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6-01-2005
Mots clés
Société
Europe

Le foot français a perdu la boule

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La planète football n'a pas l'habitude de tourner bien rond. En France, elle prend même tout le monde à contre-pied. Championnat le plus riche d'Europe, déduction fiscale, interdiction d'entrer sur les marchés financiers... Tour d'horizon d'un marché économique vraiment pas comme les autres.
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Jean-Michel Aulas, l’emblématique président de l’Olympique Lyonnais, savoure. Hérault du football tout libéral depuis quelques années, il récolte aujourd’hui les fruits de son inlassable travail de lobby. Ses souhaits ? Tous exaucés ou presque. Lui qui hurlait son désespoir de "disputer une compétition européenne comme on courrait un 100 mètres avec dix mètres de pénalité au départ" est tout simplement heureux.

Victoire du tout libéral

Car arrivé aux affaires en 2002, Jean-François Lamour, le ministre des sports, n’a pas perdu son temps. Sa "loi sur le sport", dotée d’une coloration très football, ravirait tout libéral. Elle instaure d’abord cette incroyable exception : la possibilité pour un club de football professionnel de rémunérer ses joueurs en droit à l’image (à hauteur de 30% maximum)... exonérés de charges sociales. "Normal", répond Aulas, "cela nous permet de rivaliser avec les championnats étrangers" - notamment l’Angleterre - où les joueurs ne paient pas d’impôts. Mais ce n’est pas tout. Ce texte, qu’il aurait vraiment fallu voter à Noël, supprime (?) aussi la taxe de 1% versée par les clubs sur les CDD et donne le droit à un investisseur - curieuse interprétation de l’éthique sportive - d’être actionnaire minoritaire de plusieurs clubs différents. DR

C’est donc entendu : le football n’est pas un "circuit" économique comme un autre. La valorisation financière de ce circuit n’est, elle non plus, pas très orthodoxe. Canal Plus vient de le démontrer. 600 millions d’euros par an sur les trois prochaines saisons pour diffuser les images du championnat de France : l’ardoise semble excessivement lourde. Bien davantage en tous cas que les autres championnats européens. Le bouquet de chaînes britannique BskyB a par exemple versé 1,457 milliard d’euros pour les droits de diffusion du championnat anglais pour les saisons 2004/2007. En Italie, comme en Espagne, c’est la loi du plus puissant qui s’impose puisque les clubs sont individuellement propriétaires de leurs droits et négocient donc chacun dans leur coin, au détriment bien entendu des petites équipes.

Le foot anglais vendu 15 fois plus cher à l’étranger

Le championnat de France de football vaut-il ces 600 millions d’euros annuels ? Réponse négative évidente pour TPS qui n’avait proposé "que" 375 millions d’euros lors de l’appel d’offres. A l’inverse, Canal Plus - qui viserait entre 150000 et 200000 abonnés supplémentaires [1] avec cette exclusivité - n’a pas trop eu le choix et a dû se résoudre à mettre la main au portefeuille. Il n’empêche. Lille/Auxerre (soit le deuxième du classement opposé au troisième) n’a vraisemblablement pas la même valeur attractive sur le papier qu’un Arsenal/Manchester United ou qu’un Valence/Seville, eux aussi deuxième et troisième de leur championnat respectif. Autre souci : le risque de ras-le-bol du téléspectateur. En 2005, l’abonné à la chaîne cryptée devra composer avec trois rencontres de football par week-end. Le risque d’indigestion est évident. Mais les présidents de club n’en ont cure. Pour Jean-Michel Aulas, "les sommes en jeu sont le reflet de la valeur du championnat de France". Selon Jean-Michel Plessis, le patron du FC Sochaux, "c’est l’écart concurrentiel avec les clubs étrangers qui est enfin réduit".

Jean-François Bourg, chercheur au Centre de droit et d’économie du sport à Grenoble est quant à lui catégorique : le fonctionnement économique du football en France est "irrationnel". "Rien n’est vraiment logique [2], explique-t-il, ni les sommes exorbitantes payées par Canal Plus qui ne correspondent à rien, ni la structure de revenu des clubs professionnels qui tombent dans la télédépendance". Pour étayer sa réflexion, il cite un exemple. "Les images de foot français retransmises à l’étranger pèsent aujourd’hui 10 millions d’euros par an. Celles du foot anglais, 150 millions !". Seule issue à ce déséquilibre selon le chercheur : la fusion prochaine des deux bouquets TPS et Canal Plus qui provoquerait, dans trois ans lors du prochain appel d’offres, une chute inévitable du prix du foot en France et une baisse des recettes des clubs. Attention au krach...

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Le coup-franc de Patrick Lelay

[1] Source Merril Lynch

[2] Canal Plus a assis sa notoriété sur deux piliers : le cinéma et le football. "Aujourd’hui, explique Jean-François Bourg, la chaîne cryptée dépense 2,4 euros par mois et par abonné en faveur du cinéma. Avec le nouveau contrat concernant le football, canal versera 11 euros par mois et par abonné pour le ballon rond."

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