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J’ai testé le stage tricot

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J'ai testé le stage tricot
(Crédit illustration : Julien Couty)
 
Fil de yack ou chameau ? En cette fin d’hiver, mon écharpe, je la fais moi-même. Aiguilles en main, je plonge dans le monde de la laine grâce à une association de mamies passionnées qui me refilent des astuces au poil.
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ÉCOLOGIE SOCIÉTÉ ÉCONOMIE
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C’est bientôt la fin de l’hiver mais avec ce climat tout détraqué (ma bonne dame), on ne sait plus à quel saint se vouer. Il est encore temps de tester l’atelier tricot pour se débrouiller à faire ses mitaines, ses pulls et ses écharpes tout(e) seul(e). Je pensais que le tricot était un truc de fin de vie… Ça n’a pas loupé, je me suis retrouvée dans un repaire de vieilles chouettes bien allumées. Mais, dans le fabuleux monde de la laine, il y a aussi plein de jeunes qui, paraît-il, se retrouvent au bistrot pour tricoter.

Moi, c’est à l’association Ecobox, installée dans le XVIIIe arrondissement de Paris, que j’ai rencontré ce groupe de dangereuses dissidentes de la grande distrib chiffonnière. Autour d’un cake maison et d’une galette à la frangipane, elles papotent et tricotent, se refilent plein de tuyaux et de modèles à copier. Moi, quand j’étais petite, je tricotais mes trousses et j’étais super fière. Aujourd’hui, je vise l’écharpe. En moins de six mois. « Tu te mets devant la télé, ça te vide la tête et tu tricotes sans y penser, me lâche comme une évidence Michelle, une furibarde des aiguilles. En cinq jours, c’est fait. » Michelle, t’es trop polluée, toi, je n’ai pas de télé et ma tête toute vidée, c’est vraiment un fantasme de retraitée.

Cache-pots couleur Franprix

Bref. Pour jouer dans leur cour, il me faut quelques basiques. D’abord, il va falloir choisir mon fil : poil de yack, de chameau, mérinos, alpaga, angora ? Quel dilemme. Pour débuter, l’angora est trop filandreux, rien ne vaut la simplicité du mérinos. J’ai même trouvé des fibres d’ortie à tricoter. Si, si ! Et même si elles sont issues d’une variété qui pousse au Népal, « la plante y est cultivée de manière équitable et dans le respect de l’environnement. Les fibres sont ensuite filées à la main par des femmes », assure le site Bellelaine, une référence en matière de tricot bio. Ce sont des fils irréguliers très solides, autrefois largement utilisés pour l’habillement et le cordage. Je vais me contenter d’une laine vierge bien épaisse pour démarrer, on a l’air moins neuneu avec les aiguilles. Aucun label de laine bio n’existe à ce jour, mais celle-ci est issue d’un troupeau élevé selon les principes de l’agriculture bio et garantie sans teinture chimique. Certaines marques, comme la danoise BC Garn, sont certifiées Gots (Global organic textile standards).

On peut aussi défilocher des pulls qui ne nous plaisent plus. Michelle, qui a tricoté en pro pour des boîtes comme Phildar, nous a même montré comment se constituer des pelotes avec des… sacs plastique découpés en lanières. Incroyable ! Avec, elle se crochète des cache-pots couleur Franprix ou Intermarché. Pour les aiguilles – dont l’épaisseur est toujours liée à celle de la laine –, j’ai découvert un truc dingue : les aiguilles en bambou, ultra-légères et peu onéreuses (de 4,5 à 7 euros). Décidément, cette foutue écologie s’infiltre partout ! En deux heures avec mes nouvelles copines, je me suis amusée à tricoter un échantillon qui cumule le point mousse – la base de la base –, le point de jersey, le point de côtes, le point de riz… et quelques trous. Disons qu’il fait la taille d’un téléphone portable, mais je suis déjà très fière.

Tonte, estive et agnelage

Ce test m’a permis de découvrir que la filière de la laine ne va pas fort en France. Il ne subsiste plus qu’une dizaine de filatures. Mais il existe toujours autant de vrais passionnés. D’ailleurs, je viens de marrainer un troupeau de brebis. C’est l’association creusoise Lainamac qui a mis ce système en place pour créer une filière courte de laine en France. Elle a importé 42 brebis mérinos noires du Portugal, berceau de la race, à la toison chocolat. Leur fil est joliment baptisé « fado ». Pour 50 euros par an, je vais recevoir de quoi me fabriquer une écharpe à Noël (trois pelotes) et je suis invitée à la tonte, à l’estive, à l’agnelage…

C’est pas mignon tout plein, ça, pour les vacances ? La laine est ensuite livrée à la filature Fonty qui s’engage à verser un supplément à l’éleveur lors de l’achat, afin de revaloriser cette matière première et récompenser le travail à son juste prix. Du commerce équitable, en France, sur une matière locale : 20 sur 20. « Pour l’instant, nous avons rassemblé plus de 200 parrains et ainsi pu importer 42 bêtes, mais il en faudrait 300 pour que l’éleveur puisse vivre correctement », explique Géraldine Cauchy qui anime l’association Lainamac. Allez, à vos cartes bleues ! —


Le stage que j’ai suivi était proposé par Michel Scrive, qui a créé les Ateliers pratiques de partage de savoir-faire écolos. Ils se déroulent dans le XVIIIe arrondissement de Paris à un rythme « irrégulomadaire ». En gros, plus ou moins une fois par mois. Michel cherche des personnes généreuses et compétentes qui ont des savoirs à partager : conception de sites Internet, cuisine, naturopathie, création de fours solaires, de nichoirs…

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Journaliste errant dans les sujets environnementaux depuis treize ans. A Libération, mais de plus en plus ailleurs, s’essayant à d’autres modes d’écriture (Arte, France Inter, Terra of course, ...). Il y a deux ans, elle a donné naissance (avec Eric Blanchet) à Bridget Kyoto, un double déjanté qui offre chaque semaine une Minute nécessaire sur Internet.

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