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Les jeunes reprennent du service (civil)

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Les jeunes reprennent du service (civil)
 
La France veut développer le dispositif encore marginal du service civil volontaire. Objectif : favoriser l'engagement citoyen, la solidarité, la mixité sociale. Au-delà des grands mots, coup de projecteur sur ce dispositif à Marseille.
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ÉCOLOGIE SOCIÉTÉ ÉCONOMIE
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"Le puffin cendré est un oiseau qui vit toute l’année en haute mer et vient sur les Îles du Frioul pour se reproduire. Nous avons posé des nichoirs artificiels pour protéger ses oeufs des rats ou des effondrements de terriers de lapin." Vous pensez écouter un ornithologue dans un de ces documentaires animaliers qui jalonnent la torpeur des après-midi d’hiver ? Manqué : c’est Sarah, 19 ans, qui nous explique les détails de la vie de ce volatile méconnu.

Cette marseillaise fait partie des 8 volontaires de l’équipe Environnement d’Unis-Cité, une association qui accueille 1 000 jeunes par an en service civil volontaire. Avec ses "collègues", elle travaille tous les jeudis avec le Conservatoire-études des écosystèmes de Provence (CEEP). Le mardi et mercredi, c’est Boud’mer : elle aide la petite association à retaper des bateaux traditionnels et s’attelle à l’organisation de la Frioulade, une opération de nettoyage des îles rendues célèbres par le comte de Monte-Cristo agrémentée d’un repas. Le vendredi, elle prépare des opérations de sensibilisation au développement durable pour les 16-25 ans avec l’Atelier Méditerranéen d’Environnement. Et ce pendant 9 mois.

Touches à tout

Après un bac ES et un passage peu concluant en prépa lettres, elle a "décidé de prendre une année pour réfléchir à mon parcours professionnel, histoire de ne pas me planter. L’année dernière, j’ai rencontré des volontaires qui me racontaient à chaque fois leur journée et ça ma donné envie", raconte-t-elle. "Ce qui est bien c’est qu’on touche à tout", explique-t-elle. Soit pour Boud’mer, la logistique, la communication, mais aussi les travaux manuels : "peinture, carrosserie, menuiserie, électricité, mécanique", détaille Jean-Guy Nothelier, salarié de l’association. "Au début on se dit : charpentier c’est bien pour les hommes qui veulent apprendre le métier... Mais en fait c’est super intéressant", assure Ludivine.

Contrairement à Sarah, qui avait déjà la fibre DD, elle était plutôt là "pour avoir une expérience professionnelle avec des personnes déficientes intellectuelles, précise-t-elle. Mais même si ce n’est pas mon domaine, au moins j’apprends des choses. Déjà le développement durable, c’est un grand mot : je ne savais pas vraiment ce que cela voulait dire". Parmi les 96 volontaires de cette promo 2009/2010, d’autres officieront dans un accueil de jour pour SDF, au Secours populaire ou encore auprès de minots des quartiers nord.

Et le lundi, on prend le temps pour encaisser toutes ces expériences ? Que nenni : les volontaires sont briefés sur "la formation et bénéficient d’un accompagnement dans leur projet professionnel ou d’étude et d’une formation citoyenne", complète Fathya Ali Soudja, coordinatrice de l’équipe. "On apprend plus qu’en éducation civique en voyant vraiment fonctionner les choses, comme le Conseil régional auquel on a assisté, constate Christelle.

Montée en puissance

C’est un peu mieux que d’apprendre par cœur la Marseillaise... Et c’est surtout pas mal comme apprentissage de la vie, au point que le nouveau statut voté à la quasi-unanimité la semaine dernière par les députés permettra aux volontaires de valider leurs mois d’engagements dans les cursus d’enseignement supérieur. "On ne connaît pas encore les modalités précises, mais cela prouve la reconnaissance par l’éducation formelle de toutes les compétences informelles acquises pendant le service civique", se félicite Pascal Isoard-Thomas, directeur d’Unis-Cité Méditerranée.

