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Le stop organisé, c’est simple comme un coup de pouce

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Le stop organisé, c'est simple comme un coup de pouce
(Crédit illustration : Nathanaël Mikles pour « Terra eco »)
 
Gratuit, imprévu, spontané : non, l'auto-stop n'est pas révolu. A l'heure de la mobilité raisonnée, l'ancêtre du covoiturage mute. Exemples en Alsace et près de Toulouse.
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Si les utilisateurs du service de covoiturage Blablacar sont désormais trois millions, le nombre d’irréductibles du pouce en l’air reste, quant à lui, impossible à chiffrer. Une chose est sûre, ceux-ci n’ont pas disparu. Au contraire. De l’Essonne à l’Alsace en passant par le Tarn-et-Garonne, ils sont des milliers à s’organiser pour inventer le stop de proximité.

Dans la vallée de Munster (Haut-Rhin), Fabienne Kohler, chargée du réseau Transi-stop, est devenue une spécialiste de l’impression de logos réversibles. « Côté pouce, c’est pour l’autostoppeur au bord de la route, côté automobile, c’est pour le pare-brise du conducteur », explique cette militante de l’association Vallée de Munster en transition. Depuis le lancement du projet en juillet dernier, une centaine d’inscrits se reconnaissent grâce à ces petits cartons. « On a également posé des autocollants sur les poteaux, les abribus, pour signaler les zones d’arrêt les moins dangereuses », précise l’organisatrice.

Pancartes à télécharger

Près de Toulouse, la logistique est encore plus perfectionnée. Depuis son lancement par les collectivités locales il y trois ans, Rezo pouce, basé à Moissac (Tarn-et-Garonne), a conquis un millier d’adhérents. Dans les 82 communes du réseau, 150 arrêts balisés et spécialement destinés aux auto-stoppeurs ont été mis en place par les municipalités.

Mais Rezo pouce, Transi-stop, la Navette citoyenne en Bretagne et la poignée d’autres initiatives d’auto-stop organisé ne roulent pas pour autant sur les plates-bandes du covoiturage. « Le pouce organisé c’est surtout pour les petits trajets », indique Aurélie Corbineau, la coordinatrice de Rezo pouce. Piscine, médecin, shopping, ciné : cet auto-stop trouve tout son sens dans les zones rurales, là où le transport en commun est souvent synonyme de bus scolaires.

Lycéens, salariés, femmes au foyer : les nouveaux auto-stoppeurs

Ne vous y trompez pas. Le nouvel auto-stoppeur n’a ni sac à dos difforme, ni foulard dans les cheveux. A Moissac, vous avez même toutes les chances de tomber sur une mère de famille. « 70% de nos inscrits sont des femmes, constate Aurélie Corbineau, l’auto-stop organisé est souvent utilisé lorsqu’il n’y a qu’une voiture par famille et qu’elle est prise par le conjoint pour aller travailler. » Dans la vallée de Munster, le profil des usagers est un peu différent. « Ici, tout le monde est dépendant de la voiture, il y a en a souvent une par adulte », constate Fabienne Kohler. Les premiers utilisateurs de Transi-stop sont donc ceux qui ne peuvent pas faire autrement : « Les lycéens qui n’ont pas encore le permis ou les jeunes salariés qui n’ont pas encore les moyens de s’acheter une voiture », précise Fabienne Kohler.

Pour se déplacer dans sa vallée de Munster, elle-même n’hésite pas à grimper dans la voiture d’inconnus plusieurs fois par semaine. Un moyen de montrer l’exemple, mais pas seulement. « Avec le nombre de voitures qui passe ici, je n’ai jamais attendu plus de trois minutes », se réjouit-elle. Dans les 82 communes du nord toulousain, les usagers font le pied de grue un peu plus longtemps. « Pour que le système soit fluide, c’est-à-dire avec moins d’un quart d’heure d’attente, il faut qu’au moins 10% des habitants d’une commune soient inscrits », remarque Aurélie Corbineau. Si quelques villages ont déjà atteint cet objectif, dans le réseau la moyenne tourne plutôt autour de 3% ou 4%.

Incitation financière

Alors comment atteindre cette masse critique ? « En créant un système qui inspire confiance », poursuit la coordinatrice. Puisqu’embarquer avec des inconnus est rarement spontané, Rezo pouce met le paquet sur la sécurité. « Lors de l’inscription, on demande les cartes d’identité et quand une personne monte à bord, elle nous envoie par SMS le numéro d’immatriculation du véhicule pour qu’on soit au courant de son trajet », explique la salariée en charge du projet.

L’incitation financière n’est pas exclue. Dans les communes de Rezo pouce, l’inscription au réseau a été fixée à 3,5 euros. Ensuite, conducteurs et passagers peuvent appliquer le barème fixé. « Un trajet de moins de 10 kilomètres c’est 50 centimes, plus de 30 km c’est 3 euros », indique Aurélie Corbineau. « Quand c’est gratuit, les gens se méfient », confirme une porte-parole de Blablacar. Mais « si les gens veulent partager les frais, ils sont libres de le faire, mais la plupart des conducteurs répondront qu’ils font le trajet de toute façon », tempère Fabienne Kohler.

« Deux ans pour être connu, trois ans pour rouler tout seul »

Si l’idée paraît enfantine, plusieurs bonnes volontés s’y sont pourtant cassé le dents. A Floirac (Gironde), dans la périphérie de Bordeaux, un projet de stop organisé lancé il y a tout juste un an par la municipalité a échoué. « Pour rendre le réseau fiable on demandait aux gens d’apporter la carte grise et l’assurance du véhicule, leur carte d’identité, puis de signer un engagement, explique Jonathan Duvivier, chargé de l’agenda 21 à la mairie. Ce n’est pas grand chose mais le dossier a pu freiner la démarche. » Au total, Eco-stop n’a comptabilisé que sept inscriptions. « Le trajet proposé est faisable en bus et à pied, les gens avaient leurs habitudes, ils ne se sont pas appropriés l’idée », reconnaît le salarié.

« Un réseau de stop met deux ans à être connu, trois ans à rouler tout seul », rassure Amande Gat, fondatrice de la Navette Citoyenne à Hédé-Bazouges (Ille-et-Vilaine), dans une lettre d’encouragements adressé à un réseau en formation dans l’Essonne. Dans la vallée de Munster, les fondateurs de Transi-stop sont donc confiants. Si les auto-stoppeurs n’affluent pas au bord des routes pour le moment, le projet fait déjà des émules dans les vallées voisines « un maire nous a contactés, la démarche sera différente, elle viendra du haut, on espère que ça va marcher », sourit Fabienne Kohler. Car à Moissac comme à Munster, les logos cartonnés ont été pensés pour être dupliqués.

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