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27-04-2009

Livre. Equitable : comment grandir ?

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La Face cachée du commerce équitable, de Frederic Karpyta
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C’est un dilemme de vaudeville. D’un côté, il y a le personnage de la vieille fille rabourgie qui n’a jamais trouvé d’homme pour lui passer la bague au doigt. De l’autre, sa sœur qui est affublée d’un mari buveur, coureur et complètement idiot. Question : vaut-il mieux souffrir de la solitude comme la vieille fille, ou être mal accompagnée comme sa sœur ?

C’est ce dilemme qui hante le commerce équitable en France. D’un côté, Artisans du Monde et leurs affidés ouvrent des boutiques dans leur coin, loin de la grande distribution, se condamnant à demeurer marginaux. De l’autre, Max Havelaar choisit de labelliser des produits qui iront occuper les gondoles des supermarchés pour toucher un plus large public. Ou Alter Eco qui est devenue la première marque française de commerce équitable vendue en supermarché Qui a raison ? A première vue, le second camp, qui, économiquement parlant, a déjà remporté la partie.

Philosophie contraire

Mais le débat n’est pas clos pour autant. Et le mérite du livre du journaliste Frédéric Karpyta est de le rouvrir en faisant œuvre de pédagogie et sans tomber dans les habituels écueils idéologiques – la lutte du bien contre le mal. Avec cette question fondamentale : lorsqu’il écoule de larges volumes de marchandises, le commerce équitable peut-il le rester ? Là où les boutiques indépendantes tablent sur des circuits courts avec le Sud et sont capables de garantir l’origine de leurs produits et des conditions de travail décentes, c’est, semble-t-il, beaucoup plus difficile de s’y retrouver chez Max Havelaar. Et que dire des grandes enseignes comme Leclerc, qui s’y mettent ! Ces dernières sont plutôt habituées aux importateurs en gros, sans relations directes avec les producteurs – ce qui est contraire à la philosophie même de l’équitable.

Mais justement, cette philosophie ne devrait-elle pas évoluer un brin pour que l’équitable continue à se démocratiser ? A chacun sa conviction. Frédéric Karpyta penche, lui, plutôt pour la réponse négative, mais sans diabolisation et en s’appuyant sur un solide travail d’enquête. Gare quand même au petit coup de blues pour ceux qui espèrent qu’un jour, 100 % du commerce mondial sera équitable. Il semblerait que ce mode d’échange humain et délicat s’accommode mal du gigantisme des volumes de la consommation planétaire. Ceci étant, certains disent la même chose de la démocratie et elle ne cesse heureusement d’avancer. 

La Face cachée du commerce équitable, de Frederic Karpyta, Bourin (2009), 280 p., 17 euros.

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  • bonjour,
    je me bas pour que tous les agriculteurs du Maroc puissent vivrent dignement, se soigner et avoir une retraite. avoir un statut social pour qu’ils puissent cotiser à une caisse comme en France comme la MSA. je développe les produits du terroir du Maroc bio, j’espère pouvoir amener mon projet jusqu’au bout. je vous invite à voir mon site www.nature-équitable.com

    Voir en ligne : une sécurité social pour tout le monde

    20.05 à 00h29 - Répondre - Alerter
  • Un article apparemment circonstancié sur un livre présenté comme tel. Mais qui l’est à la seconde lecture un peu moins. Tous deux reposant sur un schématisme suffisamment commun pour traverser à peu près tous les domaines de l’économie, et qui a le mérite d’un certain confort intellectuel : d’un côté une logique intègre mais forcément restreinte, l’intégrité nous le savons tous n’existant qu’aux marges du monde humain, dans des périmètres restreints qui, s’ils s’étendaient, seraient dévoyés par définition. De l’autre une démarche qui a choisi elle de croître, qui a fait le pari d’intégrer le système mondial, ce "mari buveur, coureur et complètement idiot", et qui aurait donc perdu son innocence virginale.
    Schématisme qui permet de garder les idées claires et l’honneur sauf. Mais s’il en était un peu autrement ?

    Tout d’abord l’opposition systématique du commerce équitable intégré et du labellisé n’est pas tout à fait pertinente.
    La première voie, a longtemps hésité à caresser la deuxième, et si elle ne l’a pas fait à l’époque, c’était tout autant par manque de moyens que par "principe". D’ailleurs, faudrait-il signaler que l’approche Artisans du Monde et l’approche Max Havelaar, aussi antinomiques sont-elles présentées, participent aux mêmes organisations, se rencontrent régulièrement, et que les boutiques du monde vendent également et parfois de manière non négligeable des produits labellisés Fairtrade/Max Havelaar ? C’est que le fossé doit être franchissable. Doit-on également signaler que de l’autre bord du CE Max Havelaar recommande régulièrement au consommateur équitable d’aller faire ses achats dans ces mêmes boutiques, où il obtiendra une information plus complète et plus personnalisée ?
    Enfin faut-il rappeler que l’objet de ces deux approches est le même, garantir une meilleure rémunération et une autonomie plus forte aux producteurs du sud mais que la divergence se fait sur le moyen économique ?

