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Le poisson durable nage dans le flou

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Sur l’étal de la poissonnière, c’est l’angoisse. Aucun label pour se repérer. Cela pourrait changer avec le développement de la certification MSC.
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« Dorade ou lotte pour le dîner ? » Voilà la question qui tue. Alors que s’achève le Grenelle de la mer, l’amateur de filets a toujours bien du mal à savoir ce qu’il peut mettre dans sa poêle sans participer au dépeuplement des océans. Pour Alphonse, devant l’étal du poissonnier, c’est très compliqué. Le guide publié sur Internet par le WWF a le mérite de signaler les espèces à oublier et celles sur lesquelles on peut se lâcher. L’Alliance produits de la mer, une ONG internationale, a mis aussi en ligne un guide très complet des espèces, mais plutôt écrit pour les professionnels.

Face aux poiscailles, qui se souviendra qu’on peut se régaler en toute bonne conscience d’une dorade grise du Golfe de Gascogne dont le stock se porte bien, alors que la rose d’Atlantique Nord-Est ne compte plus que quelques specimens ? Edgar, lui, qui n’achète son poisson qu’au supermarché, a moins de chance de se tromper. Depuis quelques années, certaines enseignes comme Casino, Carrefour ou Monoprix, et des marques comme Findus, Iglo ou Delpierre, se sont lancées dans la commercialisation de poissons labellisés MSC (Marine Stewardship Council).

Méfiance des Anglo-Saxons

Cette organisation mondiale indépendante, créée en 1997, gère un programme de certification environnementale pour la pêche sauvage, méconnu en France. Ses principes sont issus du code de conduite pour une pêche responsable rédigé par l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture. Qui a droit à l’éco-label MSC ? La pêcherie qui démontre que le stock de poissons qu’elle exploite n’est pas en danger, que ses techniques de pêche respectent l’écosystème, mais aussi qu’elle est bien gérée administrativement et socialement. Dans le monde, 46 pêcheries sont certifiées MSC et 107 sont en cours d’évaluation. Leurs prises s’élèvent à plus de 5 millions de tonnes de poissons et fruits de mer par an.

Aujourd’hui, 126 produits arborant le logo en forme de poisson sur fond bleu sont vendus dans les grandes surfaces françaises : filet de merlu blanc du Cap, colin d’Alaska… Mais pas un seul pichon pêché sur nos côtes ! « La France est le premier marché de poissons d’Europe, mais jusqu’à présent la sensibilité environnementale était faible », explique Edouard Le Bart, représentant du MSC pour la France. Méfiance vis-à-vis d’un label privé, de culture anglo-saxonne ? Peut-être. Absence de vision à long terme aussi. « Il faut faire valoir la qualité du produit pour se permettre de pêcher moins. Mais la pêche française manque de culture commerciale. Chacun se bat pour sa chapelle et les initiatives locales n’arrivent pas jusqu’à Paris ou Bruxelles », déplore Charles Braine, chargé de programme pêche durable au WWF. Pourtant, les lignes bougent. Deux pêcheries françaises se sont ainsi récemment engagées dans le programme de certification.

42 000 euros pour un audit

Ainsi, en Bretagne, les pêcheurs de sardines à la bolinche, un filet « tournant », ont misé sur le MSC en discutant avec les conserveurs. « Ils ont conclu que le label pourrait leur ouvrir des marchés anglo-saxons, plus sensibles à cette certification : cette perspective nous a décidés », raconte Didier Le Gloanec. Son association, qui regroupe 18 bateaux, tire 15 000 tonnes de sardines de l’eau par an. Depuis février, les bolincheurs font l’objet d’un audit. Ils estiment avoir leurs chances de décrocher la certification.

Dès 2001, ils ont en effet décidé de s’imposer des contraintes via une licence de pêche : limitation des bateaux à 17 mètres, du nombre de jours de sortie en mer hebdomadaires et du tonnage journalier. Un système de conservation a aussi été installé à bord. « Nous nous autorégulons !, souligne Didier Le Gloanec. Mais en mettant l’accent sur la qualité, on compense notre manque à gagner quantitatif. »

Reste alors à débourser les 42 000 euros nécessaires à l’audit de labellisation dont une partie est prise en charge par l’Europe, l’Etat et la région. Si le parcours n’est pas forcément celui du combattant, les incitations restent, en France, confidentielles. Contrairement aux Pays-Bas, par exemple, qui ont annoncé, en décembre 2008, une enveloppe d’un million d’euros pour encourager leurs pêcheries à s’engager dans la certification MSC.


LE BAR BOUGE ENCORE

Cette année, l’Alliance produits de la mer a salué les efforts des Ligneurs de la pointe de Bretagne. Ces 200 professionnels pêcheurs de bars à la ligne, menacés par l’apparition de gros chalutiers sur leurs zones, se sont fixé une interdiction de pêche pendant les 45 jours de reproduction de l’espèce. Pour faire connaître leur technique et justifier du prix de leurs poissons, une étiquette, fixée à l’ouïe du bar, délivre un numéro qui assure sa traçabilité. Sur leur site web, le consommateur peut connaître où, comment et par qui a été pêché le morceau en train de cuire en croûte de sel.

Illustration WWF

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- 2100 : les poissons migrateurs se volatilisent
Sources de cet article

- La certification MSC, avec la liste des points où acheter un produit labellisé

- Le guide du WWF Pour une pêche durable

- L’Alliance produits de la mer

- Les Ligneurs de la pointe de Bretagne

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