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15-10-2007
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Interview

Les biocarburants sont "les carburants de la mort"

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Les biocarburants sont "les carburants de la mort"
 
Après avoir dénoncé l'utilisation massive des pesticides, le journaliste Fabrice Nicolino s'attaque au "fantasme" des biocarburants. Dans La faim, la bagnole, le blé et nous, il accuse l'agriculture productiviste d'avoir encouragé le développement de carburants "nullement écologiques".
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Les biocarburants étaient jusqu’ici présentés comme une solution pour le climat. Selon vous, leur bilan écologique est catastrophique, pourquoi ?

Les promoteurs des biocarburants répètent sans cesse la même fable : "Les biocarburants sont bons pour pour l’environnement, leur bilan carbone est neutre." Mais c’est complétement faux. Des études tenant compte du cycle de production de ces cultures ont prouvé que les biocarburants sont en réalité bien plus néfastes pour le climat que le pétrole lui-même. Pour produire massivement, on a en effet relancé la machine à engrais et à pesticides. On consomme des énergies fossiles pour le transport. On détruit les forêts tropicales pour libérer des terres cultivables. Alors oui, les biocarburants ont un bilan écologique désastreux !

Quels sont ces "profiteurs" que vous dénoncez ?

En France, les biocarburants ne servent qu’à offrir de nouveaux débouchés aux productions de masse du lobby de l’agriculture industrielle. Confrontée aux surplus à la fin des années 80, l’agriculture intensive s’est vue imposer le gel de terres par l’Union européenne, en 1992. Sauf que, dès cette époque, des petits malins qui pensaient déjà aux biocarburants ont obtenu le droit de cultiver ces terres à des fins non-alimentaires, tout en touchant des primes pour ces "jachères". Les lobbies sont allés frapper à la porte des politiques. Et une fois qu’ils ont obtenu l’oreille d’un certain nombre d’élus, il ne restait plus qu’à vendre l’affaire à l’opinion publique. C’est pour cela que dès 1992, on entend des politiques marteler que les biocarburants étaient bons pour le climat.

Les biocarburants sont largement subventionnés par l’Etat. Pourquoi les pouvoirs publics encouragent-ils leur production ?

Ils sont tellement soutenus par l’Etat que si, demain, les aides fiscales étaient supprimées, la filière disparaîtrait. Il faut se rendre compte qu’il n’y en fait aucune logique économique dans cette histoire. C’est uniquement un choix politique encouragé par des lobbies qui ont su défendre leurs intérêts particuliers. Comme depuis les années 90, les incertitudes sur les réserves de pétrole disponibles inquiétaient les politiques, le carburant végétal a été présenté comme "la" solution. En France, on s’est jeté dans cette voie à corps perdu, sans jamais s’arrêter pour réfléchir. Aucune étude écologique complète n’a été produite, à l’exception de celle commandée par l’Agence de l’Environnement et de la Maîtrise de l’Energie (Ademe) en 2002. Elle a été réalisée par un cabinet privé en association avec les industriels. Ça donne une idée du sérieux de ce rapport...

Pourquoi parlez-vous de "nécrocarburants" dans votre livre ?

Parce que ce sont vraiment les carburants de la mort. La concurrence entre les cultures pour l’alimentaire et pour le non-alimentaire fait s’envoler le cours des matières premières. On fait exploser le prix des produits de base pour remplir les réservoirs des bagnoles, au mépris du milliard d’affamés dans le monde. Cette envolée est catastrophique pour ceux qui vivent avec un ou deux dollars par jour. Quand l’alimentation représente 60 à 80 % de votre budget, si son prix augmente voire double, vous vous retrouvez dans la misère.

En quoi la production de ces carburants met-elle en danger la biodiversité ?

Pour répondre à la pénurie de céréales, la Commission européenne a décidé la suppression des jachères pour la campagne 2008. Or, ces zones non cultivées servaient de refuge à la faune. Et supprimer la jachère, c’est relancer l’utilisation d’engrais et de pesticides. Des produits tuent tout ce qui bouge ! Au niveau mondial, c’est une catastrophe sanitaire. On est en train de faire disparaître des pans entiers d’écosystèmes. L’Indonésie est, par exemple, devenue le troisième émetteur de gaz à effet de serre simplement en brûlant ses forêts. C’est la championne du monde de vitesse en déforestation. Des milliers d’espèces sont en danger. Et c’est la même chose en Amérique latine, en Afrique...

Les biocarburants de seconde génération trouvent-ils grace à vos yeux ?

Non. C’est de la propagande, ni plus ni moins. Le lobby des biocarburants anticipe les mouvements de l’opinion. Comme les biocarburants sont produits à partir de plantes alimentaires, cette génération pose problème. Heureusement, la deuxième génération arrive, celle fabriquée à partir des tiges et des feuilles des plantes... Mais quand au fait ? Pour l’instant, elle n’est qu’au stade expérimental. On l’annonce pour 2015, dans plus de sept ans ! C’est un tour de passe-passe. Vous verrez qu’ils n’arriveront jamais.
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