    D’abord par le choix du marché : les boutiques du monde importent essentiellement des objets d’artisanat, très spécifiques localement, et qui ne peuvent faire l’objet de cahier des charges. Pour le commerce labellisé il s’agit essentiellement de produits agricoles, dont dépendent plus largement les populations défavorisées du sud, et qui peuvent être gérées de manière plus large. Il est admirable de pouvoir aider tel ou tel groupe en achetant ses étoles en soie, écharpes en alpaga, des sacs à main en cuir, développés pour une cible spécifique, mais il est d’autant plus urgent de ne pas laisser s’enfermer dans la pauvreté des populations entières produisant du café, du cacao, des bananes ou du sucre. Pour cela il faut atteindre un volume critique minimal, et user des réseaux d’exportation/importation habituels, avec leurs forces et leurs faiblesses.

    Par ailleurs en ce qui concerne les garanties offertes concernant l’origine et les conditions de travail, il me semble un peu léger encore une fois d’opposer des circuits courts au système de Max Havelaar où il est "beaucoup plus difficile de se retrouver". Tout d’abord une filière de production complète intègre a minima producteur-exportateur-importateur-fabricant-distributeur, il semble difficile de se priver d’un des maillons de la chaîne, sauf à offrir aux coopératives lieux de stockage portuaires amont, flottes de navires, lieux de stockage aval, usines de transformation...Le but de la démarche du commerce équitable est certes d’assurer le plus d’autonomie aux producteurs au sud, et donc d’intégrer le plus de valeur ajoutée en amont, qu’ils transforment progressivement de plus en plus leurs produits. Mais le chemin est encore long !

    Surtout l’inspection et la certification sont des métiers, qu’il me semble important de professionnaliser, et ce qui est pertinent pour le bio avec des organismes de certification importants en taille et expérimentés (tel Ecocert tant vanté !) doit l’être pour l’équitable. Je ne suis pas certain qu’un gérant d’une boutique qui doive être en même temps sur tous les fronts, et se rendre au mieux deux fois l’an dans la coopérative qui l’approvisionne, ait de facto une meilleure vision de l’environnement socio-économique dans lequel elle s’insère qu’un réseau d’inspecteurs de plus en plus professionnalisés, disposant d’un cahier des charges précis, et le plus souvent locaux (Flo-Cert pour ne pas le citer). Un modèle donné n’est pas en soi meilleur que l’autre, ils me semblent l’un comme l’autre mieux adaptés à leurs fonctions réciproques. Et donc complémentaires...

    Last not least, pour avoir quelque peu rendu visite à des coopératives sur divers continents, la demande récurrente des producteurs qui entraient dans le système, coûteux pour eux (comme l’explique très bien le livre de Frédéric Karpyta) dans la mesure où les exigences du cahier des charges pèsent sur leurs méthodes, était d’accroître les débouches de leurs produits : certaines coopératives certifiées dans leur totalité n’exportent qu’une petite partie en équitable, d’autres en attente de certification sont également en attente de débouchés. Et beaucoup ont du mal à comprendre les débats qui agitent le milieu journalistique parisien, et se convertissent parfois à Rainforest Alliance qui leur offre débouchés massifs et un appui moins exigeant en contreparties...

    28.04 à 12h32 - Répondre - Alerter
    • Je n’ai pas encore lu le livre.
      Je voulais seulement signaler Oxfam en Belgique, qui, depuis plus de 30 ans, a développé des achats alimentaires (en gros dans les mêmes coopératives que celles qui sont répertoriées en France) et d’artisanat. Et a ouvert près de 200 magasins tenus par des bénévoles, dans ce petit pays.
      La certification par Max Havelaar s’est faite peu à peu, dans l’alimentaire, mais auparavant, Oxfam avait un réseau de gens qui allaient "contrôler" les coopératives. C’est toujours le cas dans l’artisanat. Et bien sûr, en plus du contrôle, des services et des conseils sont proposés aux coop. pour améliorer leurs produits.
      Moyennant quoi, la population belge est bien plus sensible au Commerce Equitable que les français, et ils achètent plus.
      Un exemple à suivre

      14.05 à 10h38 - Répondre - Alerter
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