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4-02-2014
Mots clés
Agriculture

La viande n’est pas tendre pour la planète

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La viande n'est pas tendre pour la planète
(Vincent Tcheng Chang - flickr)
 
Dans l'« Atlas de la viande », la Fondation Heinrich Böll et les Amis de la terre brossent un paysage inquiétant de l'extension de l'élevage industriel. Son empreinte environnementale est plus que préoccupante alors que les pays émergents rejoignent aujourd'hui les niveaux de production occidentaux.
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ÉCOLOGIE SOCIÉTÉ ÉCONOMIE
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Publié conjointement par la Fondation Heinrich Böll et les Amis de la terre en janvier dernier, l’Atlas de la viande dresse un constat accablant des conséquences de l’industrialisation de la production mondiale de viande sur l’environnement. Exemples choisis.

La diversité génétique aux oubliettes

Une dizaine de multinationales de la viande domine aujourd’hui le marché international. En tête, JBS, une entreprise brésilienne, qui abat chaque jour 12 millions de volailles, 85 000 bovins et presque autant de porcs, qu’elle distribue ensuite dans 150 pays. Cette concentration s’applique aussi à la sélection génétique. Quatre compagnies se partagent 97 % de la recherche sur le poulet et 75 % de la recherche sur les bovins et le porc. Conséquence : la diversité génétique se réduit drastiquement, reléguant aux oubliettes la majorité des 8 000 espèces domestiquées actuellement recensées. Par exemple, la race de vache Holstein couvre 83 % du marché mondial du lait. Quant aux porcs, trois races se partagent les trois quarts du marché. Comme pour les cultures, cette réduction de la biodiversité inquiète les experts, alors qu’elle réduit d’autant les capacités d’adaptation de l’élevage au changement climatique.

Près d’un tiers des gaz à effet de serre liés à l’élevage

Concernant le climat justement, l’élevage est très émetteur de gaz à effet de serre. Au-delà des rejets connus de méthane liés à la digestion des ruminants, l’Atlas de la viande comptabilise aussi les émissions de dioxyde de carbone et de protoxyde d’azote. Ce dernier, lié aux excédents d’azote, est un GES particulièrement nuisible, 300 fois plus que le CO2. L’ensemble des activités liées à l’élevage, y compris les cultures destinées à l’alimentation des animaux, contribuerait ainsi à 32 % des émissions de GES.

Un tiers des surfaces cultivées au service du bétail

40 % des céréales mondiales sont aujourd’hui dédiées à l’élevage, soit 800 millions de tonnes, auxquelles il faut ajouter 250 millions de tonnes de soja. Ces cultures représentent un tiers des surfaces cultivées. Selon l’Atlas de la viande, cette proportion s’élèverait même aux trois quarts de la surface agricole en tenant compte de l’ensemble des coproduits des cultures destinées à l’élevage comme la paille, les tourteaux de soja… Dans les nouveaux pays grands producteurs de viande et de soja, l’élevage est aussi une des premières causes de la déforestation. En Amazonie, 62% des terres sont déforestées directement par les éleveurs. Cet impact devrait s’aggraver, alors que les élevages les plus industrialisés (porcs et volailles) enregistrent les plus fortes croissances. La production de poulet devrait croître de 25 % entre 2010 et 2020. Cette évolution conduit à une marginalisation des pâturages dans l’alimentation animale au profit des cultures.

Une consommation d’eau astronomique

L’élevage est également très gourmand en eau : il mobilise 20 % des ressources mondiales disponibles. Et pour cause : produire un kilo de bœuf nécessite environ 15 500 litres d’eau, soit cent fois plus que pour un kilo de carotte. Si l’Atlas invite à modérer sa consommation de viande, il rappelle aussi que tous les modes d’élevages ne se valent pas. Et qu’un animal élevé à l’herbe consommera moins d’eau que celui engraissé à l’intérieur d’un bâtiment. Si la croissance de la production se maintient, prévient le rapport, la consommation d’eau pourrait encore doubler d’ici 2050. Quant à la pollution de l’eau, les dégâts du lisier en Bretagne donnent une image inquiétante de ce qui attend la Chine. Ce géant, qui produit plus de porcs que l’Europe, les États-Unis et le Brésil réunis, aura industrialisé la moitié de sa production porcine d’ici quelques années.

Plus d’antibiotiques pour les animaux que pour l’homme

Autre source d’inquiétude, la contribution de l’élevage au développement de l’antibiorésistance. L’élevage consomme en effet plus d’antibiotiques que l’humanité. Cette situation est une conséquence directe des conditions intensives d’élevage, plus exposées aux épidémies. Les antibiotiques sont aussi largement utilisés pour accélérer la croissance des animaux. A titre d’exemple, un porc qui reçoit des antibiotiques a besoin de 10 à 15% d’aliments en moins pour atteindre le même poids qu’un animal non dopé. Si l’Union européenne a interdit l’usage des antibiotiques comme facteur de croissance, leur consommation n’y a toujours pas baissé. Ailleurs, elle continue d’augmenter. A elle seule, la Chine administre à ces élevages 100 000 tonnes d’antibiotiques chaque année. Cette surconsommation de médicaments contribue également à la pollution de l’environnement par des molécules chimiques.

Cet article de Magali Reinert a initialement été publié, le 29 janvier, par Novethic.

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  • Cette augmentation de la consommation de viande est liée à deux facteurs principaux : d’une part nous sommes de plus en plus nombreux (et donc mécaniquement cela augmente le nombre de consommateurs potentiels), et d’autre part le niveau de vie des pays qui en consommaient peu augmente, donnant à leurs habitants la possibilité financière d’y avoir accès.
    Il s’en suit deux constatations : d’une part nous avons fait l’erreur de laisser nos effectifs croître de façon irraisonnée (depuis disons la fin de la seconde guerre mondiale) et d’autre part, au vu de cette erreur fondatrice, nous devons impérativement stopper notre inflation numérique au plus vite. Il est bien évident aussi qu’ensuite il faudra décroître en nombre et pas seulement pour cette question alimentaire, mais cela se fera au fil des générations et c’est encore une autre histoire...

    6.02 à 14h10 - Répondre - Alerter
  • Il est indispensable d’aborder publiquement et mondialement le problème de la démographie humaine et d’en chercher les solutions, sans quoi on traite des symptômes comme l’épuisement des ressources, le débordement des déchets, l’industrialisation de la bouffe...
    Plus on retarde l’échéance, plus terrible sera la chute.
    www.demographie-responsable.org

    6.02 à 10h49 - Répondre - Alerter
    • Bien que je soit tout à fait d’accords avec vous concernant la démographie humaine, on peut constater assez aisément que de baisser la population des animaux d’élevage est beaucoup plus facile que de baisser celle des humains (même si il est souhaitable de diminuer drastiquement la fécondité) : il suffit de les manger et d’arrêter de les multiplier !
      La chine est un bon exemple, malgré le fait qu’elle ait une politique démographique très stricte et un taux de natalité très bas elle mange de plus en plus de viande et pollue de plus en plus avec une population qui augmente.

      19.02 à 12h05 - Répondre - Alerter
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