"Faire en sorte que des collègues reviennent... Viennent nous rejoindre". Jean-Claude Nedelec, permanent de la CFDT à EDF, se reprend aussitôt. Ce formateur évoque la motivation des participants aux ateliers qu’il anime les 13 et 14 octobre au Village Vacances Familles de Dourdan, en région parisienne. 150 "développeurs" de la CFDT y sont réunis pour une session de formation sur les méthodes et les discours à tenir pour "signer" et fidéliser de nouveux adhérents. Le lapsus de Jean-Claude Nedelec illustre en effet le malaise qui a gagné la centrale depuis que ses positions sur les dossiers des retraites et de l’Unedic ont causé le départ de 30000 militants (sur 900000 adhérents revendiqués), selon certains responsables. Le feu à la maison Maire...
La "syndicalisation" - en clair le recrutement - est donc "la" priorité de la CFDT. Mais si l’on en croit ses "développeurs", ce n’est pas la crise qui les a poussé a s’investir dans cette mission : "Le phénomène du papy boom n’a, lui, rien de ponctuel", insiste Bruno Intoci, qui estime que des recrutements sont indispensables pour équilibrer "le rapport de force face aux patrons, assurer l’autonomie financière de la CFDT." Et permettre aux salariés "d’agiter leur matière grise". Lorsqu’en 2000 Sébastien Clin a quitté FO pour la CFDT, il n’admettait pas que "les valeurs de la CFDT - le dialogue, la démocratie - [soient] seulement défendues par 20 personnes sur les 1000 salariés" de son usine Airbus en Picardie.
Du trac au tract
Il décide donc de participer en début d’année au premier séminaire de "développeurs". Au programme : comment surmonter son trac pour aborder des inconnus et leur proposer la carte ? Que répondre à un collègue qui dénigre la CFDT ? Les "développeurs" serrent les rangs et fourbissent leurs arguments, notamment en jouant de petites scènes. Après quelques mois de terrain, l’avant garde tire à Dourdan un premier bilan. Dans un langage digne d’un séminaire force de vente. Les "objectifs" en nombre d’adhésions par entreprises ou administrations sont souvent atteints. "Les développeurs de Toyota-Valenciennes ont même un taux de progression à deux chiffres", s’enthousiasme François Cid, responsable de l’Iris, le service formation syndicale de la CFDT, tout en se défendant de former des VRP.
"Développement" durable ?
Les militants sont aussi satisfaits de leurs résultats, mais constatent les limites de leur mission : emplois du temps chargés, incompréhension des camarades à leur égard, d’où un certain isolement, voire une "overdose" de la base envers le côté "mercantile du développement"... Ce qui ne les empêche pas de garder la foi sur les vertus du dialogue made in CFDT. "Sur le fond, les militants sont d’accord avec nos positions, mais ils ont du mal à les défendre", confirme François Cid. "Or, nous voulons être au plus près de l’entreprise, où nous obtenons des résultats visibles, pour les expliquer aux salariés et valider les choix que fait la CFDT."Volonté de reprise en main après les crises de 2003 ? "Une partie de l’organisation jouait contre son camp", lâche François Cid, dont l’objectif est de "repolitiser la formation, outil de mise en œuvre des priorités de la CFDT". Aux militants de faire le tri entre écoute et propagande pour que le "développement" s’avère durable...
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