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24-06-2013
Mots clés
Climat
Chine

La Chine teste le marché carbone. Et alors ?

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La Chine teste le marché carbone. Et alors ?
( the measure of mike - flickr)
 
La Chine lance sept pilotes de marchés carbone. Objectif à terme : généraliser le système à tout le pays. Mais un tel outil aura-t-il beaucoup d'impact sur le bilan du premier émetteur mondial ?
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ÉCOLOGIE SOCIÉTÉ ÉCONOMIE
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En Europe, on maugrée. Le marché carbone tant vanté à son lancement en 2005 fait grise mine. Début juin, la tonne de CO2 s’y échangeait à moins de 3 euros. Difficile pour les entreprises d’y trouver une incitation à réduire leurs émissions de CO2. Un échec ? Pourtant, c’est bien cet ETS (pour European trading scheme) que la Chine entend copier. Les villes de Shanghaï, Pékin, Tianjin, Shenzen et Chongqing ainsi que les provinces de Guangdong et Hubei se sont engagés dans la mise en place de marchés d’échanges pilote de CO2. Compétition oblige, chaque zone se presse pour annoncer le lancement tant attendu, quitte à brouiller un peu les pistes. « Il y a une confusion entre ce qui relève de l’encadrement administratif (la définition des règles, des modalités des allocations) et le début des transactions », explique Anaïs Delbosc, de la CDC Climat, filiale de la Caisse des dépôts dédiée à la transition énergétique et écologique de l’économie. Tous les pilotes devraient toutefois être sur les rails avant la fin de l’année. De quoi rendre plus verte l’économie la plus polluante de la planète ?

  • Pourquoi la Chine mise-t-elle sur ces marchés ?

Depuis l’adoption du 11e plan quinquennal en 2005, le gouvernement fédéral fait de plus en plus appel aux outils de marché, assure Xin Wang, de l’Institut du développement durable et des relations internationales (Iddri). : « Avant, l’administration chinoise menait une politique de régulation pour les secteurs du climat et de l’énergie. Mais les outils économiques permettent d’atteindre les objectifs visés à un coût moindre. Ils créent des incitations pour les entreprises : celles qui réduisent leurs émissions peuvent vendre des quotas. Avec la simple régulation, si le gouvernement demandait à une usine d’arrêter sa production pour économiser de l’énergie, les entreprises n’avaient qu’un coût à supporter sans bénéfices à tirer. »

  • Comment vont-ils fonctionner ?

Comme en Europe, les industries encadrées par le processus auront un nombre limité de quotas alloués (certains gratuitement, d’autres mises aux enchères, selon les pilotes). Si elles émettent peu, elles pourront revendre les quotas sur le marché. Disponibles aussi sur le marché pour les industries trop polluantes qui souhaiteraient compenser, les crédits issus des mécanismes de développement propres (MDP, appelés CCER en Chine). Mais, originalité par rapport au système européen, la Chine va comptabiliser les émissions indirectes. Une entreprise qui consomme de l’électricité produite avec du charbon ou du gaz hors de la zone pilote sera taxée pour sa consommation.

  • Quel impact peut-on attendre de ce projet ?

« De manière assez grossière, on estime que les 7 pilotes couvriront 700 millions de tonnes de CO2 (source : Climate Institute, un think tank australien, ndlr), c’est un tiers du marché européen à partir de 2014. Ce n’est pas négligeable », explique Anaïs Delbosc. Certes, « ce n’est même pas un huitième des émissions chinoises », reste que ce sont « des dispositifs plutôt encourageants d’autant que la Chine les mènent sur des zones importantes sur le plan économique », poursuit la chercheuse. Et surtout, si les pilotes s’avèrent satisfaisants, la Chine entend étendre le dispositif à l’ensemble de son territoire à l’horizon 2016.

  • Quels sont les risques ?

