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21-11-2013
Mots clés
Biodiversité
Espagne

Les abeilles voyageuses pollinisent les sommets espagnols

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Les abeilles voyageuses pollinisent les sommets espagnols
 
Dans le Parc national des pics d’Europe, les butineuses embarquent à bord d’une singulière remorque. Direction les hauteurs pour s’éloigner de la pollution, restaurer les écosystèmes du coin et préserver les espèces menacées.
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ÉCOLOGIE SOCIÉTÉ ÉCONOMIE
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Le jour se lève sur les pics d’Europe. Coincés entre les Asturies, León et la Cantabrie, ces sommets sont devenus, en 1918, le premier Parc national d’Espagne. Tout en haut, la neige nargue l’été qui commence. Nous sommes à la fin du mois de juin. En contrebas, les ruches sont bien calées pour une ascension périlleuse. Elles s’apprêtent à prendre leurs quartiers d’été à 1 600 mètres d’altitude et pour plusieurs semaines, selon la météo. « La transhumance, c’est toujours une étape délicate, prévient Joaquín Morante, responsable de l’association “ Abejas en acción ” (Abeilles en action). Une jeune reine peut se retrouver complètement désorientée pendant le voyage. Secouée, elle peut mourir et c’est alors toute l’organisation de la colonie qui est remise en cause. »

Le site a été choisi en fonction de la force du vent, des fleurs présentes et de l’ensoleillement. Le pick-up patine un peu, puis grimpe le sentier escarpé. « Là-haut, les pâturages sont préservés car il n’y a ni cultures ni polluants, explique Antonio Llanes, apiculteur de la région, pour qui le miel n’est qu’un complément de revenu. Il faut profiter des ressources de cet environnement. » Un environnement qui peut être hostile aux ouvrières, car l’ours brun rôde. Il a d’ailleurs laissé quelques empreintes fraîches en chemin. « Plus que le miel, ce qui l’intéresse, ce sont les larves d’abeilles, précise Joaquín Morante. Elles sont aussi riches en protéines qu’un steak ! Sa gourmandise n’est donc pas celle que l’on connaît chez Winnie l’ourson. »

Or, son appétit s’est récemment creusé : « Depuis la crise de la vache folle, les carcasses d’animaux doivent systématiquement être récupérées. Cela fait moins de viande pour l’ours qui vit un stress alimentaire permanent. » Le résultat peut se traduire par des essaims « complètement détruits. Les restes de fruits et les excréments ne laissent aucun doute quant à l’auteur des faits », explique Rubén, garde forestier et apiculteur à ses heures perdues. Afin d’éviter les attaques de colonies, Joaquín Morante, naturaliste de formation, a imaginé une grosse remorque entourée d’une structure électrifiée et alimentée par un panneau solaire. Financée par la Fondation Banco Santander et le Fonds de protection des animaux sauvages (Fapas), la « Fapimóvil » de Joaquín peut transporter jusqu’à 20 ruches, soit plus de 800 000 abeilles à la fois.

De fleur en myrtillier

Mais au début du projet, convaincre le monde apicole n’a pas été chose facile. Car au delà du prix à payer pour embarquer à bord d’une Fapimóvil – 30 euros par ruche –, les apiculteurs peinent encore à comprendre la nécessité de préserver la biodiversité pour régaler l’ours. Tel le loup dans les Pyrénées, l’animal est l’ennemi juré des professionnels et de la population locale. « C’est le nœud du problème ! », confirme Joaquín Morante.

« Cela fait vingt-cinq ans que nous nous intéressons à la disparition des abeilles dans la région, explique Roberto Hartasánchez, président du Fapas. Nous avons tout de suite cru en cette invention et mis en place, sur deux ans, le projet Rema, Restauration des écosystèmes de montagne grâce à l’apiculture. » Car il n’y a pas que l’ours qui menace les butineuses. Si les abeilles sauvages ont peu à peu disparu, c’est qu’elles ont été victimes du parasite Varroa destructor, qui sévit depuis la fin des années 1980. Désormais semi-domestiques, les Apis mellifera vont de fleur en fleur et de myrtillier en myrtillier, dans un rayon de trois kilomètres autour de leur ruche. Ce sont de formidables pollinisatrices pour les baies sauvages qui arrivent à maturité en septembre. De quoi régaler, avant l’hiver, l’ours – encore lui – et les petits du coq de bruyère, deux espèces menacées de disparition en Espagne. « Nous avons ramassé des fruits plus gros et d’une meilleure qualité reproductrice, constate Joaquín. Tout cela grâce aux abeilles. Si elles venaient à disparaître, ce serait dramatique. »

15-20 kg de miel par ruche

Un drame en partie évité grâce aux 10 Fapimóviles installées par Abejas en acción en 2012, puis cet été. Et les apiculteurs y trouvent leur compte. « La saison dernière, j’ai doublé ma population de reines, s’étonne encore Antonio Llanes. Je vis de mes chambres d’hôtes à la ferme, le miel n’est que ma deuxième activité. » La récolte annuelle s’élève ainsi à 15-20 kg de nectar par ruche. Quant aux échantillons de cire analysés, ils ont « révélé une multitude de fleurs visitées par les abeilles », se félicite Rosa María Valencia, chercheuse à l’université de León. Soleil au zénith. Ce jour-là, les abeilles sont lâchées. Dans le sillon de leur envol, renaît, pour Joaquín Morante, l’espoir de « créer de la biodiversité et de mieux la préserver à l’avenir ». —

Impact du projet

30 euros par ruche pour embarquer à bord d’une Fapimóvil

La Fapimóvil peut transporter jusqu’à 20 ruches, soit 800 000 abeilles

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Installé depuis deux ans à Madrid, elle ne sait toujours pas danser le flamenco et préparer une bonne tortilla. Honte à toi, chica francesa ! C’est qu’au printemps 2011 le mouvement des Indignés l’a drôlement ccupée. Pour Lepetitjournal.com, elle a campé Puerta del Sol et a aussi beaucoup écrit pour la communauté française installée en Espagne. Avec le retour de l’hiver, elle s’est réfugiée en amphi pour un master en journalisme scientifique et un passage par la rédaction de Muy Interesante. La science lui plaît, le reste de l’actualité encore plus !

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