’est souvenus qu’à l’époque, nous n’aurions jamais pu imaginer la situation dans laquelle nous nous trouvons aujourd’hui, tant la violence de la crise s’est accentuée et tant le phénomène s’est étendu », s’inquiète Christophe Robert.

Robien et Sellier responsables ?

Mais la FAP ne s’arrête pas là. La Fondation a choisi en cette année présidentielle de dénoncer les causes de ce phénomène. Lois Robien, Borloo, Sellier... Les auteurs du rapport regrettent notamment que les nombreux dispositifs d’aide à l’investissement locatif, « aux coûts exorbitants », ne soient pas délivrés sous conditions sociales. En clair, ils déplorent qu’un ménage qui a acheté un logement pour le louer grâce à ces dispositifs ne soit pas contraint de limiter le montant de son loyer. « Il n’est pas normal que nos impôts servent à payer des défiscalisations pour des personnes qui sont déjà riches », souligne Patrick Doutreligne, porte-parole de la Fondation Abbé Pierre.

Dans le même temps, on construit trop peu de logements. La population s’accroît, et le nombre de ménages augmente encore plus sous l’effet des recompositions familiales et du vieillissement de la population. De quoi porter les besoins nationaux à 350 000 nouveaux logements par an. Un niveau rarement atteint ces dernières années si bien qu’il manque au moins 900 000 logements en France. Il manque surtout de logements à prix abordables pour les plus démunis, souligne la FAP, qui dénonce la politique d’aide aux plus démunis. « On ne construit pas assez, donc on ne fait pas de prévention, on se contente d’essayer de sauver celui qui vient de tomber via des dispositifs individuels comme la loi DALO (loi du Droit opposable au logement », regrette Patrick Doutreligne.

Construire plus et bloquer les loyers

Et la FAP de proposer des solutions. D’abord encadrer les loyers à la relocation, comme c’est déjà le cas pour les très petites surfaces. La Fondation cite de nombreux exemples étrangers pour montrer la validité de sa proposition.

Et puis construire massivement des logements. Plus de 500 000 par an, dont 150 000 logements sociaux. « La France a la chance d’avoir des entreprises leader dans toutes les étapes de la construction. On peut donc construire avec 100% de matière première française, ce qui aura un impact très positif sur l’économie , sur le pouvoir d’achat et aussi l’environnement si l’on s’attache à lutter contre la précarité énergétique », note-t-il.

La FAP propose également un bouclier énergétique, pour protéger les plus démunis contre la précarité énergétique, ou encore de sanctionner d’avantage les communes qui n’ont pas au moins 20% de logements sociaux, comme l’impose la loi SRU.

Combien ça coûte ?

Demeure l’inévitable question du coût de tels dispositifs. « Nous n’avons pas chiffré ces coûts. Nous montrons qu’il est possible de sortir de la fatalité, de casser le cercle vicieux de l’augmentation des prix. Nous montrons qu’il faut une politique globale, pas des saupoudrages de mesures. Ensuite c’est aux politiques de faire leur boulot », rétorque Christophe Robert.

Impossible pour autant de proposer un tel projet sans avancer des pistes de financement. La FAP s’y attelle, en proposant notamment de contraindre certains investisseurs financiers (banques, assurance...) de posséder une part de patrimoine immobilier dans leur bilan, ou d’utiliser « les milliards d’euros du Fonds de réserve pour les retraites » pour financer des constructions massives de logements. Ces sommes, aujourd’hui placées sur les marchés, seraient en fait investis dans la pierre. Autant de propositions que la Fondation va soumettre via un « contrat social pour une nouvelle politique du logement » ce mercredi aux principaux candidats à la présidentielle. Les vrais cette fois.

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