« Les entreprises chinoises ne sont pas familières de ce dispositif, explique Anaïs Delbosc. Elles risquent d’utiliser cet outil comme une pure contrainte administrative. Elles risquent de réduire leurs émissions plutôt que d’utiliser l’outil de marché pour acheter des quotas à des entreprises pour lesquelles réduire les émissions coûtent moins cher. » C’est ce qui s’est passé avec le marché d’échange de SO2 (dioxyde de soufre) instauré en Chine au début des années 2000 : « Il y a eu très peu d’échange. Les entreprises ne voyaient pas d’intérêt à échanger, elles préféraient payer les charges ou installer des équipements très chers pour capter le SO2 plutôt que d’acheter sur le marché , explique Xin Wang. C’est une question de désinformation. » Un autre souci se profile à l’horizon : la vérification. « Les Chinois ont beaucoup de difficulté à faire remonter les données sur les émissions des entreprises afin de mettre en place les allocations », explique Anaïs Delbosc. « Le système de statistiques chinois n’est pas encore complet. C’est normal. Ça ne fait que trente ans que l’économie chinoise se développe », justifie Xin Wang. Aussi envoyer des équipes pour comptabiliser les tonnes de CO2 émises, ne sera-t-il pas chose aisée : « Il n’y a pas assez de main d’œuvre, de normes. »

  • Pourquoi la Chine fait-elle tant d’efforts ?

Pour réduire la facture environnementale, la Chine a d’autres cordes à son arc. Le gouvernement a d’ores et déjà introduit un prix de l’électricité progressif très incitatif : « il peut littéralement doubler ou tripler si vous consommez beaucoup », explique Xin Wang. Autre outil économique, la taxe carbone. En Chine, c’est une véritable arlésienne. Des années qu’elle revient sur le tapis sans être implémentée. Pourquoi donc ? « La Chine a d’autres priorités, il y a le problème de l’inflation et du pouvoir d’achat », décrypte Xin Wang qui a participé à un groupe de discussion sur la question avec le gouvernement chinois. Or, une taxe carbone pourrait « faire augmenter les prix des biens de consommation ».

Pas de doute néanmoins, l’ambition de la Chine est réelle. En 2009, au détour du sommet de Copenhague, elle s’est engagée à réduire son intensité carbone de 40 à 45 % d’ici à 2020 par rapport à 2005 : en clair à baisser d’autant ses émission de gaz à effet de serre par point de PIB. Pas si mal. Quelles sont ses motivations ? « La Chine est touchée par le changement climatique, explique Anaïs Delbosc. Elle a un territoire très étendu et ressent déjà les effets de la hausse du niveau des mers, de la désertification, elle est aussi fortement frappée par la pollution de l’air qui est liée au CO2. » « La Chine sait que quand on réduit les gaz à effet de serre il n’y a pas que des pertes à faire, poursuit Xen Wang. Ca peut aussi participer d’un changement structurel de l’industrie. Cette transition permet de passer vers des secteurs manufacturiers ou de services plus sobres en carbone et avec une plus forte valeur ajoutée que le secteur industriel intensif en énergie. »

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  • la Chine est le premier émetteur de Co2 au monde, certes, mais le reste du monde est en partie responsable de cette situation.

    En effet, la Chine est aussi l’usine du monde ; la plupart des marques connues (et moins connues) y ont délocalisé leurs production.

    Il serait juste de rendre à César ce qui lui appartient, c’est à dire à attribuer la part de Co2 émis en Chine aux pays qui importent les produit fabriqués en Chine, ou réattribuer aux marques le Co2 émis pour fabriquer leurs produits. Ainsi, le Co2 émis pour fabriquer les produits APPLE serait attribué aux USA, le Co2 émis pour fabriquer les appareils MOULINEX à la France, etc...un excellent moyen de rapatrier nos emplois et diminuer les émissions de Co2 dues aux transports mondiaux

    25.06 à 09h24 - Répondre - Alerter
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