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La Radio Munkû tourne aux bœufs

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La Radio Munkû tourne aux bœufs
(Crédit photo : RFI planète radio)
 
En République démocratique du Congo, cette station communautaire émet grâce à un système… de traction animale. Une initiative signée RFI Planète radio.
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ÉCOLOGIE SOCIÉTÉ ÉCONOMIE
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Le matériel est arrivé à Kinshasa en août, il y a quelques semaines à peine. La petite cage de fer, l’alternateur et ses courroies ont ensuite parcouru les 150 km vers l’est qui séparent la capitale de la République démocratique du Congo (RDC) de la petite ville de Mbankana. C’est là qu’émet, depuis 2004, par intermittence, la radio rurale Munkû. En quelques années, la station associative est devenue « l’âme de toute une communauté », comme le vante son slogan. Mais voilà quelques mois, les émissions de Munkû ont dû cesser. Le système photovoltaïque qui alimentait électriquement la radio locale a tourné court : « les panneaux ont été volés », explique Max Bale, chef du projet RFI Planète radio.

Un alternateur de camion

Grâce à ce programme, ce sont deux bœufs, tournant en rond, qui remplacent désormais les cellules dérobées. Autour d’un axe, planté sur le lopin de terre qui fait face au site de diffusion, un mécanisme de courroies et de pignons recyclés entraîne un alternateur électrique, lui-même issu des vestiges d’un camion. Une ressource électrique simple, correspondant aux besoins de la station – 1 kilowatt généré par heure – et 100 % locale : les animaux qui gravitent autour du générateur proviennent d’une zone d’élevage proche.

RFI Planète radio n’en est pas à son premier essai. Née dans le giron de la station internationale française, la structure s’agite depuis une douzaine d’années pour aider au développement des radios de proximité tout autour du globe. Les objectifs sont toujours les mêmes : éduquer journalistes et techniciens à l’outil radiophonique et à la maintenance des équipements. Car pour Max Bale, le transfert des compétences aux locaux est « une nécessité ». Sans cela, le travail réalisé sur place s’annule avec le départ des formateurs. Les « élèves »pourront, eux, transmettre à leur tour leurs connaissances, et même « bricoler d’autres systèmes électriques ».

En RDC, à l’approche des élections générales prévues pour la fin de l’année, les attentes de la population sont fortes. Il faut sécuriser les médias locaux, assurer l’alimentation en électricité des stations de radio, etc. Les promoteurs de RFI Planète radio ont donc choisi une zone stable pour installer leur machine et se sont assurés de la motivation des habitants. « Les bœufs sont entraînés depuis trois mois », annonce fièrement Max Bale.

Près d’une zone d’élevage

Avant de s’installer près de Kinshasa, les appareils de RFI ont passé trois ans en Centrafrique. Au cœur de Nana-Mambéré, l’une des préfectures les plus dangereuses du pays, la radio Maïgaro émettait grâce au même système du « Bœuf qui tourne ». « Techniquement, ça fonctionnait très bien », explique Max Bale. Mais la ville de Bouar, particulièrement instable, ne constituait pas l’endroit idéal pour installer ce dispositif expérimental. « Le patron de la radio a changé trois fois, le préfet est allé en prison… » Et la population, peu désireuse d’accueillir cette installation aux airs moyenâgeux, était mal préparée.

« Quand nous sommes arrivés, les habitants nous ont fourni des veaux », raconte l’expert en développement radio. Il n’avait pas réalisé l’importance d’installer sa machine près d’une zone d’élevage. Or, si les locaux ne sont pas habitués à entretenir des bêtes, le système est voué à l’échec. « C’est la seule compétence nécessaire pour assurer sa maintenance. » Depuis, la radio Maïgaro a reçu des mains d’autres ONG un générateur thermique à essence, un système « plus facile à gérer », lâche Max Bale à contrecœur.

La phase de test prend fin

Mais on apprend de ses erreurs. Le radio-bidouilleur et ses collègues ont compris que le système d’alimentation électrique doit s’adapter au milieu dans lequel est installée la station. C’est d’ailleurs sur ce sujet que se tient à Kinshasa du 3 au 5 octobre une table ronde réunissant les acteurs de ces radios de proximité. L’objectif : rédiger un cahier des charges minimal posant les conditions d’installation de ces stations et déterminant le mode d’alimentation à utiliser, selon la présence d’un troupeau ou d’une production agricole alentour. Cela constituera la fin de la phase d’expérimentation.« Ensuite, on pourra penser à développer notre “ Bœuf qui tourne ” », résume Max Bale. Un dispositif qu’il ne présente jamais comme « une réponse ultime à la grave problématique énergétique mondiale ». Les Africains eux-mêmes n’y croiraient pas : « On les bassine tellement avec tout un éventail d’énergies renouvelables, ou avec le nucléaire, que quand on arrive avec nos bœufs, forcément il y a du scepticisme. »

Mais le système d’alimentation électrique par traction animale, c’est une idée simple, accessible aux structures isolées, « celles-là mêmes qui mettront de nombreuses années avant de pouvoir bénéficier des progrès technologiques occidentaux ». Car pour RFI Planète radio, combler la fracture numérique demande d’abord de répondre à la question de l’alimentation électrique. « Une radio sans électricité, c’est un journal sans papier », rappelle Max Bale. Et sans ces médias locaux, ce sont les espoirs d’une bonne gouvernance et d’une démocratie qui s’éloignent. —

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