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29-10-2012
Mots clés
Société
Monde

Le salaire de l’affameur

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Le salaire de l'affameur
(Crédit photo : keith dannemiller - réa)
 
La Fabrique de la famine, de Walden Bello. Carnets Nord, Éditions Montparnasse, 224 p., 18 euros.
Le Baromètre de cet article
ÉCOLOGIE SOCIÉTÉ ÉCONOMIE
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« Ajustements structurels » : le mot ne paie pas de mine. On imagine un correctif, une remise au point. Rien de tel : il s’agit des politiques économiques exigées à partir des années 1980 par la Banque mondiale et le Fonds monétaire international (FMI) aux pays du Sud endettés qui demandaient de l’aide. Une « thérapie de choc » façon ultralibéralisme sauvage et qui, comme on le reconnaît aujourd’hui, a provoqué beaucoup de choc… et peu de thérapie. L’une des cibles privilégiées de ces « ajustements » carnassiers a été l’agriculture du Tiers-Monde. Il faut dire qu’elle avait une sale dégaine aux yeux des encravatés de Washington : à quoi ça rimait, ces familles paysannes subventionnées, appliquant à leurs lopins les rudiments d’un savoir-faire ancestral ? On allait vous remettre ça au pas.

Des ventres locaux pas remplis

Au Mexique, aux Philippines ou dans les pays africains, le scénario a donc été le même : on a aboli le contrôle des prix, raboté toutes les aides d’Etat et ouvert les frontières en supprimant les quotas d’importation. Le résultat, édifiant, est décrit dans La Fabrique de la famine. Tous ces pays ont été forcés de réorienter leurs agricultures vers l’export – vous savez, ces denrées qui ne remplissent pas les ventres locaux, mais plaisent aux Occidentaux (sucre, coton, café…). Et évidemment, il leur a fallu importer tout le reste.

Hordes de va-nu-pieds

Par conséquent, tous ces exportateurs nets de denrées agricoles sont devenus… des importateurs. Et ça tombait bigrement bien parce que les fermiers du Nord – qui continuaient, eux, d’être massivement subventionnés et protégés par des barrières douanières – avaient justement plein de blé et de maïs à écouler ! Le désastre ne s’arrête pas là. Car les encravatés avaient besoin de s’appuyer sur des gens qui leur ressemblaient, c’est-à-dire des riches. Ils ont donc fait abolir la réforme agraire pour privatiser les terres et les remettre entre les mains d’une poignée de gros propriétaires. Lesquels n’avaient plus besoin de hordes de va-nu-pieds sur leurs exploitations mécanisées. Exit, donc, des millions de ruraux – quinze au Mexique ! – expulsés manu militari, invités à venir grossir les bidonvilles des grandes métropoles. Cette fable un brin déprimante a quand même une morale : le capitalisme n’a pas réussi à « dépaysanniser » complètement le paysage. Les émeutes de la faim, l’épuisement des sols (dû à une mécanisation à outrance) et les résistances locales ont quand même fini par faire comprendre que l’agriculture traditionnelle devait vivre. A la place, hélas, que le système économique consent à lui laisser : à la marge. —

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