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29-10-2012
Mots clés
Santé
Consommation
France

Les huiles essentielles entre potion et poison magique

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Les huiles essentielles entre potion et poison magique
(Crédit photo : gilles rolle - réa)
 
« Harry Potter et l’aromathérapie » : un tome inédit des aventures du jeune binoclard ? Non, c’est l’histoire des apprentis sorciers du basilic et du romarin. Gare aux sortilèges de l’automédication !
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ÉCOLOGIE SOCIÉTÉ ÉCONOMIE
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Vous êtes stressée, ma p’tite dame ? Quelques gouttes d’huile essentielle de bergamote et tout ira mieux. Une inflammation de la peau ? Un peu de tanaisie annuelle, mon bon monsieur. Des maux de ventre ? Va pour la cardamome. Sous ses airs d’apothicaire fou, qui farfouille entre ses fioles d’Eugenia caryophyllus sprengel et ses réserves d’Eucalyptus polybractea cryptonifera, se cache l’aromathérapeute, celui qui soigne par les huiles essentielles. Ces essences d’extraits de plantes renferment une potion magique : un principe actif, super-ultra-concentré. Par exemple, l’essence de clou de girofle est composée à 80 % d’eugénol. Un taux assez fort pour dire adieu aux sales microbes coincés dans le corps. C’est justement tout l’intérêt, mais aussi tout le danger, de l’huile essentielle. Les plantes, ça ne peut pas faire de mal ? Erreur !

Diable et magie noire

Jean-Pierre Willem, médecin spécialisé en aromathérapie, ne mâche pas ses mots : « Les huiles essentielles sont des bombes chimiques. Elles sont d’une efficacité redoutable. Elles peuvent entraîner la mort, engendrer des épilepsies… » Diable ! Aromathérapie rimerait-elle avec magie noire ? Pas vraiment. Car il y a un secret : tout dépend de la dose ! Le docteur Jean-Michel Morel, enseignant en aromathérapie à l’université de Franche-Comté, explique : « Par exemple, le basilic a des propriétés protectrices connues. Mais la plante contient du méthyl-chavicol. » Du méthyquoi ? « Ce principe actif, testé isolément sur les rats, déclenche des cancers du foie. Mais les médecins savent qu’en petite quantité, le basilic est source de bienfaits. »

Sarriette ou menthe poivrée

Sauf que le débutant tombé dans la marmite de l’aromathérapie, lui, l’ignore. Il ignore aussi que certaines essences, comme celles de sarriette ou de menthe poivrée, sont absolument déconseillées chez la femme enceinte, car abortives. Que l’hysope officinale est neurotoxique, et le romarin, caustique. Il existe actuellement environ 400 huiles essentielles… et tout autant d’indications d’emploi. Ainsi, les concentrés d’agrumes étant photosensibles, il ne faut jamais les appliquer à même la peau, au risque de brûlures cutanées. Respirer les huiles essentielles, le nez au-dessus du flacon, peut aussi provoquer une irritation des sinus…

« Ce n’est pas de la sorcellerie, s’emporte Jean-Pierre Willem. L’aromathérapie, c’est de la biochimie ! Il faut connaître les molécules. Le médecin, lui, les connaît ! » Loin d’être le cas du vendeur d’essence de lavande de la boutique de souvenirs sur la Côte d’Azur. Jean-Michel Morel s’inquiète, lui, de voir « un usage immodéré [des huiles] chez le grand public ». Boutiques diététiques, magasins bios, Internet : les tentations sont grandes pour se procurer sa petite dose. Dans ce fatras, le consommateur s’y perd. « Les huiles essentielles doivent être achetées dans les pharmacies spécialisées, dans lesquelles on peut prétendre bénéficier des conseils éclairés d’un personnel formé », tonne Danièle Festy, pharmacienne spécialisée.

Sans compter que, depuis sa colline ensoleillée, le thym ou la camomille ont pu drainer des pesticides, qui se retrouvent à leur tour ultraconcentrés dans leur joli flacon. Dans une étude publiée en 1998, le pharmacologue Heinz Schilcher, de l’université de Berlin, explique que « la présence de pesticides est attendue dans les huiles essentielles, car elles sont liposolubles ». Autrement dit, solubles dans les graisses. Et abracadabra, les produits phytosanitaires s’y concentrent. Pour y échapper ? Il suffit de viser les labels bios. C’est pas sorcier. —


Déchiffrer l’emballage sans se planter

Les huiles essentielles sont vendues à droite à gauche. Pour ne pas se faire berner, mieux vaut décrypter l’étiquette à la loupe. La variété botanique complète doit être inscrite en latin, avec son genre, son espèce et l’abréviation du botaniste qui, le premier, l’a décrite. Si l’appellation Cinnamomum zeylanicum blume ressemble à un sortilège de Harry Potter, elle vaut mieux qu’une simple « cannelle de Ceylan ». De même pour la partie végétale extraite. Une même plante, selon que l’on distille sa fleur ou sa racine, peut receler des propriétés variables. Vérifiez également le chémotype, car l’origine géographique du végétal influe sur sa chimie. Ainsi le thym, s’il pousse dans une région extrêmement chaude, aura un taux de carvacrol – réputé antibactérien – élevé. En revanche, s’il évolue en montagne, c’est le géraniol qui prendra le dessus… Un fameux répulsif d’insectes. —

