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26-04-2007
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Médias
Italie

Le grillon du coche

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Sorte de Coluche hirsute mâtiné de Canard Enchaîné, Beppe Grillo donne des cauchemars aux hommes politiques et au monde économique italien. Et invite les citoyens à reprendre le pouvoir, via le web.
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(Crédit : Graziano Ferrari)

« Peux-tu m’aider ? L’entreprise Lafarge me poursuit pour diffamation, car notre comité s’oppose à ce que ce groupe incinère des déchets spéciaux près de mon village. » En Italie, le blog de Beppe Grillo, regorge de ce type de requêtes. Pourtant, ce Génois n’est pas avocat. Après des études de comptabilité, ce fils d’entrepreneur a pour l’essentiel mené une carrière de comique.

Aujourd’hui, dans un pays où la presse reste souvent muette, son site est devenu un lieu de débat sur l’économie, la politique ou l’environnement. Les interventions de simples citoyens se mêlent à celles de personnalités comme Muhammad Yunus, prix Nobel de la paix en 2006. Et, d’après technorati, le blog, ouvert en janvier 2005, reçoit environ 200 000 contacts par jour. Cela n’empêche pas ce presque sexagénaire infatigable, père de six enfants, de poursuivre des tournées qui affichent complet. A chaque spectacle, le personnage hirsute et replet arpente les allées des salles de spectacles puis secoue les spectateurs et les embrasse. Effet garanti : la salle s’écroule de rire.

Pourtant, il y a dix ans, Beppe Grillo a bien failli disparaître. En 1987, le comique est bouté hors du petit écran pour avoir osé critiquer Bettino Craxi, président du conseil socialiste. Mais il en fallait davantage pour que cette excommunication cathodique muselle le révolté et le fasse oublier de son public. Beppe Grillo persiste ainsi à dénoncer des scandales, qu’il s’agisse d’économie, de politique ou d’environnement. Ce dernier thème lui tient à cœur depuis longtemps. En 1995, déjà, il effectue une tournée flanqué de Markus Friedli, inventeur d’une voiture qui fonctionne à l’énergie solaire . Dix ans plus tard, il persiste : « Nous utilisons des voitures super-puissantes pour porter 100 kg lors de déplacements de cinq kilomètres, à une vitesse de 12 kilomètres/heure : ce sont les prestations du mulet ! » vitupère-il, lors son spectacle, en 2005.

Non content de mettre en lumière ces absurdités, Beppe Grillo dénonce avec précision les pratiques des entreprises. Résultat : de nombreux procès en diffamation sur le dos, comme celui perdu contre lui en 2006 par Mediaset, une société de Silvio Berlusconi. En 2001, il est le premier à dénoncer le scandale de Parmalat - le producteur de lait - qui se soldera deux années plus tard par une monumentale faillite.

Le 16 avril dernier, c’est aux dirigeants de Telecom Italia qu’il s’attaque : il demande leur démission en plein cœur de l’assemblée des actionnaires. Au terme d’une intervention « préparée avec quatre avocats », précise-t-il à La Repubblica. Le monde politique a lui aussi droit aux attaques de sa langue acérée : « celui qui rampe, jamais ne trébuche » qualifie un journaliste réputé proche de Silvio Berlusconi, qui est lui, décrit comme « le nain ».

Mais cet agitateur ne se contente pas de vitupérer. Il utilise son blog pour organiser des actions. En 2005, par exemple, il sollicite avec succès les Internautes pour acheter une page de publicité dans les colonnes du International Herald Tribune. A la veille des élections législatives, il y dénonce les 24 députés siègant au parlement condamnés par la justice. Polémique nationale. Grâce à son blog, Beppe Grillo pousse le bouchon un peu plus loin, un peu plus vite. Des groupes de citoyens se constituent dans de nombreuses villes, organisant, par exemple, des congrès sur les énergies renouvelables, comme à Brescia. Mais le trublion garde la tête froide. Malgré les sollicitations, il refuse d’intégrer les voies classiques de la vie politique. Enthousiaste, il présente le Web comme un outil de “démocratie directe”. Et affirme "essayer d’informer et de faire rire. Je ne suis pas un leader assure-t-il." Sans rire.

Sources de cet article

Le blog de Beppe Grillo

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