A part ça, le service civique est aussi proche du service civil volontaire, créé lui en 2006, que son nom le laisse entendre. "Ce qui change, c’est une ambition politique beaucoup plus forte et c’est ce qui manquait jusqu’à présent", se réjouit-il. En plus du lancement (enfin) d’une campagne de communication, les crédits votés la semaine dernière à la quasi-unanimité par l’Assemblée Nationale permettront de financer la prise en charge de 10 000 volontaires en 2010 puis de 15 000 jeunes supplémentaires par an.

"Comme le service militaire"

Pour Christelle, il n’y a pas eu besoin de campagne de com’ : c’est l’exemple de son frère Thierry, volontaire en 2008/2009, qui a convaincu cette étudiante en anglais de 23 ans de faire "une parenthèse" dans ses études. "Il m’a dit qu’il en a appris plus sur sa ville, qu’il a rencontré des gens avec qui il n’aurait jamais osé parler", indique-t-elle. "Un peu comme à l’époque du service militaire", commente Adil Mahil, de l’association Tremplin Santé Jeunes, qui accueille des volontaires pour la quatrième année consécutive. Le côté bidasse en moins. "Cela permet un brassage culturel dans un contexte de cloisonnement de plus en plus fort", renchérit Pascal Isoard-Thomas, directeur d’Unis-Cité Méditerranée.

Des grands mots ? "Peut-être mais c’est quelque chose qui fait énormément discussion entre eux. Il y a les étiquettes du départ comme Charentaise, la Comorienne, les intellos... Et puis il y a quelque chose qui saute à ce niveau là : la question c’est alors de savoir si l’autre est sympa, impliqué, on est jugé sur les qualités humaines", assure Adil Mahil. Histoire de provoquer la rencontre, Unis Cité prend d’ailleurs bien garde à avoir "des hommes comme des femmes, des favorisés comme des défavorisés, des bac +5 comme des bac -5", schématise Pascal Isoard-Thomas.

Rester vigilants

Reste que l’objectif de 10% d’une classe d’âge en 2015 situe le futur service civique à une toute autre échelle que les 3 000 jeunes engagés cette année. "Comme tout système, du moment qu’il s’étend pour s’étendre il n’y a plus d’intérêt. Il faut qu’Unis-Cité garde sa capacité à être vigilant sur la qualité des projets et à être présent en accompagnement presque individuel", prévient Adil Mahil. De son côté, le "deal" est clair : "on reste sur des projets qui ne se feraient pas sans Unis-Cité, parce que cela demande trop de temps, trop de contacts avec des partenaires", affirme-t-il.

Sous-entendu, pas question de voir les volontaires remplacer des salariés ou des bénévoles, un problème d’autant plus sensible dans des secteurs à la frontière du concurrentiel, comme celui de la dépendance, très lié aux services à la personne. "A quel moment on est dans le lien social et à quel moment on participe au développement de la structure ? C’est très limite ces questions-là". Adil Mahil met également en garde contre un service civique qui "serait plus une mesure de lutte contre le chômage des jeunes". Dans ce cas, les grands mots cacheraient une réalité bien moins rose.

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Journaliste, collaborateur régulier pour Terra eco.

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  • volontaire civile il y a trois ans en à lille avec la même association "unis-cité" je reste très partagée quant à ces bénéfices. Cette experience m’a biensur permis de decouvrir des dispositifs fort interessants, de développer certaines compétences et aptitudes pour le travail en équipe, en réseau...Cependant le débat qui est suggéré dans cet article concernant la non substitution de salariés par des volontaires s’avert être permanent sur le terrain...la frontière est effectivement très tenue. le dispositif Unis cité à une visée éducative pour les jeunes qui s’y engagent alors que les textes qui nous sont presentés avant notre engagement laissent à penser que nos aspirations profondes en terme de remise en questions de la société actuelle seront entendues voir soutenues. Ce n’a pas était le cas....souvent il nous fallait nous taire notament lorsqu’on sentait s’oppèrer un glissement du volontariat à la servitude !
    il reste un peu cette idée de faire des jeunes de futurs bons petits soldast....la citoyeneté c’est parfois aussi dire non !!! lorsque les propositions qui nous sont faites ne nous parraissent pas juste dans un sens social...ou autre....ce n’est toujours pas compris d’une manière générale...même à unis-cité où un bon volontaire est un volontaire docile et toujours reconnaissant !

    20.02 à 13h45 - Répondre - Alerter
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