Les huiles essentielles, médecine d’avenir, de Jean-Pierre Willem (Dauphin, 2002)

Je ne sais pas utiliser les huiles essentielles, de Danièle Festy (Leducs, 2012)

- L’étude de Heinz Schilcher

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Née au bout de la Loire, un pied dans l’Atlantique, l’autre embourbé dans la terre, elle s’intéresse aux piafs et aux hortensias, observe ses voisins paysans et leurs élevages bovins. Elle enrage devant les marées noires. Licenciée en lettres, elle sort diplômée de l’Institut pratique du journalisme de Paris en avril 2012. Elle scrute les passerelles qui lient les hommes à leurs terres. Parce que raconter la planète, c’est écrire au-delà des pommes bio et du recyclage de papier.

9 commentaires
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  • Si vous souhaitez lutter contre la sorcellerie nous vous recommandons les feuilles de sidr !

    29.04 à 22h31 - Répondre - Alerter
  • diffuseur d’ârome : Diffuseur d’huile essentielle

    Retrouvez un boutique de Diffuseur d’huile essentielle pour l’aromathérapie idéal pour la relaxation

    10.05 à 00h17 - Répondre - Alerter
  • Bonjour, es-ce toujours à jour ou dois-je suivre ce guide l’aromathérapie https://planetbio.fr/ je souhaiterais m’y mettre et savoir quel information suivre merci :D, sinon super article

    9.05 à 23h50 - Répondre - Alerter
  • Visiblement, il est difficile de traiter un sujet aussi délicat sans tomber une fois de plus dans les clichés les plus faciles ou une lecture manichéenne. Mais par le choix des interviewés comment cela pourrait être autrement ?
    Mr Willem vient nous parler de "danger de mort" alors qu’il est premier à faire des prescriptions sur les antennes radios avec des recettes surdosées et souvent plantes lointaines inconnues de tous. Mais de quels morts parlent-on ? ceux des stupéfiants, de l’alcool, des scandales alimentaires ou des médicaments trop vite lancés... ???
    D. Festy nous alerte alors qu’elle fait fortune en vendant ses best sellers de l"automédication". Elle fait les louanges des officines alors qu’elle sait pertinement l’absence criante de formations adaptées sur ce sujet dans les cursus universitaires. A défaut, quelques labos largement présents dans les officines se chargent de donner leur vernis de commerçants et comme Mme Festy dans ses livres, laissent croire à l’absence de pesticides et donc du caractère facultatif du bio pour les HE, tout cela à de basses fins de préserver leurs gammes non bios plus lucratives.
    Si l’on peut s’accorder sur la nécessité d’une "vente accompagnée" pour ces produits et que Internet n’est vraiment pas un canal adapté à un conseil personnalisé, je pose la question : quand un journaliste osera mettre en lumière :
    - que les études cliniques qui devraient être financées par la recherche publique (par défaut d’initiatives privés) ne peuvent voir le jour faute des budgets indispensables ?
    - que la formation de base ou continue des thérapeutes sur ces sujets est indigne face à la demande croissante du consommateur ?
    - que la qualité des produits proposées sur tous les circuits de distribution est trop faible pour en faire une alternative crédible aux antibiotiques, anti-inflammatoires et autres anti-depresseurs dont notre société fait une surconsommation bien dangereuse ?
    - que certains sites internet font de la prescription avec vente en ligne et cela en toute impunité
    - que les politiques se déintéressent du sujet, sauf à ouvrir le parapluie avec des textes baclés (projet de loi Fichet sur l’herboristerie) ?

    Au final, les ayatollas de l’allopathie se rejouiront de cette vision convenue de l’article (sauf pour l’ importance du bio ! Merci). L’industrie pharmaceutique a encore de beaux jours et nos enfants paieront les factures à la fois de nos dépenses actuelles de santé totalement folles et des campagnes de pub correctives comme par exemple sur l’excès des antibiotiques.
    Par un souci compréhensif de prévention et faute de discernement, il est dommage de discréditer aussi légèrement une vraie alternative efficace en matière de santé, que la nature nous a mis à disposition, à la fois peu onéreuse et créatrice d’emplois dans nos régions. Alors un peu d’audace Terraeco !!

    13.11 à 23h12 - Répondre - Alerter
  • Vous avez parfaitement raison d’alerter sur les dangers potentiels des HE.Comme tout produit actif elles ne sont pas dénuées d’effets secondaires qui peuvent se révéler graves,en particulier chez l’enfant et la femme enceinte.Il faut savoir que Prescrire (que nul ne peut soupçonner de complaisance envers l’industrie pharmaceutique !)les déconseille très fortement à cause de ce danger d’effets secondaires et de la quasi absence d’études vraiment fiable.
    Pour moi,il n’est pas plus légitime d’exposer un enfant à un risque de convulsions avec certaines HE pour une banale rhinopharyngite que de risquer une poussée hypertensive ou un AVC chez un adulte avec les vaso-constricteurs pour ce même rhume !
    Tous les pharmaciens n’ont pas fait de formations complémentaires pointues et longues type DU en phytothérapie et/ou aromathérapie,mais nous avons TOUS suivi une formation de base complète pendant nos études.Nous avons également une obligation de contrôle des produits que nous vendons.Le risque de produits frelatés ou douteux est donc moindre dans le circuit offinal.Il y a bien sûr des professionnels compétents (voire très compétents)dans les magasins bio ou les parapharmacies mais ce n’est hélas pas toujours le cas...
    Certains fournisseurs sur le net sont très sérieux,Aromazone avec ses fiches produits très précises en particulier,mais on trouve aussi le pire.
    On retrouve le même problême en matière d’information:certaines publications sont dangereuses et le profane aura bien du mal à juger du sérieux de l’information.
    Pour moi,certaines HE relèvent uniquement de la prescription d’un médecin spécialisé.Il ne viendrait à l’esprit de personne d’initier un traitement anti-coagulant en auto-médication !Pourquoi une telle légéreté envers les HE ?
    La plus grande prudence s’impose donc.

    1er.11 à 12h18 - Répondre - Alerter
  • "Le médecin, lui, les connaît !",

    "les huiles essentielles doivent être achetées dans les pharmacies spécialisées"

    si je comprends bien nous vivons dans un pays formidable dont le système de santé est le plus sûr au monde, et il serait grand temps de relancer la chasse aux sorcières

    je suis encore une fois attristé d’un tel manichéisme simpliste, c’est vrai que les huiles essentielles sont dangereuses, mais ce n’est pas en immolant quelques boucs émissaires (non diplômés par la Faculté), que nous conjurerons des menaces dues à notre seule ignorance.

    Il est certes moins facile, moins juteux et moins porteur de pouvoir d’éduquer le public que de se poser en "savant" exclusif et légitime.

    Formons, éduquons, sensibilisons, transmettons, partageons le savoir !

    Nous n’avons jamais eu autant d’outils pour cela qu’aujourd’hui, utilisons les pour éduquer, affranchir, responsabiliser et pas pour dominer, effrayer et finalement asservir

    31.10 à 10h10 - Répondre - Alerter
  • Si on arrive à cette situation ou tout le monde fait n’importe quoi avec les huiles essentielles c’est parce que les pharmaciens ont fait depuis très longtemps une politique commerciale qui les pousse à vendre les médicaments les plus rentables pour eux au détriment des médicaments les plus efficaces mais moins chers comme par exemple certaines huiles essentielles.
    Du coup ils ne sont plus du tout formés et ne savent absolument pas conseiller les clients à ce sujet mais par contre savent répéter tous en choeur les arguments de vente que les visiteurs médicaux leur ont enseignés sur les médicaments très rentables pour les affaires de la pharmacie. (Je précise que j’ai travaillé dans une pharmacie et que j’ai vu l’envers du décor)
    A cela se rajoute la bêtise de personnes illuminées qui pensent que toutes les plantes de la planète sont forcément très bonnes puisque ce ne sont que de simples plantes, mais les champignons vénéneux mortels sont des plantes aussi non ? vous les mangeriez ?
    il y a aussi des plantes qui servent de drogues à fumer ou à respirer qui sont bien toxiques aussi non ?
    Tout cela est vraiment dommage car les plantes utilisées de la bonne façon, c’est à dire avec une grande connaissance précise et actualisée, font souvent des miracles pour des maladies parfois même très graves.
    Donc la seule chose que l’on puisse faire en tant que simple malade c’est de se renseigner au maximum avant d’utiliser les huiles essentielles en lisant le plus de livres possibles, en faisant des recherches sur internet, en en parlant tout de même avec plusieurs médecins et pharmaciens, en échangeant sur des forums... et ensuite de faire des essais pour soi-même de façon raisonnable.
    Personnellement pour moi et ma famille ça fonctionne très bien et on se soigne presque exclusivement graçe à des vitamines et huiles essentielles depuis plus de 30 ans.
    Bonne santé à vous tous !

    30.10 à 23h08 - Répondre - Alerter
  • C’est bien parce que c’est compliqué les plantes aromatiques et médicinales qu’il y avait des herboristes, jusqu’à la seconde guerre mondiale !! A l’époque où les pharmaciens ne sont plus tous capables de nous confirmer si les champignons sont comestibles ou non, comment leur faire confiance aveuglément sur les huiles essentielles ?

    30.10 à 14h50 - Répondre - Alerter
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